Grenoble : Schneider Electric vise le VRAI Bepos
Batirama
15/02/2016
Article mis à jour le 16/12/2020
Schneider Electric lance la construction de deux ensembles de bureaux + laboratoires à Grenoble. Ce seront des vitrines du savoir-faire du Groupe : GTB à tous les étages et BEPOS intégral. Publi-Information
Schneider Electric est implanté à Grenoble de longue date. Le groupe y emploie 5000 personnes dans les activités R&D et 1000 de plus dans ses deux usines. Pour l’instant, l’activité R&D est répartie en 13 sites différents.
Une situation qui ne correspond plus à la nécessité de « confrontation des idées et de collaboration approfondie entre les chercheurs dans une entreprise innovante », indique Luc Rémont, Président de Schneider Electric France. Le groupe a donc décidé de regrouper ces sites éparpillés en 5 implantations, dont deux nouveaux ensembles.
Deux implantations, 120 millions € d’investissement
La Technopole, près de la Gare de Grenoble, abritera les activités de l’entité énergie – en Schneider speak, ça se prononce “Business Unit Energy” - qui rassemble la distribution électrique moyenne tension. Le site de Technopole abrite déjà 21 000 m².
Quelque 17 000 m² de nouveaux bureaux et laboratoires sont en construction avec une livraison prévue au 1er trimestre 2017. Le second site se trouve sur la Presqu’île, le nouveau quartier de Grenoble consacré à la recherche et à l’enseignement supérieur. Il accueille déjà le CEA, des écoles d’ingénieur et des universités.
Schneider Electric va y construire un bâtiment de 26 000 m², accueillant 1500 personnes. Le chantier débute mi-2016 pour une livraison prévue en 2018. Les deux nouvelles implantations et le déménagement des équipes des sites actuels engagent un budget total de 120 millions d’Euros. La projet d’ensemble a reçu le curieux nom de GreenOValley.
- Le projet GreenOValley de Schneider Electric vise à rassembler ses chercheurs grenoblois sur 5 sites au lieu de 13. Dont sur le site de la « Presqu’île Scientifique » aménagé aux portes de Grenoble. Ce site rassemble des industriels, des instituts de recherches, des grandes écoles et des universités. Tout cela à forte teneur scientifique.
X-pôle - © Groupe-6
Certification LEED Platinum
Les deux nouveaux bâtiments seront certifiés Leed Platinum. La certification Leed (Leadership in Energy and Environmental Design) a été créée par le Green Building Council aux Etats-Unis. Le niveau Platinum est le plus élevé de la certification Leed.
Schneider Electric considère que cette certification est la plus exigeante parmi celles qui existent, dont Bream, HQE, DGNB (Allemagne), etc. Tous les tenants des autres certifications ne sont naturellement pas de cet avis. Ils ont plutôt tendance à considérer Leed comme le plus facile à atteindre.
Toutes ces certifications couvrent la conception, le chantier, le bâtiment fini et l’exploitation. Le choix de Leed correspond sans doute avant tout au tropisme international de Schneider Electric. Leed est mondialement connu et fournit ample matière à communication, HQE pas encore.
- Les bâtiments sont conçus pour favoriser les échanges entre les chercheurs. Mais le site de la Presqu’île est également conçu pour permettre de séparer ses 4 bâtiments en entités différentes dans le futur.
X-pôle - © Groupe-6
Energie finale
La certification Leed fonctionne selon un système de points. Le maximum possible est de 110 points. Le bâtiment de la Presqu’île atteindra 102 points ce qui fera de lui le premier bâtiment au monde à dépasser 90 points dans la dernière génération de la certification Leed.
Le bâtiment Technopole se contentera de 80 points. Technopole affichera une consommation, tous usages confondus, de 45 kWh/m².an, tandis que le bâtiment de la Presqu’île, qui n’a pas encore de nom, descendra à 37 kWh/m².an. Il s’agit d’énergie finale et non d’énergie primaire.
Comme ces bâtiments seront tout électriques, en énergie primaire, après multiplication par le coefficient de 2,58, leur objectif de consommation est donc de 116.10 kWhEP/m².an pour Technopole et de 83.55 kWhEP/m².an pour celui de la Presqu’île.
- Le bâtiment Presqu’ile sera en structure béton. Il offre une grande hauteur sous plafond au rez-de-chaussée et sera chauffé et refroidi par des pompes à chaleur eau/eau sur nappe phréatique, avec diffusion par des plafonds rayonnants. La dalle béton sera laissée brute, sans faux plafond pour profiter au maximum de l’inertie thermique du béton.
X-pôle - © Groupe-6
VRAI Bepos
Ce sont des valeurs très faibles. Il englobe en effet tous les usages énergétiques, ce qui dépasse largement le périmètre des 5 usages de la RT2012. A titre de comparaison, le label Passivhaus exige 120 kWhEP/m².an, tous usages compris.
Les valeurs cibles de Schneider Electric sont inférieures à celles du Label Passivhaus, l’étalon absolu de la profession jusqu’à présent. Schneider Electric comptera toute l’énergie consommée et la compensera intégralement par une production d’électricité sur site.
Le bâtiment de la Presqu’île portera 4000 m² de capteurs photovoltaïques en toiture. Ils devraient produire 970 MWh d’électricité par an, contre environ 960 MWh consommés. Le site Technopole portera à la fois des panneaux photovoltaïques en façade et 3 petites éoliennes.
- Le site Technopole est déjà occupé en partie. L’opération en cours a demandé la démolition de bâtiments existants et porte sur la construction de 17 000 m² de bureaux et de laboratoires. Ils seront eux-aussi chauffés et rafraîchis par des pompes à chaleur sur nappe phréatique, avec émission par ventilo-convecteurs.
Technopôle - © Arche 5
Les enseignements de HOMES
Pour concevoir les installations techniques de ses deux nouveaux bâtiments – Technopole est confié à l’agence Arche 5 Architectes Urbanistes, dirigée par Pierre-Louis Cochet, tandis que le bâtiment Presqu’île est conçu par l’agence Groupe-6 architectes, et Denis Bouvier, son directeur de projet – Schneider Electric s’est appuyé sur les enseignements du programme Homes.
Financé par l’Union Européenne, Homes a rassemblé 13 partenaires industriels et chercheurs de 2008 à 2013. Il portait sur l’efficacité énergétique des bâtiments et a débouché sur des recommandations de bon sens.
Au moment de la programmation, le Maître d’Ouvrage doit fournir des exigences précises et détaillées sur l’emploi des locaux. Ici, Schneider a précisé que « tout local peut, à tout instant, être mis en repos énergétique ». Ce qui n’a l’air de rien, mais oriente fondamentalement la conception technique et architecturale des bâtiments.
- Comme Technopole borde une voie ferrée, sa façade photovoltaïque assure trois fonctions à la fois : production d’énergie, pare-soleil et écran acoustique. Le bâtiment est construit par GA (http://www.ga.fr/fr/newsroom/le-groupe-ga-lance-le-technopole-les-futurs-bureaux-de-schneider-electric-grenoble) en tant que contractant général. Technopôle - © Arche 5
Simulation thermique dynamique
Le second principe veut que les concepteurs fassent appel à une ingénierie énergétique dès la phase d’APS (Avant-Projet Sommaire) et doivent soumettre les choix architecturaux à une simulation énergétique.
Schneider a exigé que cette simulation soit réalisée à l’aide du logiciel IDA ICE du suédois EQUA (http://www.equa.se/en/ida-ice), notant qu’il permet une très bonne prise en compte de tous les automates de GTB. Troisième principe, les réseaux doivent être conçus de manière homogène.
Ici, Schneider a défini un pas minimum des locaux, correspondant à deux trames de 1,35 m de large, soit 2,70 m. Tous les automatismes et réseaux gèrent ou alimentent ces trames indépendamment les unes des autres. Ce qui autorise toutes les reconfigurations.
- Technopole compte deux ensembles de bureaux et deux parcs de laboratoires. Il accueillera 950 personnes. GA, son constructeur, s’engage sur le résultat d’exploitation de la seconde année.
Technopôle - © Arche 5
Un lot Efficacité Energétique
Quatrièmement, Homes a montré qu’il fallait un responsable de l’efficacité énergétique des bâtiments. Schneider a exigé qu’un lot efficacité énergétique active – par opposition à l’efficacité énergétique passive provenant de l’enveloppe du bâtiment, de son orientation, etc. - apparaisse dans la consultation.
Il contient notamment le contrôle -commande, la régulation, la supervision, les outils de monitoring pour les différents exploitants et un an de suivi et d’aide à la prise en main du bâtiment. Cinquièmement, l’efficacité énergétique est jugée durant la vie en exploitation du bâtiment.
Pour qu’un bon niveau d’efficacité soit atteint et maintenu dans le temps, les utilisateurs du bâtiment doivent être étroitement impliqués. Traduit de manière technique, cela signifie que les outils de pilotage doivent renvoyer vers les utilisateurs, de manière simple, mais claire, le bilan énergétique, traduire les actions des utilisateurs en consommation énergétique, proposer des choix différents, etc., tout en conservant un haut niveau de confort.
- Selon Olivier Cotté, responsable de la conception de ces deux bâtiments pour Schneider Electric, la certification Leed est la seule qui fasse la promotion de la performance énergétique, dont les Smartgrids ». Dans un premier temps, ces bâtiments comporteront des sondes de CO2 pour la mesure de la qualité de l’air intérieur et la modulation de la ventilation. Ensuite Schneider Electric ajoutera des sondes de COV pour un pilotage plus fin.
Technopôle - © Arche 5
BIM et Revit
Schneider Electric a imposé l’emploi de Revit d’Autodesk comme outil de conception et de suivi de chantier. Schneider Electric et Autodesk ont en effet conclu un partenariat pour envisager l’emploi du BIM en facility management. Durant le chantier, la maquette numérique sous Revit est exportée en format .IFC vers IDA ICE pour la simulation thermique dynamique.
A la livraison, la maquette numérique sous Revit sert de base à l’outil de Facility Management utilisé par Schneider Electric. Plus précisément, la maquette numérique fait office de base de donnée graphique pour la géolocalisation de tous les équipements suivis par la maintenance.
Les détails sont encore flous. Un tel exercice n’a jamais été réalisé sur des chantiers de cette envergure. Schneider Electric compte bien les utiliser pour mettre au point les procédures permettant de passer du BIM-Conception au BIM-Exploitation. Plus de détail dans deux ans !
- Schneider Electric a profité de la pose de la première pierre du bâtiment Presqu’île pour dévoiler – un tout petit peu – l’un de ces nouveaux projets. Ce cube vert déplaçable est équipé d’une liaison LiFi, au moins en réception. Il fait office de centralisateur pour lancer diverses commandes dans une salle de réunion, dont des projections vidéo. Que fait-il en plus ? Il nous faudra attendre encore pour l’apprendre. Doc. PP
Photo d'ouverture : X-pôle - ©Groupe 6
Source : batirama.com / Pascal Poggi