L'association Sherpa avait déposé plainte à Nanterre il y a près d'un ans contre Vinci, notamment pour "travail forcé" et "réduction en servitude", dans le cadre des chantiers liés à l'organisation du Mondial 2022 de football.
Sa plainte a donné lieu à l'ouverture d'une enquête préliminaire afin de vérifier les allégations mettant en cause le géant du BTP. Vinci a d'abord poursuivi Sherpa pour atteinte à la présomption d'innocence, en référé (procédure d'urgence), mais le tribunal de grande instance (TGI) de Paris a estimé que cette procédure ne relevait pas du juge des référés.
Vinci avait donc engagé une procédure au fond, devant la 17e chambre civile du TGI de Paris. En cause, une interview parue le 23 avril sur le site internet de Libération. "Cataclysme", a plaidé pour Vinci Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, "ce sont des centaines de personnes qui sont accusées d'esclavagisme".
A travers cette procédure, dans laquelle il demande en outre copie de la plainte de Sherpa, "on ne veut pas bâillonner" l'ONG, "on essaie de se battre comme on peut". Du fait de la "lenteur judiciaire", "un an après, les principaux protagonistes" chez Vinci "n'ont toujours pas été interrogés" dans l'enquête préliminaire ouverte à Nanterre.
Pour la défense de Sherpa, Me Léa Forestier a quant à elle évoqué les "passeports confisqués" aux travailleurs migrants, leur "accès à la justice qui est nul" et dénoncé une "tentative d'intimidation" de la part de Vinci.
La plainte traduit "par essence un parti pris" a renchéri son confrère Vincent Brengarth, mais pas une atteinte à la présomption d'innocence. Le jugement sera rendu le 13 avril.
Vinci a par ailleurs engagé des poursuites en diffamation contre Sherpa devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procès est prévu fin juin.
A Nanterre, le groupe a également déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse, tandis que le directeur de la communication en a, quant à lui, déposé une autre, après avoir reçu plus de 3.300 mails lui demandant d'abandonner les poursuites contre l'ONG.