Comment rendre attractif le thème de la Prévention auprès des entreprises du BTP, dans une période conjoncturelle difficile, qui plus est, chahutée, avec l’enfantement douloureux du Compte pénibilité ?
C’est bien la question et la mission première de l’OPPBTP qui constate par la voix de son secrétaire général, Paul Duphil, que le BTP demeure le secteur le plus accidentogène en France. On a enregistré, en 2013, 100 000 accidents avec arrêts, soit un accident chaque minute.
« L’équation risque-prévention est la plus difficile à résoudre en raison de la forte exposition aux risques dans le BTP et du nombre important de petites entreprises dans le secteur » résume le responsable.
Mais si tout n’est pas rose, l’organisme indique enregistrer des résultats satisfaisants en termes de prévention. Ainsi, il observe une baisse continue des indices de fréquences des accidents de travail (15 % en 5 ans et 28 % en 10 ans).
« Malheureusement, en ce qui concerne les décès, on observe une sorte de plateau que l’on n’arrive pas à briser » regrette Paul Duphil. La profession enregistre en effet 150 à 200 décès par an, ce qui explique que ce sujet sera donc l’un des 3 enjeux du nouveau plan quinquennal.
Après les retours d’expérience du plan Horizon 2015, la mise au point du plan Horizon 2020 marque la volonté des partenaires de la branche d’affiner davantage la politique de prévention de l’OPPBTP… et de la mesurer avec des outils d’évaluation.
Le premier enjeu consiste donc à poursuivre la mobilisation des entreprises du BTP au nombre de 228 000 comptant au moins un salarié (50 % des salariés sont employés dans des entreprises de moins de 20 salariés).
« Il faut franchir une étape en termes de mobilisation des entreprises dans la branche car nous enregistrons un déficit d’actions après de 100 000 entreprises, qui n’ont pas établi de Document unique d’évaluation des risques (DUER) ni de plan d’action » insiste Paul Duphil.
Le second enjeu concerne les accidents mortels en nombre toujours important. L’organisme de prévention estime là encore qu’il y a des causes connues et répétitives, notamment en ce qui concerne les chutes de hauteur sur les toitures fragiles (25 décès par an). Idem pour les enfouissements en tranchées qui causent la mort de 5 à 6 personnes par an alors que les moyens techniques d’intervention existent…
Le 3e enjeu porte sur les conditions de travail sur les chantiers. « Il faut continuer à développer la prise de conscience des intervenants sur ce thème afin d’améliorer les conditions de travail » insiste Paul Duphil.
Ces enjeux sont donc traduits via 5 programmes prioritaires dont deux programmes concernant les moyens à mettre en œuvre (incluant la stratégie digitale et les outils à apporter en soutien aux fabricants de matériaux et de matériels qui ont déjà développé des applications pour smartphones).
Les 3 autres programmes prioritaires sont liés aux trois enjeux cités ci-dessus. « Pour mobiliser les entreprises, il faut développer une culture préventive avec un message positif et amener les solutions les plus faciles à mettre en œuvre pour les TPE » explique Paul Duphil. En clair, insister sur l’éthique et les besoins de performances de l’entreprise plutôt que sur l’obligation à sa charge.
« Notre objectif est de toucher 100 % des entreprises du BTP, poursuit Paul Duphil. En clair, parvenir à ce que 100 % des entreprises remplissent leur Document unique. « Mais on ne touchera pas les 100 % » reprend tout de suite le responsable dont la cible prioritaire demeure les entreprises artisanales et celles qui accueillent des apprentis « car les grosses entreprises ont davantage de moyens ».
Pour y parvenir, l’OPPBTP a l’intention de s’appuyer sur tout son réseau de partenaires dont l'OPPBTP et le CCCA-BTP. Ce réseau inclut également le ministère du Travail avec les services de santé au travail (SSTI), les grands acteurs institutionnels de la prévention (CNAMTS, l’INRS…) mais aussi les organisations professionnelles et syndicales du BTP.
Enfin, l’organisme de prévention associe dans sa démarche de nouveaux venus tels que le Négoce, les loueurs mais aussi les experts comptables ou le RSI, en contact quasi quotidien avec les entreprises artisanales. Une étude DU concernant un échantillon représentatif de 1200 petites entreprises permettra d’identifier les TPE prioritaires à accompagner…
Le second programme consiste à réduire le nombre d’accidents graves et mortels dans le BTP. Un certain nombre d’actions seront entreprises telles qu’une assistance aux entreprises confrontées à un accident ou un arrêt de chantier. La campagne nationale sur les travaux en hauteur sera poursuivie et relayée grâce à des actions locales du RSI, du RSA et de la CNAMTS.
Enfin, le troisième programme prioritaire concerne l’amélioration des conditions de travail sur les chantiers. L’enjeu consistera à développer des solutions innovantes avec des retours d’expériences à partir d’études de terrain.
« Il s’agit d’accompagner la mise en œuvre du compte pénibilité, dans l’optique de dynamiser la prévention … qui n’est pas seulement un enjeu comptable » conclut Paul Duphil.
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La pénibilité est fort importante pour les ouvriers. MAIS la PENIBILITE des ARTISANS, leurs dépressions, suicides et ruines font elles partie de vos études ? Nous ne voyons jamais de commentaires et d'études sur ces problèmes. Moins d'artisans donc moins d'employeurs. Vive les multinationales.