Le bâtiment est en France le plus gros consommateur d’énergie, à l’origine de 43% des consommations énergétiques et de 25% des émissions de CO2 du pays. Il n’est donc pas étonnant qu’à l'issue de la 4e conférence environnementale qui s’est achevée le 26 avril dernier, Ségolène Royal ait annoncé la publication de douze décrets pour la transition énergétique dans ce secteur (voir ci-dessous).
L’un de ces décrets, dont la date de publication reste encore incertaine (initialement prévu au plus tard pour la mi-mai, il voit aujourd’hui son échéance dépassée), introduit l’obligation d’embarquer l’isolation dans les travaux d’entretien courants, tels que ravalement, étanchéité ou réfection de la toiture, etc.
Expert en Efficience énergétique et Bâtiment durable chez Rockwool, Stefano Millefiorini nous apporte son éclairage sur les conséquences qui pourraient résulter de ce décret, manifestant à la fois son adhésion au projet et son inquiétude quant à ses conséquences.
Ces travaux d’isolation se feraient par l’extérieur en cas de ravalement, au niveau de la toiture en cas d’étanchéité d’une toiture-terrasse, et en isolation sous toiture en cas d’aménagement de combles, etc..
Il s’agit d’un texte très positif pour nous, professionnels de l’isolation, mais aussi pour la politique énergétique de la France qui doit tenir ses promesses d’efficacité énergétique. D’autant que ce décret, à priori, ne remet pas en cause les aides financières de l’Etat en matière d’efficacité énergétique.
Ainsi, le texte indique que l’on ne peut pas effectuer de travaux s’ils entrainent une forme de pathologie ou s’il y a risque au niveau architectural (pas d’ITE possible sur un immeuble haussmannien, par exemple). Ndlr : pas d’ITE non plus sur une maison à colombage par déduction.
Les exceptions citées peuvent également donner lieu à des dérives, notamment dans le cas d’un architecte qui ne veut pas que l’on «dénature» son bâtiment ou encore d'un risque de devis défavorables (gonflés au niveau de l’ITE et réduits au niveau du ravalement).
A cela s’ajoute la question de la rentabilité économique de l’opération : ces travaux ne deviennent plus obligatoires si un homme de l’art prouve que le retour sur investissement est supérieur à 10 ans. Or, avec l’ITE, il est difficile de se trouver sous ce seuil de 10 ans. Ainsi, ces exceptions ne vont-elles pas apporter moins de travaux qu’espérés ?
Or, Ségolène Royal et le ministère de l’Ecologie » ont lancé une expérimentation avec Engie, mais dont l’issue est incertaine dans la pratique car il apparaît qu’il s’agit surtout de permettre au fournisseur d’énergie de récupérer des certificats d’économies d’énergie.
Résultat : la DHUP considère aujourd’hui qu’il n’existe aucun lien et que le passeport Rénovation et le décret prévu sont deux éléments totalement indépendants. Il semble ainsi que ce décret vivra tout seul, bien loin de ce que l’on avait espéré !
Les douze décrets en voie de publication, devraient tous être officialisés d’ici fin juin. En voici la liste :
A cela s’ajoute le lancement de la révision des performances énergétiques pour les bâtiments existants. L’arrêté qui fixe la performance énergétique des bâtiments existants date de 2007. La refonte de cet arrêté est engagée et vise à reprendre les dispositions les plus exigeantes au niveau européen. Ce nouvel arrêté devrait être publié avant la fin de l’année.