Dans un marché en crise dominé par les géants français du béton, les professionnels de la construction métallique reprennent espoir. C'est le message qu'a tenu à faire passer à la presse le SCMF (Syndicat de la Construction Métallique Française) à la veille de leur congrès qui s'est tenu les 23 et 24 juin derniers.
Créé en 1996, le Syndicat revendique une centaine d'entreprises adhérentes dans un secteur qui compte environ 600 entreprises et plus de 15 000 employés. « Le marché global annuel de la construction métallique en France représente un CA de 3,5 milliards d'euros avec plus de 10% à l'export.
Le secteur est constitué de nombreuses PME installées en province, qui innovent en investissant en moyenne 5% de leur CA », assure Roger Briand, président du SCMF.
Le syndicat qui mesure le pouls de la profession, se félicite qu'après la crise le marché se soit stabilisé et même s'améliore depuis six mois. Les chiffres 2015 sont encourageants. Ainsi après trois années de baisse, en 2015 le nombre de tonnes usinés a progressé de 1,5% à 650 000 tonnes.
De même, le taux d'occupation des usines a gagné 1,2% en 2015 par rapport à 2014 pour atteindre 77,2%, sachant qu'il serait plus confortable de repasser au dessus de 80%. Autre chiffre encourageant pour l'avenir, celui des carnets de commande en hausse de 12,88% en 2015 par rapport à 2014.
La crise a écrêté les très gros fabricants à plus de 15 000 tonnes usinés par an du fait d'une baisse de leur production. Globalement les TPI (avec moins de 2000 t/an usinés) ont augmenté en nombre et assurent dorénavant 55% de la production.
Certes la reprise peut être fragilisée par la spéculation – la matière première acier vient de prendre 15% en trois mois – mais les industriels ont démontré leur capacité d'adaptation.
L'évolution du marché par typologie de bâtiments est instructif. Le tonnage acier usiné pour les bâtiments industriels a certes baissé de 4,8% en 2015 mais les parts de marché augmentent au sein d'un marché global en baisse de 15%.
Sur les autres bâtiments (agricoles, logistiques, stades, etc) ainsi que pour les divers (viaducs, ponts, ombrières...), le marché est respectivement en hausse de 14% et 12,6% en 2015 par rapport à 2014. Globalement les effectifs demeurent stables.
« La profession gagne des parts de marché en collectif, en réhabilitation, pour les bâtiments de grande hauteur, les entrepôts avec de grandes portées… avec de nouveaux marchés comme les parkings aériens ou les ombrières », renchérit Roger Briand.
La publication d'un nouveau DTU 32.3 « Construction d'ossatures en acier pour maisons et bâtiments résidentiels » va aider à mieux faire connaître les atouts de l'acier en résidentiel. « Un de nos atouts est la capacité d'innovation avec un matériau isotrope et léger, qui permet de grandes portées et qui est moins coûteux que le bois », ajoute Roger Briand.
Pour innover, la profession, qui compte beaucoup de PME, peut s'appuyer sur le centre de recherche le CTICM (Centre Technique Industriel de la Construction Métallique) créé en 1962. Un contrat de performance est signé tous les quatre ans entre le CTICM avec l'Etat. Il vient d'être renouvelé le 21 juin pour la période 2016-2019.
« Nous sommes actifs sur de nombreux axes, la thermique et l'énergétique, l'éco-conception, aussi en ingénierie incendie qui est très important pour la construction métallique, avec des essais et des codifications de méthodes. Nous aidons à préparer la transition énergétique en développant des objets BIM spécifiques à la construction métallique. », affirme Jean-Pierre Tahay, président du CTICM.
Ainsi les fabricants français peuvent se différencier de leurs concurrents étrangers low cost par leurs BE internes et leur capacité d'innovations. « Pour continuer à renforcer la profession, nous avons mis en place une troïka avec le SCMF qui définit les objectifs, le CTICM qui fournit la recherche technique et scientifique et l'association Construiracier qui assure la communication et la diffusion », résume Roger Briand.