Depuis la fin juin, le prix du pétrole a perdu 20%. Monté à 52 $/baril le 29 juin, il ne valait plus que 42 $/baril le 27 juillet. La raison principale, semble-t-il, est le rapport hebdomadaire de l’EIA (US Energy Information Administration http://ir.eia.gov/wpsr/wpsrsummary.pdf) qui, semaine après semaine, donne un compte-rendu du marché américain du pétrole.
Publiée le mercredi 27 juillet, sa dernière livraison, qui porte sur la semaine se terminant le 22 juillet, montrait des stocks de pétrole et d’essence en forte en hausse aux Etats-Unis. Avec 521,1 millions, les stocks de pétrole américain, compte non-tenu de la réserve stratégique du gouvernement, atteint un sommet historique.
Le marché a immédiatement traduit ces données dans son langage : la production a repris, l’offre augmente, mais la demande stage. Résultat, une immédiate chute des prix.
Du coup, de nombreux analystes prévoient un retour du baril à 40 $. Ce que l’on n’avait plus vu depuis Avril cette année. La banque Goldman Sachs, pour sa part, prévoit un prix du baril fluctuant entre 45 et 50 $ jusqu’à mi-2017.
Bien sûr, il ne faut pas prendre ces chiffres pour argent comptant. La prévision des prix du pétrole est un exercice notoirement difficile. A quelques dollars près cependant, les avis convergent vers l’idée d’un pétrole encore très bon marché jusqu’à la moitié de l’année prochaine.
Ce n’est pas sans conséquences, à la fois bénéfiques et dommageables. Premièrement, un prix bas du pétrole modère la facture de chauffage pour les 10 millions de français environ qui se chauffent au fioul.
En France, derrière le gaz et l’électricité, le fioul est la troisième énergie de chauffage, équipant – selon la Fédération Française des Combustibles, Carburants & Chauffage (FF3C) - 21% de l’habitat individuel, soit 3,324 millions de maisons individuelles et 4,6% du collectif, soit 558 000 logements. En 2015, les distributeurs de fioul ont livré 7,8 millions de m3 de fioul sur le marché français.
Deuxièmement, un prix du fioul abordable depuis le début de l’année 2014 agit comme un soutien du marché français des chaudières fioul. Selon Uniclima, le marché des chaudières fioul domestiques (<70 kW) à condensation a augmenté de 4,7% en 2015.
Les premiers résultats pour 2016 montrent une poursuite de cette tendance. Les clients optent pour de nouvelles chaudières fioul à condensation, plutôt que pour la rénovation des chaudières fioul existantes : les ventes de brûleurs fioul continuent de baisser.
Tous les fabricants de chaudières ont sorti l’an dernier de nouveaux modèles de chaudières fioul à condensation murales ou au sol : Modulens O (18 à 30 kW) et Neovo COndens (19 à 32 kW) chez De Dietrich, Olio Condens 1500, 2000, 4000 et 5000 chez Bosch Thermotechnologie, etc.
Viessmann commercialise en France des chaudières à condensation particulièrement efficaces, les Vitoladens 300-W et 333-F car elles utilisent du fioul TBTS (Très Basse Teneur en Soufre), plus rare et plus cher. Ce qui montre à quel point Viessmann a confiance dans le dynamisme du marché du fioul en France.
Troisièmement, un prix du fioul bas pèse très fortement sur les énergies renouvelables : le solaire thermique s’effondre, tout comme le chauffage au bois. En 2015, les ventes d’appareils de chauffage au bois en France ont baissé de 12,4% au total.
Dans cette débâcle, le segment des chaudières bois chute encore plus vite : -19,7% en 2015, soit seulement 11 380 chaudières (>70 kW) vendues. Traditionnellement, la chaudière bois offrait une alternative au temps du fioul cher, lorsqu’il fallait remplacer une chaudière fioul en fin de vie.
Avec un fioul domestique abordable, le remplacement s’effectue plutôt avec une chaudière fioul à condensation, plus simple (pas besoin de vérifier le chargement et d’évacuer les cendres) et finalement moins coûteuse qu’une chaudière à granulés.
Quant au solaire thermique, il a pratiquement disparu dans la construction neuve et de la rénovation. Pour 2015, Uniclima indiquait une baisse de 35% des surfaces de capteurs thermiques installés (97 800 m² contre 150 500 m² en 2014), une baisse de 34% des CESI (chauffe-eau solaires individuels : 12 300 unités contre 18 600 en 2014), etc.
Les raisons sont multiples naturellement, mais les trois principales sont, en ordre décroissant, l’absence d’incitation réglementaire au déploiement du solaire thermique en construction neuve, le prix du fioul et la facilité d’installation des chauffe-eau thermodynamiques qui font une concurrence efficace aux CESI.