Le marché des équipements électriques retrouve des couleurs, après avoir été pénalisé par la dégradation de l’activité dans le bâtiment et l’industrie entre 2012 et 2014. Estimé à plus de 6 milliards d’euros en 2016, il progressera de 3% en 2017 et de 3,5% en 2018 pour dépasser 6,4 milliards d’euros, d’après les prévisions des experts de Xerfi.
Les professionnels profiteront notamment de l’amélioration de la conjoncture dans la construction neuve, qui soutiendra la demande de matériels basse tension. Les ventes seront également bien orientées du côté des équipements moyenne et haute tension.
La multiplication d’unités de production d’électricité décentralisées, issues des énergies renouvelables, et les besoins de raccordement aux nouveaux sites de consommation (logements, usines, etc.) imposeront en effet à RTE (Réseau de transport d’électricité) et Enedis (ex ERDF) de maintenir à haut niveau leurs dépenses d’investissement.
L’activité des professionnels des équipements électriques sera également soutenue par des facteurs structurels, à commencer par l’action des pouvoirs publics. La loi sur la transition énergétique de 2015 prévoit ainsi le renouvellement d’une grande partie des équipements électriques et l’intégration de matériels complémentaires (appareils de mesure, système de contrôle de la consommation).
Les entreprises et les ménages sont eux aussi incités à réduire leur consommation d’énergie. Ce qui s’explique par une prise de conscience progressive des enjeux environnementaux, mais aussi par la volonté de maîtriser leurs factures d’électricité, dont la hausse se poursuivra à court terme.
Et les équipementiers s’en frottent les mains. Du côté des appareils de mesure, le déploiement de 35 millions de compteurs intelligents Linky, qui a débuté fin 2015, devrait prendre fin en 2021. De quoi stimuler l’activité des fabricants et des installateurs.
Les nouveaux segments de marché donnent un second souffle à l’activité des professionnels. Ainsi, le parc de data centers ne cesse de s’étendre pour suivre la cadence imposée par la multiplication des données. Un dynamisme qui soutient les ventes de matériels électriques ad hoc.
Les acteurs de la filière pourront également se réjouir de l’augmentation annoncée du nombre de bornes de recharge pour véhicules électriques. Certes, les nouvelles immatriculations sur ce segment n’ont représenté que 1% des ventes mondiales d’automobiles en 2016.
Mais l’élargissement de l’offre des constructeurs - tout comme l’amélioration des performances et la baisse des prix des véhicules - porteront les ventes, qui devraient bondir de 50% en moyenne par an d’ici 2020 selon Xerfi.
L’éclairage public regorge également d’opportunités. Surtout que l’essor des LED accélère le remplacement des équipements par des solutions connectées (modulation, allumage automatique, gestion à distance, etc.), ce qui dope la demande des collectivités.
Enfin, le marché des équipements dédiés au stockage de l’énergie devrait lui aussi être bien orienté. En 2016, les capacités totales de stockage par batterie ont ainsi atteint 1,85 GW dans le monde, soit une hausse de 50% sur un an.
Les industriels français positionnés sur ce segment, à l’image de Schneider, Socomec ou Levisys, bénéficieront de cette dynamique qui leur ouvre de solides perspectives à l’export.
Mais tout n’est pas rose pour la filière française. Celle-ci devra en particulier composer avec la concurrence croissante des produits importés. En quête de différenciation face à des fabricants asiatiques qui poursuivent leur montée en gamme, les équipementiers tricolores misent sur l’innovation pour rester dans la course.
Pour acquérir un savoir-faire sur les segments porteurs (smart grids, stockage etc.), les acteurs traditionnels feront bien de s’allier avec de jeunes pousses innovantes, de l’avis des experts de Xerfi. Une stratégie illustrée par le rapprochement entre Nexans (géant de l’industrie des câbles électriques) et de G2Mobility (bornes de recharge pour voitures électriques).
Parallèlement, les industriels élargissent leur offre de services. En participant au pilotage des équipements, les opérateurs sont en quête de marges supérieures et d’un levier de différenciation efficace.
Pour intégrer ces compétences, les professionnels peuvent faire le choix de la croissance externe. Ainsi, le savoir-faire de Schneider Electric dans le software s’est fortement accru au fil des acquisitions. Si bien que le géant français réalise désormais 15% de son chiffre d’affaires dans les services.
Les modèles traditionnels ne sortent définitivement pas indemnes des mutations technologiques et de l’essor du marché des services énergétiques. Le métier d’installateur est lui aussi appelé à évoluer. En s’élargissant, les compétences font en effet basculer la profession de technicien vers celle de prestataire de services.
Les opérateurs sont ainsi poussés à réinventer leur coeur de métier. En intégrant l’aval de la filière, ils souhaitent s’imposer comme interlocuteurs de référence dès les phases de diagnostic/audit des installations.
Enfin, les professionnels ne pourront pas faire l’impasse sur les maquettes numériques. Pour le moment, celles-ci ne sont à la portée que d’une poignée de grands opérateurs, en attendant leur généralisation à moyen terme.
Vinci s’appuie déjà sur cette technologie pour faciliter l’exploitation des sites en permettant aux techniciens d’accéder directement aux informations sur le cycle de vie des installations et d’accroître leur productivité.
Pour renforcer leurs compétences dans le digital, les leaders s’appuieront, là encore, sur les partenariats stratégiques. Vinci, à travers sa marque Actemium (maintenance pour l’industrie), s’est par exemple associé à l’éditeur autrichien de logiciels Augmensys autour de la réalité augmentée.