Le tribunal administratif de Marseille a annulé l'autorisation d'exploitation délivrée en 2012 pour ce site calibré pour brûler 850.000 tonnes de bois par an, estimant que son impact majeur sur les forêts du Sud-Est aurait été sous-évalué.
Les juges reprochent au groupe de n'avoir étudié l'impact du projet que dans un périmètre de trois kilomètres, alors que la centrale prévoit de brûler du bois coupé dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Ils jugent également que les dégâts sur l'environnement des camions qui alimenteront la centrale en bois et la pollution atmosphérique (particules fines, dioxines, CO2) n'ont pas été correctement pris en compte.
"Nous rappelons que nous avons répondu à un appel d'offres lancé en 2010 par l'État qui a validé notre plan d'approvisionnement", a réagi Luc Poyer, président d'Uniper France. "S'agissant de l'étude d'impact, celle-ci a été réalisée conformément aux textes applicables et comporte bien une analyse de l'état initial et des effets indirects du projet sur le site et de son environnement", ajoute-t-il.
"Dans ce contexte, l'entreprise exprime sa surprise devant cette décision très pénalisante pour elle, ses salariés et plus généralement pour l'économie locale et ses emplois", conclut M. Poyer, dénonçant un "coup dur pour les énergies vertes" en France.
Au lendemain de la décision du tribunal administratif de Marseille, le préfet des Bouches-du-Rhône a donné dans un arrêté un mois à l'industriel pour dire s'il veut continuer d'exploiter le site ou cesser son activité. Uniper se voit offrir, au total, un délai de neuf mois pour constituer une nouvelle demande d'autorisation. En attendant, l'exploitation de la centrale peut se poursuivre, précise le décret.
Cette centrale présentée comme écologique, la plus importante de son genre de France, est un projet qui a été soutenu par l'État dans le cadre du Grenelle de l'environnement : l'énergie produite, renouvelable, devait à terme représenter 6% de la production d'électricité de la région Paca.
Mais le gigantisme de la centrale est dénoncé par ses détracteurs : pour l'alimenter, il faudrait prélever 35% du gisement forestier disponible dans un rayon de 250 kilomètres, selon des estimations citées par le tribunal administratif de Marseille, des chiffres contestés par Uniper. La CGT avait réclamé la poursuite de l'activité, s'inquiétant pour les 180 emplois du site.