« Mieux vaut prendre le changement par la main, plutôt qu’il ne nous prenne à la gorge ». Cette phrase due à Winston Churchill résume bien l’esprit de ce nouveau rendez-vous de l’Agence Qualité Construction (AQC).
Elle a été citée par le grand témoin de la manifestation, Nadia Bouyer, membre du Conseil Supérieur de la Construction et de l’efficacité énergétique. Celle-ci a par ailleurs fait le compte des grands défis à relever par tous les professionnels de la construction.,« Un nouveau monde nous attend, a-t-elle précisé, et le bâtiment est en première ligne. » Nadia Bouyer a ainsi listé les attentes de la société aujourd’hui.
Il s’agit tout d’abord de construire et rénover moins cher afin de faire face à la dette de la France qui réduit les marges de manœuvre, au vieillissement de la population qui pèse sur la productivité avec moins d’actifs et à l’inégalité des revenus.
Autre attente, mettre un logement à la disposition de chacun tout en livrant de la qualité en respectant l’environnement afin de ne pas menacer les enjeux sur le long terme.
« Nous sommes également confrontés à plusieurs révolutions », a poursuivi Nadia Bouyer. Et de citer la garantie de performance, avec un engagement des entreprises et des relations contractuelles.
S’y ajoutent le numérique, avec, bien sûr le BIM, qui suppose de repenser les modes de travail permettant une traçabilité et une identification des responsabilités. Et enfin, n’oublions pas l’« ubérisation » du Bâtiment avec le développement des plateformes d’intermédiation.
Autre thème abordé par différents intervenants : les interfaces sur le chantier. Il s’agit là des premières sources de pathologie dans la construction, dérivant de l’absence de dialogue entre, par exemple, un plaquiste et un charpentier ou un électricien, ou encore entre un menuisier et un maçon.
Il est clair que la performance énergétique bouleverse les pratiques et que les interfaces deviennent des éléments clés. Martin Guer, chef de projet à l’AQC, a ainsi donné l’exemple du retour d’expérience d’un chantier de rénovation qui n’a pas été correctement traité au niveau de l’étanchéité de l’air.
Les raisons proviennent toutes d’un problème d’interface : entre parois verticales et parois horizontales, sur une cloison qui a été montée trop tôt, coupant l’étanchéité à l’air, au niveau des planchers intermédiaires qui sectionnent l’enveloppe et créent des fuites d’air, ou encore des gaines électriques qui percent les planchers et d’autres qui circulent dans l’isolation.
« Autant de contre-performances qui sont dues à la réalisation, mais aussi à la conception qui aurait dû éviter les percements, a précisé Martin Guer. Il existe pourtant de nombreuses possibilités de bonnes pratiques en utilisant, par exemple, des manchons et des manchettes pour passer les réseaux, des coquilles pour les tubes d’évacuation des produits de combustion, etc…sans oublier la chasse aux ponts thermiques ».
« Nous devons faciliter le dialogue entre les corps d’état, devait observer de son côté Julien Beideler, de l’UMGO-FFB. Les interfaces sont mal connues et il n’y a pas de vraie connaissance des « parties 2 » des NF DTU « Cahier des clauses administratives spéciales ». D’ailleurs, dans les pièces de marché, le traitement des interfaces est parfois oublié.
Un état des faits relayé par Dominique Métayer, de la Capeb : « en juin 2015, la Capeb et la FFB ont décidé de travailler ensemble sur ce problème des interfaces afin d’aller vers une norme expérimentale destinée à améliorer la qualité et la performance du bâti.
Le 15 mars 2017 le groupe d’experts OCIL (ouvrages complémentaires d’interface localisés) a reçu sur ce point le feu vert du GC Norbat (Groupe de Coordination des Normes du Bâtiment). Cette norme doit s’appeler XP 18 202.
Directeur général de l’AQC, Philippe Estingoy a rappelé les quatre dispositifs d’observation des pathologies mis à la disposition des professionnels par l’AQC :
Philippe Estingoy a également signalé d’autres outils mis en place par l’AQC, décidément très active pour accompagner les professionnels du bâtiment :