« Les étancheurs ne jurent que par les systèmes bitumineux » ! Une affirmation de moins en moins vraie car les procédés d’étanchéité, telles que les membranes synthétiques, les résines d’étanchéité liquide et l’asphalte, gagnent de plus en plus de terrain.
Dans cet ensemble, les membranes synthétiques sortent du lot puisque ces dernières représentent aujourd’hui 20% du marché, contre 7% pour l’asphalte et 3% pour les systèmes d’étanchéité liquide (SEL).
Les membranes PVC (polychlorure de vinyle) sont de loin les leaders parmi les produits synthétiques, avec 75 % de parts de marché. Reste tout de même 70% du marché pour les procédés bitumineux.
Plusieurs raisons expliquent cet intérêt pour les membranes synthétiques. La première d’entre elles concerne l’ensemble du marché, avec une augmentation de la demande d’étanchéité de toiture-terrasse tout simplement.
L’attrait des concepteurs pour le toit plat, tous secteurs confondus, y compris la maison individuelle, ne se dément pas. Du coup mécaniquement, la demande en produits d’étanchéité augmente (environ 22 million de m2/an).
L’autre explication provient des qualités intrinsèques de ces produits et systèmes, qui ont pour avantage principal de permettre de s’affranchir du chalumeau et de la flamme lors de la mise en œuvre.
Ces procédés sont, en effet, mis en œuvre soit par soudure à air chaud, soit par collage à froid, soit mécaniquement et généralement en monocouche. Ce qui les rend très intéressants pour le marché de la rénovation où, dans nombre de cas, il n’est pas possible de recourir à la flamme pour des raisons de sécurité incendie.
Autre intérêt en rénovation, la légèreté des systèmes. Car aujourd’hui, qui dit rénovation dit augmentation de l’épaisseur des isolants, donc prise de poids. Le fait que ces membranes soient légères est un atout, si l’on considère le poids total du complexe isolation et d’étanchéité.
Autre marché porteur pour ces produits : les surfaces commerciales, les locaux industriels et autres bases logistiques… Ces grandes toitures, le plus souvent en acier, représentent l’un des marchés de prédilection des membranes synthétiques, notamment grâce à leur légèreté et à la rapidité de leur mise en œuvre.
Un bémol quant au coût. Il est généralement plus élevé que celui des membranes bitumineuses. Pour en réduire le prix, on en réduit parfois l'épaisseur, avec le risque de les fragiliser. Il convient de rappeler qu’elles doivent être suffisamment épaisses pour garantir des propriétés mécaniques attendues. Attention donc à la prescription.
Les dispositions de mise en œuvre des complexes d’étanchéité et d’isolation sur élément porteur en maçonnerie sont décrites dans la norme NF P 84-204-1-1 DTU 43.1 « Étanchéité des toitures-terrasses et toitures inclinées avec éléments porteurs en maçonnerie en climat de plaine » de novembre 2004 et la NF DTU 43.11 Etanchéité des toitures-terrasses et toitures inclinées avec éléments porteurs en maçonnerie en climat de montagne » applicable depuis 2014.
De nombreuses informations techniques et relatives à la mise en œuvre sont également disponibles dans les Avis techniques et DTA particuliers aux procédés d’étanchéité et d’isolation examinés par le Groupe spécialisé n°5 du CSTB.
Recommandations professionnelles
En outre, la CSFE a également produit un document dédié aux professionnels de l’étanchéité : « Recommandations professionnelles pour la conception de l'isolation thermique des toitures-terrasses et toitures inclinées avec étanchéité ».
En plus de ce document publié en 2012, la CFSE a rédigé un nouveau texte, à savoir les « Recommandations professionnelles toitures-terrasses avec étanchéité : jonctions avec parois verticales enterrées ». Egalement disponible, un guide pour l’Outre-mer : « Recommandations professionnelles de mise en œuvre des systèmes d'étanchéité liquide en France d'outre-mer ».
Aptitude à l’emploi des revêtements d’étanchéité
Le classement FIT d'aptitude à l'emploi, créé par le CSTB et la Chambre syndicale nationale de l'étanchéité, catégorise les revêtements d'étanchéité sous Avis technique, selon 3 critères :
Le classement le plus performant est le F5 I5 T4.
« Le problème, c’est la tension sur les prix et la pénurie de panneaux de mousse polyuréthanne »
Bâtirama : Comment évolue le marché de la toiture-terrasse ?
Philippe Driat : « Il suit la tendance générale du secteur du bâtiment et de la construction. La rénovation représente 45 % du marché, le neuf 55 % et, de ce côté, nous commençons à ressentir les effets positifs de la reprise. Concernant les tendances, l’une d’entre elles consiste à utiliser la toiture-terrasse pour la rendre accessible aux piétons, y installer des panneaux photovoltaïques et/ou une végétalisation.
Ce marché, en berne ces dernières années, concerne principalement le neuf et est, lui aussi, en train de reprendre de belles couleurs. Pour la maison individuelle, secteur qui concerne d’avantage les couvreurs et les charpentiers, la tendance est également à la hausse ».
Du côté des produits et systèmes, que constatez-vous ?
« Je pense qu’il y a une stabilisation entre membrane synthétique et bitumeuse, mais c’est difficile d’obtenir des chiffres. Si on prend l’exemple des couvertures sur bac acier, on assiste davantage à une compétition financière entre bitume et membrane synthétique qu’à une compétition sur les qualités propres à chaque procédé.
En fonction des prix, les maîtres d’ouvrage basculeront vers l’une ou l’autre des solutions. Le vrai problème, c’est la tension sur les prix et la pénurie de panneaux de mousse polyuréthanne. Ils sont très utilisés sur les structures béton (80 % du marché) et il est très difficile de s’en passer lorsque l’étude a été faite. Parfois, ce n’est pas possible techniquement de remplacer par un autre isolant qui, à propriétés égales, aura une épaisseur plus importante. »
Que conseillez-vous aux entreprises pour ne pas souffrir de cette crise ?
« Tout dépend de la phase d’avancement du projet, sachant que la situation devrait redevenir normale à la fin de l’année. Pour les chantiers d’été et d’automne, le mieux est de trouver d’autres solutions techniques, d’autres isolants. Pour la rénovation, s’il n’y a pas d’urgence, pourquoi ne pas décaler les chantiers ? Enfin, pour les chiffrages, je conseille de les réalisés avec les prix actuels des panneaux de mousse polyuréthane. »
PRODUITS
© Firestone | RubberGard par Firestone Ce système, constitué d’une membrane durable en caoutchouc EPDM et disponible en grandes nappes sans joints (jusqu’à L 61 m x l 15 m), bénéficie d’une élasticité supérieure à 300 %. Dédié à l’installation des toitures plates ou légèrement inclinées des bâtiments commerciaux, industriels et résidentiels, il est particulièrement compatible avec les systèmes de toiture verte extensive ou les installations photovoltaïques. Existe également en version pour maison individuelle. |
© Siplast | Tectofin de Siplast Élaborée à partir d’une formule brevetée (PVC plastifié par un polymère caoutchouc synthétique), la membrane peut se mettre en oeuvre sur élément porteur – maçonnerie, bois, isolant thermique et ancienne étanchéité bitume.Quels que soient l’élément porteur, le support ou la destination, elle est adaptée à tout type de toitures-terrasses. La mise en œuvre est réalisée par soudure à l’air chaud, un type de pose aisé et rassurant grâce à l’absence de flamme. |
© Kemper | Kemperol® AC Speed Kemper System Cette solution polyvalente à séchage rapide s’applique sur les surfaces courantes et points singuliers. Un seul produit suffit pour réaliser une étanchéité exempte de joints, continue et homogène. Constituée d’une résine liquide teintée à base de polyméthylméthacrylate (PMMA) et armée en plein d’un voile textile, cette solution permet de réaliser l’étanchéité de n’importe quel support – toiture, terrasse accessible ou végétalisée. |
© Polyglass | Mapeplan de Polyglass Gamme de revêtements synthétiques pour l'étanchéité, fournit, à l’aide d’une technologie « de revêtement multi-extrusion», des surfaces en PVC-P et FPO durable et à hautes performances. Les membranes sont d’une grande maniabilité et soudabilité. Avec ces systèmes d'étanchéité, il est possible de réaliser des imperméabilisations totalement hermétiques et continues pour les toitures et les travaux de génie civil. |
© Meple | Meps Rehab de Meple Ce revêtement monocouche en bitume élastomère mis en place par thermosoudage, collage à froid ou fixation mécanique, est dédié à la réhabilitation avec revêtement apparent autoprotégé, sans apport d’isolant pour toitures-terrasses et toitures inclinées inaccessibles (pente ≥1%). Il peut également être utilisé, en neuf, sur des éléments porteurs (maçonnerie, bois et panneaux dérivés du bois), sur isolant (thermosoudage), sur tôles d’acier nervurés, etc.
|
© Sika | Membrane FPO Sarnafil ®TS de Sika Cette membrane synthétique en polyoléfines souples (FPO), ignifugée, contient des stabilisants contre le rayonnement ultraviolet. Renforcée d’une armature polyester et d’un voile de verre non tissée (norme EN 13956), elle est soudable à l'air chaud, formulée pour l'exposition directe et utilisable dans toutes les conditions climatiques. La grille polyester, additionnée à une armature voile de verre, confère une grande stabilité dimensionnelle et une grande résistance à la déchirure.
|
© Clotilde Richalet / Icopal | Nox-Activ de Icopal En version monocouche ou bicouche, cette membrane pour toitures inaccessibles bénéficie d’un surfaçage de la feuille bitumineuse avec des granulés minéraux enrobés d'un agent photocatalytique (Noxite®). Lequel lui attribue un pouvoir dépolluant de l'air par oxydoréduction des oxydes d'azote NO et NO2, et également en eau et nitrates (en quantité inférieure à celle de l'eau minérale). Ce système est adapté au climat de plaine sur toitures-terrasses autoprotégées supérieures ou égales à 3%. |
© Derbigum | Derbipure® de Derbigum Elaborée à partir de deux composants principaux – huile végétale et résine de conifère – auxquels ont été ajoutés de la craie, du carbonate de calcium ainsi que des polymères, cette membrane blanche aux propriétés réfléchissantes est une alternative aux produits à base de pétrole pour des bâtiments aux critères environnementaux poussés. Elle a une durée de vie similaire aux membranes habituelles et sa mise en œuvre est identique. |
© Kemica Coatings | Souplethane 5 de Kemica Coatings Système à base de résine polyuréthanne bicomposant sans solvant, il associe la double fonction revêtement de sol et étanchéité (système d’étanchéité liquide directement circulable), et est mis en œuvre manuellement ou mécaniquement. Résistant à la fissuration, aux écarts de température et aux agressions chimiques de l’atmosphère, le système est sécurisant et durable : tenue au feu de Bfl-S1, à la fissuration de 3 mm (LCPC) et 25 ans de durée de vie (ATE du CSTB). |
Source : batirama.com / Stéphane Miget / Photo d'ouverture ©Firestone