Avec le Cerib, la filière béton accélère sa mutation

Avec le Cerib, la filière béton accélère sa mutation

La 3e édition de la journée Expertise & Construction du Cerib, Centre d'Études et Recherches de l'Industrie du Béton, qui fête ses 50 ans a réuni 500 personnes à Epernon.




La troisième édition « Expertise & Construction » du Cerib (Centre d'Études et Recherches de l'Industrie du Béton) s'est tenu le 6 juillet dernier avec environ 550 personnes attendues dans la chaleur de ce début d'été sur le site d'Epernon.

 

La journée s’est organisée avec des conférences le matin et des visites du site l'après-midi, avec en complément un Village des partenaires riche de 47 stands.

 

Les conférences présentaient les derniers projets de recherche dans lesquels le Cerib est impliqué, plusieurs bonnes pratiques de la profession comme la sécurité au levage des poutres ou la sécurité incendie ainsi qu'un aperçu des mutations de la filière béton face aux nouveaux défis du numérique et de l'environnement.

 

Prendre en compte le nouveau label E+C-

 

La transition écologique est marquée par l'arrivée du nouveau label E+C- pour des bâtiments à énergie positive et faible empreinte carbone. Chaque filière de matériau de construction s'efforce de faire valoir ses atouts.

 

Menacé dans sa position dominante sur le marché, le béton cherche de nouveaux arguments au travers des premières expérimentations de bâtiments E+C-.

« Ainsi sur l'exemple d'un petit immeuble collectif E+C-, pas de différences notables ont été constatées entre les matériaux de construction qui réussissent tous le bilan carbone 1 du label. Pour l'objectif carbone 2, le choix du générateur d'énergie devient prépondérant alors que l'écart sur le bilan carbone demeure inférieur à 10% entre les systèmes constructifs », assure Nicolas Decousser, responsable du Pôle évaluations environnementales au CERIB.

 

L'enjeu d'un béton plus « vert »

 

Par ailleurs la filière souhaite intégrer dans le bilan du béton la carbonatation, cette dégradation du matériau sur la durée qui se traduit par une absorption du CO2 de l'air.

 

« Enfin le bilan ACV étant restreint au bilan carbone, nous sommes en discussion pour élargir à cinq indicateurs principaux comme les déchets, la pollution de l'eau et de l'air, l'épuisement des ressources et le changement climatique », poursuit Nicolas Decousser. 

 

L'amélioration du bilan environnemental du béton passe aussi par un plus fort taux de recyclage. « Le Cerib est d'ailleurs partie prenante dans les projets Recybeton et ANR Ecoreb.

 

Programme Recybeton

 

L'idée est de ne pas seulement recycler dans les usines et les centrales à béton mais aussi de s'attaquer au recyclage de l'intégralité des matériaux de la déconstruction qui représente environ 200 millions de tonnes récupérables par an. Mais il faut définir des règles de l'art dont le taux de recyclage admissible », met en avant Lucie Schmitt, ingénieure au Cerib.

 

Dans le cadre de Recybeton, neuf bétons ont été étudiés avec trois taux de substitution en sable ou gravillons recyclés et les premiers résultats sont encourageants. « Le béton recyclé partiellement est durable et son comportement est assez prévisible. Nous n'avons pas constaté de désordre sur les chantiers pilote », complète Lucie Schmitt.

 

Le taux normatif d'agrégats recyclés limité à 20% pourrait ainsi être revu à la hausse. Néanmoins pour créer une vraie filière de recyclage il faut résoudre des questions comme la sécurité, la durabilité du béton produit, la valorisation des acteurs impliqués, le tri du béton de déconstruction pollué...

 

Béton et transition numérique

 

Concernant la transition numérique, l'usage du béton connecté est défendu par la startup 360SmartConnect créée par Rolland Mellet. L'idée est de taguer un produit ou un élément béton du chantier avec une pastille NFC grand public développée en partenariat avec STMicroelectronics et lisible avec un smartphone à une distance maximale de 5 cm.

 

L'applicatif de lecture est autoporté par la puce. Les données (BIM, carnets de chantier, etc) sont gérées sur le cloud de 360SmartConnect.

 

Les informations d'origine comme la composition du béton et la date de fabrication sont stockées dans la puce dans un coffre fort virtuel de 2000 caractères, qui ne nécessite pas le cloud pour être accessible.

 

Abilys pour l'analyse du cycle de production

 

Le Cerib est aussi actif pour assister les industriels dans le contrôle qualité de leurs process de fabrication. Ces dernières années, les industriels ont travaillé à garantir une qualité répétable dans leurs centrales à béton.

 

Le Cerib s'est penché sur le cas des pièces (blocs, pavés, bordures, etc) produites en série dans une presse industrielle. Pour cela ils ont développé Abilys, un service de diagnostic « intelligent » de presse vibrante, protégé par un brevet déposé en avril 2017.

 

« La recherche des défauts est très difficile sur une presse à l'arrêt et la recherche d'anomalies est très délicate du fait de la multitude d'organes dans chaque zone. L'idée est d'instrumenter la planche utilisée pour mesurer et enregistrer toutes les phases du cycle de production de la presse », résume Kais Mehiri, ingénieur au pôle Développement Stratégique du Cerib.

 

 

En une heure la planche instrumentée analyse un ou deux cycles de la presse et l'enregistrement est analysé par les experts du Cerib. © Cerib




Source : batirama.com / François Ploye

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