Dès 1996, la loi sur l’Air a reconnu les atouts environnementaux du bois. En particulier, sa capacité à stocker le carbone et sa mise en œuvre peu consommatrice d’énergie. Ainsi, dès 2001, dans le cadre du Plan national bois-construction-environnement, huit ministères et les grands acteurs de la filière ont signé une charte. Son objectif : accroître de 25 % la part du bois dans les constructions d’ici 2010. « En mars 2010, le seuil minimum de bois dans la construction a été multiplié par 10 », chiffre Jean-Vincent Boussiquet, président du CNDB*. Et différentes évolutions réglementaires récentes vont avoir des conséquences sur ces marchés de la construction. D’abord, un nouvel arrêté du 13 septembre 2010, fixe la méthode de calcul –simplifiée, et/ou forfaitaire pour évaluer le cubage bois - du volume de bois incorporé dans certaines constructions.
La réglementation incendie modifiée
Autre évolution réglementaire : l’arrêté du 24 mai 2010 qui modifie l’IT 249, soit le règlement contre les risques d’incendie et de panique dans les ERP*. Applicable depuis le 6 octobre dernier, il prend en compte le cas des façades bois, des murs manteaux, et des menuiseries bois. Et ouvre d’importantes possibilités de construire en hauteur pour les bâtiments recevant du public et les habitations. « Aujourd’hui, au CNDB, les questions concernant l’incorporation du bois dans la construction affluent, témoigne Jean-Vincent Boussiquet, quand de plus en plus d’acteurs s’intéressent à la mixité des matériaux ». Si certains marchés restent en repli, à l’instar de celui de la fabrication de parquets, celui de la construction bois est en progression. « L’ensemble de la filière Forêt-Bois retrouve progressivement un niveau d’activité comparable à celui de l’année passée. Globalement aujourd’hui, nous constatons une évolution significative des carnets de commande dans le domaine de la construction bois ». Conséquence : la question de la ressource se pose à travers l’approvisionnement du matériau bois pour les différents usages.
Vers une pénurie ?
Car du côté des approvisionnements : « nous avons pris conscience qu’on allait manquer de bois », révèle Pierre Piveteau, trésorier du CNDB. En 15 ans, la quantité annuelle de plants forestiers plantés (hors pin maritime) est passée de 110 millions à 28 millions. La pénurie gronde. Mais pas pour tout de suite, « pour dans 25 à 30 ans . L’Etat doit prendre conscience que la biomasse est un marché important, à partir de là il peut aider ou du moins sensibiliser, car nous sommes sur une mauvaise pente. Une pénurie d’autant plus certaine que la régénération naturelle, qui existe, n’est pas forcément une bonne chose : laissez vivre la forêt seule, c’est une dégradation. Les essences ne correspondent pas forcément aux besoins, du coup, les propriétaires vendent à bas prix, et ne peuvent pas replanter. Il faut profondément modifier la sylviculture en France ». D’autant qu’à l’heure du Grenelle de l’environnement, et du développement durable, les bois français de proximité dans la construction progressent. Un taux de plus de 50 % contre 30 % il y a encore 15 ans. Luc Charmasson, vice-président du Codifab ajoute, « nous souhaitons une priorisation des bois issus de forêt afin qu’il y ait une concurrence saine et équilibrée, et de même nature ». Le bois monte, c’est bien. « Mais la valeur de ce matériau est certainement trop faible. Or, si cette dernière augmente trop vite, les entreprise vont être fragilisées ». Une situation à éviter après les dernières années de crise traversées.
* CNDB : Comité national pour le développement du bois.
** Etablissements recevant du public.
*** Codifab : Comité professionnel de développement des industries de l’ameublement et du bois.