Qu’en est il de la loi sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, et ses applications au cadre bâti ? Votée le 11 février 2005, elle doit entrer en vigueur au 1er janvier 2015. Mission impossible selon plusieurs professionnels du secteur rencontrés au salon ArchiVision de Marseille fin octobre qui s'accordent pourtant à dire que le marché est porteur.... dès aujourd'hui !
Si l’avenir semble laisser une place de choix au chantier de l’accessibilité, le présent, lui, pose question : « On estime à 10 ou 15 % seulement les bâtiments publics respectant les nouvelles normes. Et la quasi totalité sont des bâtiments neufs. C’est dire l’immense travail qui reste à accomplir dans l’ancien. Nous sommes plus qu’en retard », estime Pierre Scheibli, architecte d’intérieur et président de l’association Handicap à Lyon.
Les causes ? « Il n’y n’a, à l’heure actuelle, qu’une très faible prise de conscience et beaucoup d’attentisme des donneurs d’ordre, y compris institutionnels. Et la réalité économique rend impossible, au moins à courte échéance, les financements qu’impliquent de telles transformations. Nous en sommes encore souvent seulement au stade du diagnostic – à réaliser avant le 1er janvier 2011 pour tous les ERP de catégories 1 à 4, ndlr – Il semble donc tout à fait impossible de tenir l’échéance de 2015.
Même 2020 semble une date irréaliste. Sans compter qu’il y a forcément des cas où la mise en conformité sera, de fait, impossible. Prenez le cas d’une abbaye ouverte au public, ou des quartiers historiques des villes, comme le vieux Lyon. Je ne vois pas comment concilier la mise aux normes et la préservation du patrimoine. Il est donc évident qu’il va falloir instaurer des dérogations. Et à mon sens, elles seront nombreuses. »
Et dans le privé ?
Côté privé, quelques entreprises semblent commencer à jouer le jeu, avec à leur tête des « pilotes ». « Nous avons de très grandes entreprises comme clients, explique Rémy Rochon, directeur du développement de la société Eo guidage, spécialisée dans le conseil, la fourniture et l’installation de solutions pour l’accessibilité à destination plus particulièrement des déficients visuels.
La Poste nous a missionné pour équiper la plupart de ses bureaux d’accueil, Orange nous a confié le traitement de l’accessibilité de 150 de ses boutiques, tout comme l’enseigne Séphora. Pour ces entreprises, qui savent qu’elles vont « devoir y passer », il ne s’agit pas seulement de respecter la loi, mais de faire de l’accessibilité un atout et un argument commercial ! »
Pour Daniel Garnone, patron de la société Somograv à Marseille, entreprise de signalétique qui travaille sur la signalétique du handicap, le secteur privé, malgré la crise, se révèle même plus actif que le public : « 50 % de notre activité est liée au secteur privé. Avec des segments très dynamiques et en progression, comme les établissements destinés à l’hébergement des personnes âgées. »
Avec près de 11 000 entités, qui accueillent près de 700 000 séniors, directement concernés par les problématiques de l’accessibilité, le marché est effectivement d’ores et déjà porteur !
Des solutions simples et peu onéreuses
Et nous travaillons de plus en plus à ce que ces éléments soient suffisamment design et intégrés dans leur environnement pour qu’ils satisfassent les aspirations des professionnels de l’esthétique des bâtiments et de leurs clients et qu’ils aient envie de les intégrer dans leurs projets.
Nous travaillons aussi beaucoup sur les nouvelles technologies de la communication, comme le bluetooth avec les smartphones ou le GPS piéton vocalisé KAPTEN, qui vont permettre de véritables échanges entre le déficient visuel et son environnement, pourvu que ce dernier soit équipé de bornes émettrices.
Ces technologies ont l’avantage de la discrétion pour la personne handicapée comme pour son entourage ! » |