Photo : Pierre Gautron, président de LCB : « La consommation totale apparente de sciages résineux bruts a diminué de 30% en 2016, comparé au niveau de 2007 ».©carolineblain.com
Après des années d’érosion et de doute, le commerce de bois tropical semble retrouver des couleurs, comme l’a précisé Romain Rougier, jeune vice-président de LCB. La démarche européenne pour endiguer le commerce de bois illégal est en train de porter ses fruits.
Conjuguée avec celle du Leacey Act américain et d’autres initiatives nationales (Australie) ou supranationales (FSC, PEFC, Greenpeace), la Réglementation Bois de L’Union Européenne (RBUE) et le dispositif FLEGT ont apparemment généré une prise de conscience, notamment au Brésil.
Il reste des points d’interrogation quant à la légalité effective de certains bois exportés de Birmanie, mais lz commerce international du bois semble globalement sur la bonne voie. En France, LCB s’est positionné comme organisme de contrôle du RBUE. A ce jour, 31 entreprises françaises ont adhéré à sa procédure de diligence raisonnée, ce qui, selon Eric Boilley de LCB, représente « entre 60 et 70% du marché ».
Romain Rougier, vice-président de LCB : « A ce jour, 31 entreprises françaises ont adhéré à la procédure de diligence raisonnée portée par LCB ».© LCB
La clarification du commerce des bois tropicaux profite manifestement aux affaires qui reprennent. La part des bois tropicaux dans la consommation de grumes de bois d’œuvre feuillus en France continue de baisser, mais les sciages défendent leurs parts de marché.
Conséquence directe de la reprise du marché de la construction, les exportations de sciages tropicaux de l’Afrique et de l’Europe vers la France sont en croissance. Les importations de grumes tropicales baissent au profit de produits transformés, notamment les contreplaqués.
Quant aux importations de sciages bruts de résineux, elles stagnent à un bas niveau, sachant que cela ne reflète pas la bonne tenue des importations de bois d’ingénierie et de bois ou panneaux massifs collés (pour lesquels on manque cependant de chiffres).
Port de La Rochelle : L’import des bois tropicaux transformés repart à la hausse. © Thierry Rambaud
Le bon côté de la crise, c’est que le monde du commerce du bois, en France, s’est rapproché de la filière française de transformation du bois. C’est aussi le cas de LCB, membre du bureau de France Bois Forêt et ardent soutien de la campagne de communication actuelle, « Pour moi c’est le bois ».
Pierre Gautron, président de LCB et heureux repreneur des activités d’import et de transformation de Wolseley (ex Pinault Bois et Matériaux) : « L’impact de cette campagne est sans commune mesure avec celles que nous finançons avec Résolument bois. On sait que tous les pays qui ont engagé de telles campagnes de promotion du bois ont enregistré des retombées sensibles, voire ont pu déclencher une dynamique de filière ».
Pierre Gautron fait référence notamment à la campagne orchestrée par les Scandinaves en Grande-Bretagne, au début du siècle, et qui a d’ailleurs déjà servi de modèle à celle lancée en France à partir de 2010.
Lamelles collées en bois exotique © LCB
Sans doute, les campagnes de communication réussissent quand elles ont lieu au bon moment. Or, le marché de la reconstruction repart et l’embellie atteint désormais les corps d’état secondaires, charpente, menuiserie, bientôt le parquet.
Si les délais de livraison des panneaux OSB sont montés à 8 semaines, ce n’est pourtant pas encore l’effet d’une surchauffe de la construction bois, plutôt de difficultés d’ordre industriel et cyclique.
Quant au marché du bardage en bois, l’AG de LCB en juin dernier avait donné l’occasion à Marc Remusat de BatiEtudes d’illustrer la dégringolade d’un marché clé des raboteurs de l’association. En conséquence, LCB s’est rapproché de FCBA pour lancer une marque de qualité qui devrait être officiellement présentée au Carrefour International de Bois en juin 2018 à Nantes.
Selon LCB, le bilan carbone d’un bardage bois est globalement nettement plus performant que celui des autres familles de bardage, la palme revenant au bardage feuillu.© JT
LCB a présenté à son AG de juin dernier un plan stratégique qui l’amène à venir en soutien de ses marchés prioritaires, et de s’élargir à de nouvelles formes de distribution. LCB prend acte de ce que le négoce spécialisé bois a perdu 1 million de m3 équivalent sciage entre 2010 et 2015, et le négoce généraliste 0,5 million de m3.
Un demi-million, c’est d’ailleurs ce que pèsent maintenant les coopératives d’artisans, qui ont mieux résisté à la crise. Il est encore prématuré d’évaluer le succès des plateformes de vente en ligne comme ManoMano, ou Outiz et Homly You lancés par Saint Gobain.
Coopératives, ventes en ligne, GSB : LCB a décidé de ne pas faire d’exclusive. Ne serait-ce que pour endiguer des modes de commercialisation qui pourraient, si l’on n’y prend garde, remettre en question la portée du long travail accompli en matière de bois légal et d’éco-certification.
Pour la filière bois, le 28 septembre sera à marquer d’une pierre blanche car il a été celui de l’annonce du lancement du troisième Plan Bois. Il s’agit du troisième étage d’une fusée visant à « changer d'échelle et massifier l'usage du bois dans la construction », à l’appui d’une nouvelle loi logement.
Les mesures envisagées sont techniques : « définir le procédé de construction en préfabrication dans le Code de la construction et de l'habitation, ce qui permettra aux maîtres d'ouvrage d'y faire référence dans la commande publique ou privée », « mettre en place des grilles de paiements spécifiques pour la construction en préfabrication dans les contrats de construction de maison individuelles », « adapter la notion de lots séparés en préfabrication dans les appels d'offre publics de construction », le tout pour construire plus vite et moins cher. LCB n’a pas fait référence dans sa conférence de presse à l’annonce de la veille, mais l’optimisme de l’association y trouve une certaine justification.