Le concours Un des Meilleurs Ouvriers de France (MOF) compte 17 catégories de métiers dont celle consacrée aux métiers du bâtiment et du patrimoine architectural qui regroupe 19 métiers traditionnels (voir liste des épreuves des métiers du Bâtiment).
Parmi ceux-ci, la Couverture et l’Ornementation métallique ont fait le plein les 24 et 25 octobre dernier, au lycée professionnel du Bâtiment à Lucé (près de Chartres) avec une trentaine de candidats inscrits aux épreuves qualificatives, dont 25 en couverture (et 4 en ornementation).
Agés de 27 à 60 ans, ces professionnels sont venus de toute la France et même de Belgique, pour tenter de décrocher la médaille de MOF en couverture, signe d’excellence dans l’exercice de leur métier.
Objectif des épreuves qui durent une journée complète : vérifier les compétences professionnelles des candidats inscrits : « il faut éviter les erreurs de casting car les candidats qui auront obtenu le feu vert du jury, devront consacrer 800 à 1000 heures (soit 20 heures par semaine) pour réaliser leur œuvre » explique Dominique Pelletier, président de la classe couverture au Comité d’organisation des expositions du travail MOF (COET MOF)
L’aptitude des candidats est donc testée après la réalisation de deux ouvrages : une boîte à eau en plomb (évacuation pluviale) réalisée le matin à partir d’une feuille de plomb de 50 x 50 cm et une noue ronde en ardoises sur 3 rangs, l’après-midi.
Le jury, composé de deux représentants de l’Education nationale et de sept professionnels de la couverture, va ainsi scruter attentivement les gestes et les comportements des couvreurs candidats. L’appropriation des outils et des techniques sera déterminante… mais pas seulement !
Réalisation en cours de la boîte à eau en plomb durant la matinée/ Photos © F. Leroy
« Il ne faut pas oublier que c’est un concours d’excellence et le jury commencera à comparer les réalisations des uns et des autres, relève Laurent Calmanovici, vice -président du jury. C’est aussi pour cette raison que le jury se donne le temps d’évaluer les épreuves et ne donnera son feu vert (ou pas) que 2 semaines plus tard (après validation au niveau du siège du COET).
Simples sur le papier, ces épreuves réservent d’ailleurs des surprises parfois en raison d’une préparation insuffisante des candidats (par manque de temps) ou d’erreurs dues au stress. Un jeune couvreur a ainsi jeté l’éponge au bout d’une heure lors de la réalisation de la boîte à eau.
« Ce jeune candidat a souhaité arrêter car il ne se sentait pas au niveau. Nous lui avons donné des conseils pour qu’il puisse se représenter lors des prochaines épreuves qualificatives » confie Laurent Calmanovici.
Le jury examine l’appropriation des techniques et l’utilisation des outils par les candidats pendant les épreuves
Les conseils du jury sont d’ailleurs très nombreux pendant toute la durée de l’épreuve. Un entretien de 45 minutes organisé pour chaque candidat avec 2 membres du jury dans la journée permet de vérifier la solidité de l’engagement du couvreur mais aussi les facteurs de réussite ou d’échec de cette aventure.
« On ne veut pas envoyer ces professionnels au casse-pipe, et ils doivent être conscients qu’ils vont priver leur entourage familial de leur présence, pendant un an » reprend Laurent Calmanovici. « Ils doivent donc être soutenus par leur famille mais aussi par un parrain de la profession qui prodiguera des conseils pendant la réalisation de l’œuvre ».
Après la réalisation des deux pièces imposées lors des épreuves de qualification, les candidats sont tous réunis pour découvrir l’œuvre qui devra être réalisée durant un an (le sujet est téléchargeable sur le site du COET MOF). A nouveau, les membres du jury prodiguent de nombreux conseils, comme celui de prévoir de monter la maquette à réaliser sur un support en bois solide équipé de 4 roulettes orientables, pour qu’il soit acheminé à Lucé dans un an !
Réalisation de la noue ronde en ardoises 27-18 et 37-25 qui suppose de couper les ardoises, les tailler, les clouer et les aligner sur 3 niveaux apparents.
« Pensez à soigner vos dossiers de présentation qui font partie de la notation car ils doivent nous permettre de comprendre votre cheminement pendant la réalisation de l’œuvre. On ne démontera pas vos chefs d’œuvre si on a un doute, et on cherchera l’explication dans le dossier… » préviennent les membres du jury.
Après cette journée de « test », les candidats enfin détendus repartent soulagés et plutôt confiants dans leur chance de décrocher le « feu vert ». Il restera à concrétiser cette démarche au prix d’une année de labeur intense qui ne sera pas forcément récompensée.
En effet, seuls 7 candidats sur les 22 sélectionnés en 2015, lors de la 25e édition du concours, ont obtenu le titre de Meilleur ouvrier de France en couverture. Ce qui n'a pas empêché certains "recalés" de retenter leur chance cette année...