C'est fin 2017 que "l'Aéroport du Grand Ouest" devait initialement accueillir ses premiers avions, soit sept ans après l'attribution de la concession, en décembre 2010, au géant du BTP et des concessions.
Cofinancé par le groupe à hauteur de 56,1%, ainsi que par l'État et six collectivités territoriales, le coût du projet avait été évalué en 2010 à 561 millions d'euros, pour accueillir environ 5 millions de passagers par an.
Le contrat de concession attribué à Vinci intégrait, outre l'exploitation de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes pour 55 ans, les aéroports de Nantes Atlantique (actuel aéroport nantais) et Saint-Nazaire-Montoir, qui étaient exploités précédemment par la Chambre de commerce et d'industrie de Nantes-Saint-Nazaire.
Les rapporteurs de la médiation avaient estimé qu'un abandon du projet pourrait contraindre l'État à indemniser le géant du BTP et des concessions jusqu'à 350 millions d'euros. Une option évoquée par les anti-"NDDL" est d'entamer une négociation avec le groupe, qui exploite l'actuel aéroport de Nantes et se place en vue d'une possible privatisation d'Aéroports de Paris (ADP).
"Comme nous l'avons toujours dit, aujourd'hui plus que jamais Vinci se tient à la disposition de l'Etat", a déclaré un porte-parole de Vinci, sans plus de précisions. "En fonction de la décision (de l'Etat), il y a un temps qui probablement sera assez long, qui tirera les conclusions de cette décision", avait affirmé le PDG de Vinci Xavier Huillard.
Interrogé sur l'éventuelle volonté de l'Etat, évoquée dans la presse la semaine dernière, de ne pas indemniser le groupe en cas d'abandon, il avait martelé : "Il y a eu 169 décisions de justice, le contrat est béton".
Pour un analyste parisien ne souhaitant pas être nommé, le projet de Notre-Dame-des-Landes, "tout petit à l'échelle de Vinci", n'aura d'impact ni sur les comptes du groupe - dans lesquels il n'est pas pris en compte - ni sur sa valorisation sur le marché boursier financier, pour qui "il y a des sujets bien plus stratégiques, comme l'éventuelle montée au capital d'Aéroports de Paris (ADP), en cas de privatisation".
Après l'annonce du gouvernement, le titre Vinci était stable à la Bourse de Paris, épousant la tendance. Quoi qu'il en soit, l'abandon du projet de nouvel aéroport - il aurait été le premier en Europe entièrement réalisé par Vinci, qui jusqu'ici n'a exploité que des infrastructures déjà construites -, contrarie les plans du groupe dans une activité de plus en plus stratégique, dans laquelle il revendique la place de 4e opérateur mondial.
Car les concessions dégagent des revenus réguliers et en forte croissance, alors que l'activité traditionnelle de Vinci, la construction, se redresse tout juste ces derniers mois, après des années d'un marché déprimé en France.
Sur les neuf premiers mois de l'année, sa filiale Vinci Airports a connu une forte croissance de ses revenus, de +39,8% à 1,07 milliard d'euros, grâce à une hausse du trafic dans l'ensemble des pays où il est implanté et à l'intégration d'Aerodom en République Dominicaine et Aéroport de Lyon en France.
En France, il exploite 12 plateformes, dont celles de Lyon-Saint-Exupéry et Lyon Bron, Rennes Bretagne, Toulon Hyères, Clermont-Ferrand, Grenoble, Poitiers et Chambéry.2017 a été "très dynamique pour Vinci Airports, dont le chiffre d'affaires aura crû de manière assez spectaculaire, grâce à une très belle croissance du trafic, notamment au Cambodge, au Portugal ou à Nantes par exemple", a déclaré M. Huillard. Le groupe publiera ses résultats annuels le 7 février.
"Notre développement ne va évidemment pas s'arrêter là", a-t-il ajouté, rappelant que Vinci qui a géré un trafic de 132 millions de passagers en 2016, est pré-sélectionné pour reprendre l'aéroport de Belgrade.Vinci Airports, qui exploite 35 plateformes sur trois continents, va notamment investir "quasiment un milliard de dollars", aux côtés de ses partenaires Astaldi et ADP, pour doubler la capacité d'accueil de l'aéroport de Santiago du Chili, a rappelé le PDG de Vinci.
platine
Au lieu de payer 350M€ que l'état n'a pas il va offrir sur un plateau des parts d'ADP qu'il souhaitait privatiser, Vinci est toujours gagnant comme d'habitude.