A l’occasion de ses Rencontres annuelles, le Syndicat français de l’industrie cimentière (SFIC) a lancé le 18 janvier dernier son « Cement Lab ». Ce laboratoire d’idées dédié au ciment et à son usagedevrait permettre au monde du ciment de se rapprocher de celui des start-up et favoriser l’innovation ouverte.
Pour Bénédicte de Bonnechose, présidente du SFIC, « le Cement Lab va permettre de développer une dynamique d’échanges et de rencontres entre des acteurs industriels, académiques et des entreprises innovantes pour faire émerger de belles opportunités d’innovation ». En entreprenant cette démarche d’ouverture, les industriels espèrent mieux comprendre les transformations de leurs marchés afin d’adapter leurs métiers.
Le SFIC s’appuie dans ce projet sur Impulse Partners, spécialiste de l’accélération de l’innovationdans lessecteurs de la construction, de l’énergieet de l’immobilier.
« Notre cabinet de conseil en stratégie accompagne une cinquantaine de grands groupes de la construction et quelque trois cents PME et start-up innovantes, depuis leur sortie du laboratoire de recherche jusqu’à la levée de fonds et au développement à l’international », décrit son président et fondateur Thomas Le Diouron.
Depuis juillet 2017, l’accélérateur de start-up accueille une vingtaine de ces jeunes entreprises dans son espace « Impulse Labs » de la Station F. Ce plus grand incubateur de start-up du monde, créé par Xavier Niel, est installé dans l’ancienne halle Freyssinet. Un lieu hautement symbolique pour l’industrie cimentière puisque ses voûtes à voile mince en béton furent un exemple d’innovation technique il y a quatre-vingt-dix ans.
Parmi les start-up couvées par Impulse Labs, plusieurs intéressent de près les cimentiers, depuis l’extraction des matières premières en carrière jusqu’à la mise en œuvre du béton et l’exploitation des bâtiments, en passant par la conception des ouvrages.
Ainsi, Benjamin Hugonet a créé la société Red Bird qui propose un suivi de production des carrières à partir de données collectées par des drones. Grâce à sa cession en 2016 à l’Américain Airware, Red Bird diffuse aujourd’hui ses outils d’aide à la décision dans une quarantaine de pays.
Avec l’application Vizcab, Combo Solutions fournit aux concepteurs, pour chaque projet de bâtiment et pour un objectif donné de performance énergie et carbone, une base de données complète de scénarios de construction.
« La puissance de calcul des ordinateurs permet en une minute de balayer automatiquement toutes les solutions qui auraient été évaluées en 500 000 heures « dans le vieux monde » », assure Guillaume Lafont, dirigeant de la société. Par des choix architecturaux ou techniques successifs, le concepteur réduit progressivement le nombre de solutions répondant à ses exigences de performance.
Côté mise en œuvre, Smart Cast, créée en 2015 par Augustin Masurel, innove dans le coffrage des planchers de logements collectifs. Le contreplaqué traditionnel est remplacé par une plaque en matériau composite à base cimentaire.
Ce coffrage perdu, qui assure le parement du plafond, permet aussi de simplifier les interventions multiples des coffreurs, ferrailleurs, plombiers, électriciens… grâce à l’impression sur les plaques de l’implantation des différents réseaux. « Le BIM atteint les compagnons », résume Augustin Masurel qui a pour clients les majors de la construction ainsi que des entreprises de taille intermédiaire.
XtreeE va encore plus loin dans la construction numérique en envisageant la mise en œuvre du béton par des robots. Pour s’affranchir du coffrage, économiser la matière et réaliser des ouvrages aux formes les plus complexes, Alban Mallet et ses associés ont mis au point il y a deux ans un procédé d’impression 3D en béton.
Il a d’abord fallu inventer avec Lafarge Holcim un béton à prise rapide « imprimable» en 3D puis concevoir avec un architecte et une entreprise un premier poteau préfabriqué en trois parties réalisé en neuf heures. Aujourd’hui, XtreeE travaille avec plusieurs entreprises de préfabrication et Vinci Construction a pris une participation dans la société.
Enfin, Rolland Mélet et ses associés de la société 360 SmartConnect, créée il y a un an, ont inventé le béton connecté en incluant dans l’ouvrage des puces électroniques qui contiennent de multiples informations stockables tout au long de la vie du bâtiment et échangeables au moyen d’un simple smartphone. Voilà pour les cimentiers un moyen d’augmenter la valeur de leur produit en décloisonnant la chaîne de valeur.
Décloisonnement et collaborer dans toute la chaîne de la construction : c’est pour Jérôme Stubler, président de Vinci Construction, qui a conclu les Rencontres de l’industrie cimentière, le meilleur moyen d’accélérer l’innovation technologique. Et selon lui, le béton n’a révélé aujourd’hui que 20 % de son potentiel. L’open innovation a de beaux jours devant elle !
Légende photo d'ouverture : 360 SmartConnect fait parler le béton en incluant lors du coulage des puces électroniques contenant tous types d’informations. Pour les lire ensuite, il suffit de se connecter à l’application correspondante et d’approcher son smart phone de l’ouvrage.
Smart Cast simplifie l’implantation des réseaux dans les planchers grâce à l’impression des plans des différents corps d’état sur les panneaux de fond de coffrage.
Source : batirama.com / Isabelle Duffaure Gallais