Après avoir atteint "sans marge" son objectif de 2015, la France a émis 463 millions de tonnes de gaz à effet de serre (en équivalent CO2) en 2016, soit 3,6% de plus que ce qui était prévu, le dérapage venant essentiellement des secteurs du transport et du bâtiment.
Cet écart s'explique essentiellement par des éléments conjoncturels, comme le faible prix des produits pétroliers "qui incite à la consommation", et l'indisponibilité de certaines centrales nucléaires "qui a provoqué un recours accru aux centrales" fonctionnant à base d'énergies fossiles comme le charbon ou le gaz, selon le document mis en ligne par le ministère.
Toutefois, "certains indicateurs sectoriels s'écartent dès 2015 de la trajectoire", notamment dans le bâtiment et les transports, relève-t-il. Il s'agit du "premier écart à la trajectoire", définie dans la Stratégie nationale bas carbone, qui fixe chaque année un "budget carbone" à respecter afin d'atteindre une baisse de 27% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2028 par rapport à 2013, et -75% d'ici 2050.
Ces résultats impliquent que la France "ne peut pas avoir un regard prétentieux" vis-à-vis du reste du monde, a estimé le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. "Nous avons nous-mêmes nos propres contradictions", a-t-il noté lors de ses voeux à la presse.
"Un renforcement des actions apparaît donc nécessaire pour rester en phase avec nos objectifs" et compenser la "sur-émission de 2016", indique le ministère. Les émissions de gaz à effet de serre françaises proviennent essentiellement des transports (29%), de l'agriculture (20%) et du bâtiment (19%), et tous ont engendré plus d'émissions que ce qu'ils auraient dû.
La palme revient au secteur du bâtiment, dont les émissions ont dérapé de 11%, les ménages ayant eu plus recours aux énergies carbonées pour chauffer leurs logements. Dans les transports, les émissions sont 6% supérieures à ce qui était attendu, et 3% trop élevées dans l'agriculture. A l'inverse, celles issues de l'industrie sont globalement conformes aux attentes, tandis que celles venues de l'énergie et des déchets sont inférieures au plafond prévu.