Photo d'ouverture : Présentation de concours du Projet parisien La tour commune© Woa/Lavergne
De jeunes acteurs émergents sont amenés à jouer un rôle important dans le développement futur de l’architecture bois en France. C’est le cas des agences Vincent Lavergne Architecte et Urbaniste (ex Nadau Lavergne), et de l’Atelier Woa (initiales de Wood Oriented Architecture). On n’est pas dans le registre première œuvre, Woa existe depuis 2011 et Vincent Lavergne, tout jeune qu’il est, a déjà fait parler de lui.
La trentaine, ils travaillent en réseau dans des structures plutôt horizontales, au goût du jour et de la génération Y qu’ils incarnent. Capables d’aligner plus de 20 architectes sur de grosses opérations ou de s’atomiser sur les petites, ils se comparent volontiers à un banc de poissons.
Leur sensibilité au matériau bois, pleinement accepté sans romantisme, s’étaye par la présence au sein des équipes de deux spécialistes. Chez Lavergne, Pierre Mauriette est charpentier de formation, puis conducteur de travaux, puis architecte finançant ses études en travaillant comme conducteur de travaux chez Eiffage.
Il comprend parfaitement le fonctionnement des entreprises générales, mais aussi les exigences du matériau bois. Quant à Marc Henri Maxit, il s’agit d’un associé non diplômé de Woa, qui opère comme économiste et de fait comme BE intégré.
A l’âge de 17 ans, ce fils de scieur a passé un an en Autriche chez l’un des deux pionniers de la fabrication des panneaux CLT. Ensuite, il a fait fructifier ses connaissances en développant en Savoie l’entreprise Arborescence, spécialisée dans le maniement des panneaux CLT, et qui s’est chargée notamment de la pose des premiers immeubles de bureaux Ywood de Nexity.
Cela veut dire concrètement que quand le tandem Lavergne Woa présente un projet en bois au stade de l’esquisse, il est en mesure de le chiffrer parce qu’il sait déjà assez précisément comment il va le réaliser, non seulement à l’écran, mais dans les conditions d’un chantier.
Principe constructif de la tour en poteaux-poutre autour d’un noyau béton indispensable pour le contreventement vu la configuration en losange.© Woa/Lavergne
Cette faculté à concevoir en bois a joué son rôle dans le succès que le tandem a remporté récemment avec son projet de Tour commune, lauréat du concours AdivBois. La réalisation d’une tour sur la petite parcelle en losange de l’îlot B1B4 de la ZAC Bruneseau Nord, figurait parmi les six challenges dits « en concours local », non supervisés par le Puca, mais greffés sur la démarche de l’association AdivBois.
Il y a un an, précisément lors du lancement du concours « Puca », AdivBois avait annoncé que le groupement auquel appartient le tandem Woa/Lavergne figurait dans une « short list » de cinq agences en lice pour cet îlot. Face à eux, des majors, des pointures de l’architecture bois comme Michael Green, des leaders de la construction bois comme Arbonis ou Simonin.
Et pourtant, l’équipe Woa/Lavergne, associé à Bouygues Construction IDF, l’emporte à l’unanimité. Va savoir ce qui, d’une façade rigoureuse mais éventrée en jardins suspendus, ou d’unité d’habitation pour jeunes chercheurs avec des alcôves en bois meublées placées directement dans l’encadrement de la fenêtre, aura séduit à ce point le jury.
L’aménagement des cellules pour jeunes chercheurs est attrayante et l’incorporation de l’agencement avait de quoi séduire AdivBois.© Woa/Lavergne
Le permis de construire de cette opération que les jeunes architectes ont hâte de voir s’élever serait déjà déposé depuis longtemps si le projet ne butait pas sur l’obligation de prendre en compte dans son socle une bouche de métro.
Quoi qu’il en soit, l’équipe qui devrait faire sortir de terre bientôt ce R+15 en bois, se fait actuellement la main à Villiers-sur-Marne, sur le plus grand chantier actuel de construction bois en France.
Le dernier panneau CLT a été posé il y a dix jours et la livraison impérative est fixée à ce mois d’août. Il ne s’agit de rien moins que de 300 logements (de taille modeste) sur 6 niveaux, pour SNI Adoma (ex Sonacotra).
Le système constructif de ce chantier à délai de réalisation extrêmement serré est basé sur un savant mélange de panneaux CLT et de poutres en lamellé-collé enchâssés dans des poteaux métalliques, tandis que les planchers sont tous en CLT. A la différence de ce qui est prévu pour la Tour Commune, le bois disparaîtra totalement derrière des cloisons, plafonds et sous chape.
Peu importe, pourvu que l’optimisation de ce projet ait permis de faire émerger une solution constructive à forte dominante bois, qui ramène le coût de construction par cellule à un niveau inégalé.
Les Hautes Noues, une structure bois invisible mais une façade soignée avec une teinte qui change d’aspect selon l’angle de vue.© Woa/Lavergne
Source : batirama.com / Jonas Tophoven