Legrand et Schneider Electric dans la course au bâtiment intelligent

Legrand et Schneider Electric dans la course au bâtiment intelligent

Dans la course au bâtiment intelligent, Legrand et Schneider Electric partent d’un constat largement similaire, mais développent des stratégies différentes.




Legrand et Schneider Electric sont tous deux convaincus que, pour assurer leur prospérité future, ils doivent jouer un rôle important dans l’univers des bâtiments intelligents.

 

Ils reconnaissent disposer de solides bases, comme des marques reconnues, de réelles expertises dans le déploiement de réseaux et de solutions connectées, l’analyse des données et le développement de softwares pour tirer le meilleur parti de ces analyses, ainsi que des poches profondes qui leur permettent de financer le développement de stratégies de long terme.

 

 

 

Legrand collabore avec Netatmo pour développer la gamme Celiane With Netatmo, dont les éléments communiquent en ZigBee Pro + ZigBee 3.0 en guise de couche applicative. Au centre, le composant à facettes est la passerelle WiFi/ZigBee qui permet de connecter le système à des applications sur smartphone en WiFi dans le logement, à internet par l’intermédiaire de la box du logement. ©PP

 

Des compétences réelles, mais pas universelles

 

Comme tous les autres acteurs, Legrand et Schneider Electric sont cependant bien conscients qu’ils ne disposent pas de toute l’expérience, de tous les accès à chaque segment de marché et de tout le savoir-faire que requiert une stratégie « Smart » déployée à travers tous les types de bâtiments, de la maison individuelle à l’industrie, en passant par les bureaux, l’hôtellerie, les hôpitaux, les villes intelligentes, etc.

 

En plus des solutions qu’ils développent eux-mêmes, qui pour une bonne part consistent à tout connecter de différentes manières, il leur faut donc aussi des alliés pour parvenir aux offres les mieux adaptées à chaque secteur. C’est là que leurs stratégies respectives divergent. Voici un résumé de ces stratégies suite  à la rencontre de ces deux exposants sur leurs grands stands de Light + Building.

 

 

 

Le PowerTag, monté sur les modules Resi9 permet à Schneider Electric de mesure à la consommation de chaque départ au tableau. L’information est remontée à un serveur IP et à un automate Wiser, tous les deux montés aussi au tableau, puis envoyé en WiFi à l’appli Wizer. ©PP

 

Tout commence par la connectivité

 

Comme le rappelle Jérôme Boissou, responsable du programme Eliot chez Legrand, à Light + Building, tout commence par la connectivité. Le programme Eliot consiste à systématiquement développer la connectivité des appareils. Legrand dispose, selon Jérôme Boissou, de 81 familles de produits. Le but est de les rendre connectées, chaque fois que cela a du sens pour leurs utilisateurs.

 

Fin 2017, 32 de ces familles de produits étaient connectées. Legrand se propose d’atteindre 40 familles connectées en 2020. Schneider Electric, de son côté, descend déjà la connectivité jusqu’à chaque départ d’un tableau électrique domestique. Les modules Resi9 – un par départ, sont chacun complétés par un PowerTag placé au-dessus, qui mesure les consommations d’électricité de ce départ.

 

L’ensemble des modules Resi9 communiquent avec la passerelle IP montée dans le tableau et avec le module domotique Wiser. Cet ensemble de matériels collecte les données de consommations électriques, départ par départ. Le module Wiser les met en forme et les pousse vers l’App Wiser qui les restitue de manière facilement compréhensible pour l’utilisateur final.

 

Le module Wiser monté au tableau fait partie de la toute nouvelle gamme Wiser, qui n’a plus grand-chose à voir avec le système domotique du même nom, introduit en France il y a environ 4 ans et tranquillement oublié depuis. Un article sera bientôt consacré à Wiser, ce phénix qui renaît de ses cendres.

 

 

 

Jérôme Boissou, responsable du programme Eliot chez Legrand, est l’avocat inlassable de la connectivité utile. ©PP

 

Ensuite, il faut choisir le bon réseau en fonction de l’application

 

Ensuite, après avoir rendu les objets connectables, il faut choisir, application par application, univers par univers, le ou les réseaux de communication qui conviennent le mieux. A ce propos, Legrand et Schneider convergent largement. Pour l’univers domestique en Europe, tous deux semblent avoir principalement fait le choix de Zigbee Pro pour les communications sans fil, avec la couche applicative ZigBee 3.0 au-dessus.

 

Legrand montre aussi des contrôleurs de lumière fonctionnant sur des réseaux sans fil Thread et avec OCF ou Dotdot en guise de couche applicative. Sa toute nouvelle gamme Celiane With Netatmo fonctionne en ZigBee.

 

Schneider Electrique, grâce à son rachat de l’allemand Merten, dispose d’une très forte présence en Allemagne dans le monde de KNX. Il met donc en avant, bien davantage que Legrand, les applications sons KNX et propose à Light + Building, une nouvelle passerelle Wiser KNX avec KNX en aval et ZigBee et WiFi en amont, ainsi qu’une nouvelle station météo (vitesse du vent, ensoleillement, température, pluie) extérieure sous KNX pour l’univers domestique.

 

 

 

En tertiaire et en logement collectif, le choix des deux constructeurs consiste largement en automates multiprotocoles : BACNet/IP, BACNet/MSTP, Modbus RTU, Modbus TCP, KNX, WiFi, ZigBee, TCP/IP, … Les protocoles figurent par défaut dans l’automate ou bien peuvent être ajoutés grâce à des cartes d’extension. ©PP

 

 

 

 

 

Cet automate Schneider Electric contient un webserveur, c’est un client et un serveur BACNet/IP, il communique en Modbus, en ZigBee, en enOcean. ©PP

 

Les automates multiprotocoles

 

Pour le tertiaire et le collectif, les deux entreprises font un choix similaire : celui d’automates multiprotocoles, capables de communiquer simultanément sur plusieurs protocoles. Schneider Electric propose, par exemple, une nouvelle passerelle KNX/DALI avec un ou deux bus DALI filaires en aval. Elle fait également office de variateur et de contrôleur de température de lumière.

 

Schneider Electric dévoile à light + Building deux nouveaux automates multiprotocoles : Wiser for KNX/HomeLYnk, spaceLYnk. Wiser for KNX, auparavant connu sous le nom HomeLYnk, est un automate pour le collectif et le tertiaire. Il contient un serveur Web et pousse des pages web pour la visualisation et le pilotage sur un réseau TCP/IP ou KNX/IP. Il recueille et traite des données à partir de caméras IP, de réseaux IR-232 (infra-rouge).

 

Il est certifié comme « BACNet Application Specific Controler » (B-ASC), fait office de serveur BACNet pour 150 points, communique en Modbus RTU/TCP (10 appareils en aval) et en KNX. Enfin, il sert de passerelle (traducteur) entre Modbus RTU/TCP et KNX.

 

L’automate spaceLYnk est destiné aux petits et moyens bâtiments tertiaires. Il pilote l’éclairage, le chauffage, la ventilation et la climatisation en KNX, les compteurs en Modbus RTU/TCP, contient une capacité d’analyse des données recueillies et un webserveur pour les pousser vers des Applications sur smartphone ou tablette ou vers une supervision sur PC. Enfin, c’est un serveur BACNet (500 points) et un pilote de 31 appareils Modbus.

 

 

 

Dans le cadre de ses développement, Legrand a rendu son thermostat intelligent SMARTHER, compatible Cloud-to-Cloud avec Alexa, HomeKit de Apple et Google Assistant. ©PP

 

 

 

Pour des applications sécurité en logement, Classe 300X, le portier vidéo connecté de Legrand, la caméra IP WISENET (Smasun), la serrure connectée YALE (Assa Abloy) communiquent directment en ZigBee ou en WiFi vers la box internet du logement, puis vers leurs Clouds respectifs pour parvenir à une interopérabilité qui est un mélange de local et de cloud. ©PP

 

 

 

En Hôtellerie, Samsung et Legrand utilisent le téléviseur et sa télécommande infrarouge comme interface de commande de la chambre, grâce à du Cloud to Cloud et à une clef USB/ZigBee branchée sur le téléviseur. Ce qui permet de donner des ordres à l’éclairage, à la climatisation, etc. ©PP

 

Nouer des partenariats pour l’interopérabilité

 

Ensuite, une fois les appareils connectés et les bons réseaux de communication retenus, il faut encore que les solutions développées soient capables de parler avec leur environnement. C’est là que les stratégies de Legrand et de Schneider Electric divergent assez nettement. Tous deux nouent des partenariats, parfois avec les mêmes acteurs, Somfy par exemple qui est incontournable dans la motorisation des protections solaires, des stores et autres volets roulants.

 

Legrand développe son programme « Work with Legrand », qui, marché par marché, est développé avec les mêmes partenaires ou des partenaires différents. Samsung semble toujours présent, par exemple. Du point de vue technique, « Works with Legrand » contient toujours une composante locale – pour l’instant, largement ZigBee – et un détour par le Cloud Legrand. Lequel Cloud fonctionne sur une base Microsoft Azur

 

A Light + Building, Legrand illustre cette approche par trois tableaux sur son stand : l’univers domestique et la sécurité, le confort dans la maison et une chambre d’hôtel. Le détour par le Cloud et l’interopérabilité de Cloud à Cloud, chacun ouvrant à l’autre ses API (Application Programming Interface) simplifie la conception et l’installation, ainsi que l’intégration éventuelle de nouveaux partenaires.

 

                                                

 

De gauche à droite, Lars Tveen, President Danfoss Heating Segment, Philippe Delorme, Schneider Electric Executive Vice-Président for Buildings & IT Business, Jean-Guillaume Despature, Directeur Général de Somfy, tiennent à manifester l’intensité de la nouvelle Alliance pour l’Interopérabilité, nouée entre Danfoss, Somfy et Schneider Electric. ©PP

 

 

 

Dans le cas Hôtellerie, le boîtier Hotel Room Controler (HRC) de Schneider Electric pilote les équipements des deux autres partenaires. Son firmware a été modifié en conséquence. ©PP

 

 

 

 

L’application gestion d’énergie de Schneider Electric restitue les consommations, chambre par chambre, par groupes de chambres (étage, etc.) et pour l’hôtel entier. C’est soit une application indépendante sous Windows, sur téléphone et tablette iOS et Android, soit un webservice interprété par la Supervision de l’hôtel. ©PP

 

L’Alliance Danfoss-Somfy-Schneider Electric pour l’interopérabilité

 

De son côté, Schneider Electric a tenu une conférence de presse à Light + Building pour annoncer le lancement de son « alliance pour l’interopérabilité » avec Danfoss et Somfy.

 

D’autres partenaires, choisis parmi les entreprises avec lesquelles les trois fondateurs de l’alliance entretiennent déjà des liens techniques et commerciaux, comme Atlantic, Sonos, Urmet ou Panasonic, par exemple, sont pressentis pour rejoindre cette nouvelle alliance. Du point de vue technique, la démarche repose sur l’identification de « cas d’application ».

 

Trois cas sont présentés à Light + Building : logement neuf ou réhabilité, logement haut de gamme, hôtels. Il en existe déjà trois autres, semble-t-il. Chaque cas est traité de manière locale par une combinaison de hardware et de software issus des trois partenaires initiaux et modifiés pour la circonstance. La production de cette alliance pour l’interopérabilité consistera donc en une série de packages – hard + soft, spécialement adaptés – répondant chacun à une situation particulière.

 

Si un quatrième partenaire s’ajoute à un cas précis, il faut au minium modifier le firmware des automates déployés pour ce cas et peut être ajouter un composant hardware. Dans note prochain article, nous vous parlerons de deux autres français – Occitaline et Arcom -, beaucoup plus petits, mais très inventifs aussi et des solutions qu’ils développent en commun.

 

 

 

Dans le cadre de l’alliance Danfoss-Somfy-Schneider Electric, le cas logement est traité par des boîtiers montés sur le rail DIN du tableau électrique. A gauche, un boîtier Tahoma de Somfy ; à droite, un boîtier Wiser de Schneider Electric. Entre les deux, une série de boîtiers d’expansion. Chacun correspondant à l’un des protocoles de communication dont ont besoin les appareils terminaux de l’installation : Danfoss-Connect (Z-Wave) pour les robinets thermostatiques Danfoss, ZigBee pour l’éclairage, … Le pilotage global est pris en charge par le boîtier Tahoma. L’application Tahoma pour smartphone restitue les données énergétiques collectée par le boîtier Wiser et les modules resi9 de Schneider-Electric. ©PP




Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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