"L'enquête arrivant à son terme, il était inenvisageable que le maire, sous le mandat duquel le stade a été construit, ne soit pas entendu", a expliqué Me Jean-Yves Leborgne, confirmant cette audition annoncée par Nice Matin.
Christian Estrosi a été entendu dans les bureaux des enquêteurs à Nanterre "pendant près de quatre heures, ce qui est relativement court", a souligné l'avocat."Ses réponses m'ont paru pertinentes et capables de mettre un terme à tout soupçon", a-t-il ajouté.
Le grand stade niçois de plus de 35.000 places, inauguré en septembre 2013 et géré par une filiale du groupe Vinci, Nice Eco Stadium (NES), avait été construit sur la base d'un partenariat public privé (PPP) et fut l'une des enceintes de l'Euro de football 2016.
L'enquête préliminaire avait été ouverte en janvier 2015 par le parquet national financier, après un rapport sévère de la Chambre régionale des comptes (CRC) de Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui critiquait notamment les conditions juridiques du recours à un PPP et la procédure de sélection du partenaire.Cinq mois plus tard, des perquisitions avaient été réalisées sur la Côte d'Azur et en région parisienne, notamment à la mairie de Nice et chez Vinci et Bouygues.
Selon le rapport, le stade coûtait 372 millions d'euros sur la durée du contrat, de 2014 à 2040. Le coût de construction était de 204 millions d'euros, précisait à l'époque M. Estrosi, en jugeant discutable d'y ajouter les loyers dus par la collectivité pendant 27,5 ans d'exploitation. Le concurrent le moins cher au moment des offres initiales (Bouygues) avait fortement augmenté son prix au moment de l'offre finale.
"L'explication fournie par la commune en cours d'instruction, selon laquelle ce candidat se serait +trompé dans son prix+, est surprenante pour une société de cette envergure qui obtenait au même moment le contrat du stade Vélodrome de Marseille", pointait notamment le rapport de la CRC. S'appuyant sur ce rapport, l'association anticorruption Anticor s'était constituée partie civile en mai 2016.
Sa plainte, déposée pour favoritisme, versait aussi au dossier des éléments susceptibles de constituer une éventuelle prise illégale d'intérêt: le Crédit agricole était alors partenaire financier de NES, or un des conseiller municipaux ayant voté les délibérations présidait une des caisses de la banque coopérative.