"Cette nouvelle donne fait entrer l'OM dans le club des grands clubs européens qui ont l'usage exclusif de leur stade", a souligné le maire LR de Marseille, Jean-Claude Gaudin, à l'unisson du président du club, Jacques-Henri Eyraud.
Selon l'accord, dont les détails sont confidentiels et dont les modalités d'application doivent encore être discutées, la ville restera propriétaire de l'enceinte de 67.000 places, construite via un partenariat public-privé (PPP) par Arema, une société dont le tour de table compte BPCE (via le fonds Mirova, 54%), la Caisse des Dépôts (31%) et Bouygues Construction (10%).
Mais le club olympien, qui n'était jusque-là que locataire de l'Orange Vélodrome, moyennant au moins 5 millions d'euros par an de loyer, en récupère les clés auprès d'Arema, qui lui en "sous-délègue" l'exploitation qu'elle assurait jusque-là. En clair, l'OM organisera elle-même compétitions sportives hors championnat de foot, concerts ou séminaires d'entreprise, destinées à rentabiliser le stade "365 jours par an", selon M. Eyraud.
L'OM récupère également le contrat de "naming" avec l'opérateur Orange, qui a donné son nouveau nom à l'Orange Vélodrome, et prévoit d'ouvrir un musée. "Les flux financiers qui remontent à la ville sont garantis comme ils l'étaient" auparavant, a souligné M. Eyraud. Arema, qui verse quelque 13 millions d'euros par an à la ville, reste en effet garant vis-à-vis de la ville, et du contribuable marseillais, de la bonne exécution du PPP.
Ce PPP, étrillé à plusieurs reprises par la chambre régionale des comptes pour les conditions financières qu'il impose à la cité phocéenne, ainsi que l'accord signé avec l'OM, courent jusqu'en 2045 --date à laquelle l'enceinte doit revenir "comme neuve" à la ville. Sa reconstruction aura coûté au total 270 millions d'euros.
Outre les matchs de l'OM, le Vélodrome a déjà accueilli un certain nombre d'évènements, dont fin juin un concert des Rolling Stones, mais n'est pas encore parvenu à l'équilibre.Rapidement, "nous espérons faire en sorte que le chiffre d'affaires soit en progression significative", a fait valoir le président du club.
L'OM a par ailleurs désormais les mains libres pour engager des investissements "de long terme" sur le stade, même si M. Eyraud se défend de vouloir en faire "un parc d'attractions". Le dirigeant a annoncé un premier investissement de 7 millions d'euros dans les 12 prochaines mois, partagé avec Arema. Il s'agit notamment de refaire totalement les pelouses et d'améliorer l'éclairage et la sonorisation du stade, jugées en-deçà de ceux des grandes équipes européennes.
Citant l'exemple du PSG, unique gestionnaire du Parc des Princes ou du FC Nantes, propriétaire de son stade, M. Eyraud espère en finir avec les "lourdeurs logistiques", la "pelouse de mauvaise qualité" et "l'expérience" limitée pour les fans. La gestion totale du Vélodrome était présentée comme un enjeu majeur depuis deux ans par l'équipe du nouveau propriétaire de l'OM, l'Américain Franck Mc Court.
Mais les discussions ont été "parfois compliquées", a reconnu le président d'Arema Bruno Botella, qui a salué "un accord équilibré". M. Mc Court avait été jusqu'à menacé de "quitter Marseille" faute d'accord sur le sujet, estimant que ne pas posséder ou au moins gérer son propre stade était un inconvénient majeur dans la concurrence entre grands clubs de foot.
De son côté, Jean-Claude Gaudin a remercié "les actionnaires d'Arema", et Martin Bouygues, PDG du groupe du même nom, pour avoir "consenti les efforts nécessaires".