Si, il y a quelques années, le carrelage 30 x 30 cm était considéré comme grand, aujourd’hui, 45 x 45 cm est une taille standard, les carreaux 60 x 60 cm sont courants et les tailles supérieures sont en vogue.
Les show-rooms montrent de nombreux exemples de carrelages, souvent présentés sans joints, avec un très beau résultat visuel, qui n’est pas toujours évident à mettre en œuvre.
La pose de ces carreaux de grandes dimensions peut engendrer des problèmes techniques (carreaux qui sonnent creux, risque de casse) mais surtout esthétique, le moindre désaffleurement des carreaux se révélant très visible sur l’ensemble du sol.
Pour répondre à la demande du marché, un Cahier de prescription technique (CPT) sur les revêtements de sols intérieurs en carreaux céramiques de grand format est sorti en juin 2009. Il est restrictif sur les possibilités de pose: uniquement en sol, pour des locaux classés P3, sans siphon de sol, en neuf et avec des joints droits de 5 mm minimum de large.
Il devrait évoluer d’ici peu pour mieux répondre à la demande réelle sur ce type de carrelage : pose au sol mais aussi en mural, joints minces et décalés, voire carrelage mince. En attendant, les fabricants proposent des solutions alternatives.
Christine Gilliot, responsable de la division revêtement, étanchéité, enduit et mortiers au CSTB
Toujours d’un point de vue esthétique, la pose à joints droits est plus tolérante. Avec des joints décalés, il peut y avoir un effet écailles de poisson visible dès que les carreaux ont le moindre défaut.
C’est pour cela que dans le CPT, ne sont visés que les joints droits de 5 mm minimum. Cela ne correspond pas à l’attente du marché qui penche pour des joints très minces, voire quasi nus, et des joints décalés. Pour aller en ce sens, il faut avoir des exigences encore plus grandes que celles du classement UPEC.
Tant que les très faibles tolérances dimensionnelles comme celles de la classification P4+ ne sont pas étendues à de plus grands formats (4 050 cm2 maximum aujourd’hui), la mise en œuvre est restreinte à une pose à joints droits d’une largeur minimum de 5 mm. Mais ce n’est qu’une première étape et le but est de pouvoir aller plus loin. Des discussions sont en cours.
Source : batirama.com / Corinne Montculier
Cette pose est réservée aux locaux classés P3. La planéité du support doit être plus stricte que celle communément admise en gros œuvre : 3 mm maximum sous la règle de 2 m (1mm sous la règle de 1m).
Au-dessus de la structure porteuse, uniquement à base de liant hydraulique, un ouvrage d’interposition est mis en place: soit une chape désolidarisée ou flottante traditionnelle, réalisée par l’entreprise de carrelage. Soit une chape fluide à base de ciment ou d’anhydrite. Une désolidarisation périphérique est réalisée avec une bande compressible de 3 mm minimum.
Le mortier-colle choisi doit être de classe C2S1 ou C2S2 et être certifié CSTB. La pose se fait par double encollage avec un mortier-colle de consistance normale ou par simple encollage avec un mortier-colle fluide. De nombreux fabricants de mortiers conseillent le double encollage, qui permet d’éviter des bulles d’air sous le carreau qui le feraient sonner creux.
L’application du mortier-colle se fait à la spatule 8 x 10 x 20 ou demi-lune 20, pour une consommation de 8 kg/m2. Les carreaux sont battus ou pressés fortement, ou vibrés de manière à permettre l’écrasement des sillons de colles sur au moins 70% de la surface. Les joints doivent être droits et mesurer au moins 5 mm.
Intérêts :
pose conçue pour ne pas avoir de désordres, eshétique.Limites :
pose uniquement en neuf, joints décalés impossibles, choix du carrelage limité.
Source : batirama.com / Corinne Montculier
Réservée aux planchers chauffants à eau de type C, cette pose est aussi décrite dans le CPT Sols grands formats.
La pose sur plancher chauffant, toujours en travaux neufs, est également autorisée. Mais seuls les planchers de type C sont visés, c’est-à-dire les planchers chauffants basse température, où la température de l’eau ne dépasse pas 50°C.
Ils doivent être en tubes métalliques (acier ou cuivre) ou en Per. Les planchers réversibles et les planchers chauffants électriques sont exclus.
Les éléments chauffants sont noyés dans une couche d’enrobage par-dessus laquelle est posée une double couche de désolidarisation (un double film de polyéthylène).
Puis vient une deuxième chape désolidarisée sur laquelle est collé le carrelage. Ce système est conçu pour éviter les problèmes de fissuration que pourraient entraîner les dilatations du plancher chauffant.
Son plus grand inconvénient est d’être obligatoirement prévu dès la conception du bâtiment, pour réserver l’espace nécessaire à la mise en place de la double chape.
Le joint périphérique doit ici être de 5 mm et non 3 mm. Le reste de la pose étant identique à celle sur sol neuf : mortier-colle de classe C2S1 ou C2S2, application à la spatule 8 x 10 x 20 ou demi-lune 20, joints droits de 5 mm de large minimum.
La pose se fait par double encollage si la consistance est normale, ou simple encollage si la consistance est fluide. Les fabricants conseillent néanmoins de beurrer l’envers du carreau, même si la réglementation ne l’impose pas.
Joints minces et décalés, carreaux de faible épaisseur, pose murale ne sont pas pris en compte dans le CPT. Les fabricants proposent des solutions alternatives.
Les conditions de mise en œuvre décrites dans le CPT ne correspondent pas toujours à la réalité des chantiers et aux demandes des clients. Rénovation, pose en mural, utilisation de carreaux grands formats de faible épaisseur (4,5 mm, voire 3 mm, contre 12-15 mm pour les carreaux visés par le CPT) ou simplement joints minces en décalé, peuvent être des situations rencontrées.
Les fabricants de mortiers proposent aussi des mortiers-colles allégés, qui ne permettent donc pas de respecter les consignes du CPT, qui demandent une consommation de 8 kg/m2. Le choix peut aussi se porter sur des carreaux non classés UPEC. Il faut faire alors attention à leur planéité, les défauts sont beaucoup plus visibles qu’avec des carreaux de petite taille, sans possibilité de rattraper avec le mortier-colle.
Pour ces différents cas, la pose n’est pas impossible mais n’est pas couverte par la réglementation. Il faut alors demander au fabricant de mortier une préconisation technique qui servira à étayer une demande d’extension de garantie auprès de son assureur, pour ce chantier particulier.
Intérêts :
permet des poses plus esthétiques, dans des conditions plus larges que le cadre strict du CPTLimites :
pose non réglementaire, demande une extension d’assurance pour que le chantier soit couvert.
Ces carreaux doivent avoir un certificat NF UPEC au moins égal à celui du local. Ce classement est plus strict sur les tolérances dimensionnelles (rectitude des arêtes, courbure centrale, courbure latérale et voile) que la norme NF P 14-411.
Ces carreaux étant lourds, la pose se fait de préférence à deux personnes, à l’aide de ventouses qui facilitent le positionnement correct.
Source : batirama.com / Corinne Montculier