Logistique : la Métropole du Grand Paris se saisit du dernier Kilomètre

Logistique : la Métropole du Grand Paris se saisit du dernier Kilomètre

La Métropole du Grand Paris s’attaque à la logistique du dernier kilomètre, avec comme objectif l’harmonisation des règles de circulation, de stationnement et la diminution des nuisances.




L’avenir de la Métropole du Grand Paris (MGP) n’est toujours pas assuré. Le Président de la République, après avoir indiqué, il y a près de deux ans, que cette structure ne lui plaisait pas et annoncé son éventuelle modification-fusion-disparition, tarde à préciser sa pensée, ses objectifs et les moyens auxquels il songe.

 

Suspendue dans ce vide existentiel, la MGP – sous la conduite de son président Patrick Ollier et de tous ses vice-présidents, dont Patrick Braouezec – a développé une stratégie originale : elle agit rapidement et de manière utile. Crée en 2016, la MGP rassemble 131 communes, dont Paris, et 11 territoires, soit environ 7,15 millions d’habitant.

 

La MGP est plus grande que Paris, mais plus petite que la région Île-de-France, dans laquelle elle est englobée. La première édition de son programme « Inventons la Métropole », par exemple, qui identifie des sites pouvant faire l’objet d’opérations de construction de logements et de locaux tertiaire et s’assure de leur disponibilité après avoir levé tous les obstacles juridiques et administratifs à leur exploitation, avait été un grand succès.

 

Plusieurs dizaines d’opérations ont été lancées. La seconde édition de ce programme a été annoncée au printemps 2018. La MGP réussit, autour d’objectifs locaux, à faire travailler ensemble des municipalités et groupements de communes de tous bords politiques. L’idée est que si la MGP prouve son utilité, ce qui semble largement acquis après seulement deux ans d’existence, le gouvernement n’aura aucune incitation à la modifier, ni même à la faire disparaître.

 

Une question complexe

 

Lundi 10 septembre, la MGP s’est emparée de la question de la logistique du dernier kilomètre. C’est une question plus complexe qu’on l’imagine. Pour la résoudre, la MGP a constitué un groupe de travail qui rassemble 46 entités, communes, entreprises (La Poste est là, comme d’habitude, ainsi que la Caisse des Dépôts et Consignations), fédérations (FNTP) et syndicats professionnels.

 

Ces 46 ont ainsi signé le « Pacte pour une Logistique Métropolitaine ». Il contient 4 axes et 12 mesures qui doivent être rapidement instruites et mises en œuvre. Les 4 axes possèdent des intitulés un peu abstraits, qui deviennent rapidement concrets lorsqu’on y réfléchit.

 

Le premier - « optimiser les flux et livraisons » - part du constat que les gros entrepôts logistiques se trouvent avant tout au nord et à l’est de l’agglomération, tandis que la majorité des clients réside plutôt au sud et à l’ouest. Minimiser les nuisances – pollution, bruit, circulation, … - suppose un rééquilibrage avec la création de centres logistiques à l’ouest et au sud, par exemple.

 

Le second axe – « favoriser la transition des flottes vers des véhicules à faibles émissions et silencieux » - se propose de soutenir le développement des utilitaires électriques, GNV (Gaz naturel Véhicule) et à pile à combustible. Ce qui implique une politique de développement de stations de recharges électriques Harmonisées : la même prise et les mêmes conditions techniques de chargement pour tout le monde. Ainsi que le développement de stations-services GNV et hydrogène. Ce qui pose la question de la production sur site ou de l’approvisionnement en hydrogène.

 

Harmoniser les règles

 

Le troisième axe – « valoriser l’intégration des fonctions logistiques dans l’urbanisme et les projets d’aménagement » - rappelle tout simplement, que face au développement exponentiel de l’e-commerce, il faut penser à la manière dont il peut être astucieusement facilité lors de chaque opération d’urbanisme.

 

Le dernier axe – « le consomm’acteur, un maillon facilitateur de la chaîne logistique » - est un peu moins clair. Le gros chantier que la MGP a lancé et espère résoudre rapidement est l’idée de l’harmonisation des règles de voirie, de circulation et de stationnement qui demeurent essentiellement différentes entre les communes riveraines.

 

Patrick Braouezec – vice-président de la MGP, président de Plaine Commune et tout récent président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris – souligne que la plupart des collectivités territoriales de la MGP préparent leur PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) et que cela constitue une excellente opportunité pour mettre en œuvre une harmonisation des règles de circulation, de stationnement des véhicules de livraison, etc.

 

Au passage, la Capeb et la FFB ne participent pas au Pacte pour une Logistique Métropolitaine, c’est pourtant le moment de pousser à l’harmonisation des règles de stationnement des véhicules des artisans et des entreprises pour faciliter l’accès à leurs chantiers et lever des freins à leur activité. La MGP vise avant tout à développer l’activité économique dans son périmètre. C’est le moment de leur parler de cette question épineuse.

 

Convaincre de façon rationnelle

 

Pour faire aboutir ses projets, la MGP ne dispose d’aucun pouvoir de contrainte, ni de budget significatif pour graisser les rouages. Elle doit convaincre. Ce qui la force au rationnel et la cantonne à l’utile.

 

Pour harmoniser les règles de circulation, par exemple, la MGP est en train de créer trois périmètres d’expérimentation, rassemblant chacun 4 communes ou territoires au minimum. Le but est de parvenir, au terme d’un an à 18 mois d’expérimentation, à la rédaction d’arrêtés municipaux-types que toutes les collectivités territoriales de la MGP devront reprendre dans les mêmes termes pour qu’apparaissent une réelle harmonisation.

 

La MGP envisage par exemple de définir un cahier des charges d’aires de livraisons connectées et intelligentes qui reconnaîtront les véhicules autorisés, signaleront les stationnements abusifs, etc. Le but, en assurant des stationnements, est de faire disparaître les véhicules de livraisons en double file.

 

Naturellement, pour réduire les coûts, il faut mutualiser : protocoles de communication, … Parmi les autres tâches envisagées, citons l’emploi des gares et moyens de transport en commun pour la livraison des marchandises : les tramways, trains et métros participant la nuit au transport de marchandises, par exemple. La MGP envisage aussi de développer le transport fluvial.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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