"Lorsque j'ai voyagé pour la première fois au Japon, j'ai été intéressé par la façon dont Tokyo a grossi, comment ont été conservés des petits quartiers et ruelles entre les larges avenues et comment se sont construits dans ces vieux quartiers des petits immeubles très modernes, c'était très excitant, car cela donnait une sensation qui n'existait pas dans la théorie de l'urbanisme moderne", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse à Tokyo.
Diplômé des Beaux Arts en 1969 et auteur d'un premier projet en 1974, cet admirateur de nombreux architectes japonais, dont Arata Isozaki ou Tadao Ando, se souvient qu'à ses débuts "le Japon était le centre de l'architecture mondiale, montrant de nouvelles voies".
"J'ai certainement été influencé par cette modernité dans les réseaux de vieilles rues, c'est très intéressant car nous n'avons pas cela en Europe. Pourquoi ? Parce que généralement, quand il y a de vieux quartiers, nous gardons l'apparence des immeubles anciens, mais ici, au Japon, de nouveaux bâtiments de styles très différents émergent dans des quartiers anciens".
Selon lui, cette capacité à faire cohabiter dans des espaces citadins des constructions si diverses donne aussi une direction pour l'avenir. "C'est une leçon pour le futur car nous devons conserver une certaine densité de population dans les villes, nous devons éviter qu'elles ne s'étendent à l'infini car cela détruit la nature, crée des longues distances et génère et fait peser une charge trop lourde sur l'environnement".
D'après lui, ce qu'il faut aussi, "c'est au contraire penser à mettre de l'agriculture au coeur des villes, cela commence à se faire parfois au Japon et c'est une direction qui m'intéresse beaucoup", dit-il.
Architecte et urbaniste, premier lauréat du prix Pritzker, équivalent du prix Nobel, en 1994, il souligne avoir "une responsabilité sociale" en tant que créateur d'espaces publics. M. de Portzamparc a une relation particulière avec le Japon car ce sont des Japonais qui les premiers l'ont remarqué.
"Mon premier projet, le château d'eau de Marne la Vallée (en 1974, NDLR), a d'abord été présenté dans une revue au Japon avant de l'être en France". Et celui qui conseille aujourd'hui aux étudiants en architecture de voyager, photographier, dessiner et penser à leur rôle social, se souvient "avoir fait de longues visites au Japon, à Nara, à Kyoto, Tokyo, dans le but justement de comprendre cette capacité à fondre le moderne dans des concepts et lieux anciens".