Cette plainte contre Vinci, Vinci Construction Grands Projets (VCGP), sa filiale qatarie Qatari Diar Vinci Construction (QDVC) et leurs représentants vise aussi des chefs de "réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel", indiquent l'association Sherpa et le Comité contre l'esclavage moderne (CCEM) dans un communiqué.
Elle "fait suite à une enquête menée par Sherpa en Inde en septembre 2018 qui a permis de réunir de nouveaux éléments et témoignages qui viendraient confirmer la première enquête de l'association menée en 2014 au Qatar", explique cette source, en soulignant que c'est la première fois que d'anciens travailleurs de la multinationale portent plainte.
Les employés migrants de Vinci qui oeuvrent sur les chantiers de la Coupe du monde de football de 2022 "travailleraient, passeport confisqué, entre 66 et 77 heures par semaine, entassés dans des chambres exigües aux sanitaires insuffisants, percevant des rémunérations sans rapport avec le travail fourni, menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications". Par ailleurs, leur salaire minimum "correspond à moins de 2% du salaire moyen qatari", ajoute l'association.
Sherpa, qui s'est fixée pour but de défendre les populations victimes des crimes économiques, avait déjà déposé en mars 2015 une plainte à Nanterre, près de Paris, contre Vinci Construction Grands Projets et sa filiale au Qatar, mais en février dernier, l'enquête préliminaire a été classée sans suite. Fin septembre, elle avait déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la désignation d'un juge d'instruction.
Dans le cadre de sa riposte judiciaire après la plainte de Sherpa mars 2015, la firme a porté plainte contre l'association pour diffamation. Après lui avoir réclamé 350.000 euros, Vinci ne demande plus qu'un euro symbolique de dommages et interêts.