Hervé de Maistre, président de l’Association française des industries des produits de construction (AIMCC) a présenté les conclusions de la troisième édition de l’enquête d’opinion « Tendances Conjoncture AIMCC ».
Cette étude menée auprès des 80 organisations professionnelles membres de l’association permet de dresser un bilan de l’année 2018 et d’établir une photographie des perspectives du marché français de l’ensemble des produits entrant dans la construction (gros œuvre, second œuvre et équipements).
Sur 70 organisations interrogées, 58 ont répondu, permettant d’obtenir un taux de réponse de 83 %, relève Carole Deneuve, chef du service économique et des statistiques de l’Unicem (organisation membre de l'AIMCC) . « L’année 2018 est décevante, nous attendions de meilleurs résultats avec + 4 à + 6 % de progression de l’activité mais elle n’a pas dépassé + 2,3 %, selon les chiffres de la FFB » souligne la responsable.
Certes plusieurs facteurs expliquent ces piètres performantes en 2018, indique l’AIMCC, qui cite les intempéries, les problèmes de recrutement notamment des chauffeurs routiers, les conflits sociaux à la SNCF et le rabotage de mesures de soutien. Sans oublier l’environnement économique compliqué, avec l’évolution du coût des matières premières et la hausse des prix du carburant.
Si l’activité des Travaux publics est restée solide (+ 7 %) grâce aux grands chantiers en cours, dont le Grand Paris, on sait que le résidentiel poussé par le logement neuf, a amorcé son atterrissage tandis que l’entretien-amélioration ne décolle pas vraiment (+ 0,5 %).
Résultat, en 2018, deux tiers des organisations sondées par l’AIMCC indiquent avoir enregistré une stabilisation ou une légère augmentation de leur activité (+ 0 à 3 %) tandis qu’un quart des adhérents ont enregistré un repli d’activité ; Toutefois, 10 % d’entre eux ont connu une augmentation de + 7 à 9%.
Pour 2019, la situation s’annonce plus favorable selon l’AIMCC. En effet, 58 % des sondés entrevoient une légère hausse de l’activité (+ 1 à + 3 %) et 34 % d’entre eux pronostiquent une stabilisation. Seuls 8 % envisagent un repli.
« Toutes les enquêtes Insee sont encore bien orientées pour l’activité du premier semestre 2019, avec de bons carnets de commandes à la clé » commente Carole Deneuve. Le climat des affaires ne risque pas toutefois d’être le même lors du 2e semestre.
Selon ces perspectives, le non-residentiel restera solide en 2019 (+ 2 %) et l’entretien-amélioration connaîtra une situation identique à 2018 (+ 0,5 %). En revanche, le logement neuf devrait poursuivre son atterrissage (- 6,6 %) alors que les travaux publics commenceront à baisser (+ 3 % en volume contre + 7 % en 2018).
Concernant les trois segments d’activité représentés par l’association, gros-oeuvre, second oeuvre et Equipements techniques, des différences notables apparaissent. Ainsi, le gros oeuvre semble davantage impacté en 2018. 38 % des répondants ont connu un repli (- 1 à 3 %) et 38 %, soit autant, ont connu une hausse de 1 à 3 %. 15 % déclarent une activité stable.
Pour l’année 2019, l’activité sera très modérée et comprise en moyenne entre + 1 à 3 %, selon 54 % des répondants. 31 % tablent sur une stabilisation et 11 % redoutent un repli.
Le second oeuvre a également subi le ralentissement de l’activité, mais il s’en sort mieux. 53 % des sondés ont connu une hausse de 1 à 3 % et 10 % ont enregistré une hausse supérieure à 10 %. A noter que 15 % déclarent un repli. En 2019, le repli d’activité n’est pas envisagé par les industriels du second-oeuvre, mais 38 % s’attendent à une stabilisation. Et 52 % restent sur une perspective de hausse modeste comprise entre 1 et 3 %.
Enfin, du côté des équipement techniques (10 % des répondants parmi le panel de l’AIMCC), 80 % ont connu une hausse modeste de l’activité comprise entre 1 et 3% et 20 % sont en léger repli de 1 à 3 %. Pour 2019, aucune organisation du secteur n’envisage de repli : 40 % d’entre elles s’attendent à une activité stable et 60 % parient sur une légère progression en volume.
La quasi-totalité des organisations professionnelles sondées prévoient la stabilité de leurs effectifs, voire une légère augmentation. Et tous les profils de poste sont concernés par ces perspectives de recrutement (exécution, maîtrise, technique, ingénieurs, commerciaux).
Il faut dire que le manque de main d’oeuvre dans les entreprises est un frein pour l’activité (18 % selon les membres de l’AIMCC), tout comme les contraintes financières (12 %) ou alors l’absence de demande (40 %).
Parmi les points de vigilance notés par les organisations professionnelles, le retour de l’inflation accentué par la hausse du coût de l’énergie et des matières premières demeure un sujet d’inquiétude. « 2019 sera encore une année de forte inflation et de défaillances d’entreprises » prédit Hervé de Maistre.
Pour le président de l’AIMCC, ces défaillances résultent de 10 années de faible croissance et de concurrence accrue entre les entreprises qui ont réduit leurs coûts avec des impacts sur leurs marges.
Le retour de l’inflation risque de compliquer la situation, estime le responsable, d’autant que les acteurs de la filière ont dû mal à augmenter leurs prix et à améliorer leur compétitivité. « il va falloir contenir l’inflation et revoir collectivement à la hausse la valeur qui résulte de l’augmentation de la technicité » conclut Hervé de Maistre.
L’AIMCC plaide d’ailleurs en faveur d’une politique industrielle forte inscrite dans les territoires afin de parvenir à un développement territorial équilibré. Selon elle, le contrat stratégique de filière qui sera signé le 13 février à Bercy devrait constituer une première étape positive.
Ce contrat stratégique de filière prévoit un plan de travail pour 2019 autour de plusieurs priorités, parmi lesquels :
. La numérisation des filières et leur stratégie à l’export avec des actions de promotions (sommets France Méditerranée 2019 et France Afrique)
. L’enjeu de l’économie circulaire, de la trajectoire carbone (avec trois enjeux concernant les bâtiments démontables et recyclables, les nouvelles routes connectées multifonctions et enfin les bâtiments zéro déchets)
. L’efficacité énergétique et la massification de la rénovation (comme la lutte contre les passoires thermiques) avec également un grand plan de rénovation des universités
. Accélérateur PME-PMI dans le cadre du programme de la Banque publique d’investissement
. L’emploi-Formation dans le but d’accélérer efficacement la formation des acteurs de l’éco-système Construction/formation avec la mise à disposition d’outils, méthodes, orientations ciblés aux besoins du marché.
Dans ce contrat stratégique de filière, cinq autres actions dites simples seront déployées : l’engagement sur le recyclage des déchets, le retour de la route fluviale, la commande publique exemplaire, les services numériques embarqués et enfin, la lutte contre les îlots de chaleur.
Source : batirama.com / Fabienne Leroy