La ministre de la Justice Nicole Belloubet et le ministre chargé de la Ville et du Logement Julien Denormandie se sont rendus dans ce département de proche banlieue parisienne où, dans un contexte de saturation de l'hébergement d'urgence et du logement social, 7,5 % des logements du parc privé sont potentiellement "indignes".
Via une nouvelle circulaire, le gouvernement ambitionne de sanctionner financièrement les "marchands de sommeil" aussi sévèrement que les trafiquants de drogue. A Pierrefitte-sur-Seine, 30.000 habitants, les ministres ont visité un deux-pièces exigu, humide, bas de plafond et à l'électricité défaillante, au 2e étage d'un pavillon découpé en logements, un phénomène en forte progression en Seine-Saint-Denis.
Surélévation, extensions, aménagements de la cave et du garage : douze boîtes à lettres témoignent du nombre de ménages qui s'entassent dans la bâtisse. A la fin de la visite, le propriétaire est allé à la rencontre des ministres et du maire (PS) Michel Fourcade. Il a assuré avoir voulu "rendre service" et a promis des travaux devant les caméras.
"Vous avez la France comme témoin", a lancé l'élu. "Il faut éradiquer ces pratiques", a enchaîné M. Denormandie, pressant le propriétaire de témoigner auprès des autres "marchands de sommeil" de la "détermination absolue" du gouvernement à les "taper au portefeuille".
Après leur départ, devant les médias restants, le propriétaire s'est adressé aux locataires: "On va faire tout, logement par logement.""Je vais tout refaire, mettre en conformité tout ce qu'on me demande", a aussi assuré cet homme de 68 ans qui dit avoir travaillé toute sa vie comme commerçant.
Dans le même temps, il a affirmé que ce sont les habitants qui ont "fait le bordel" et dégradé le bâtiment. "On espère qu'il sera suffisamment intelligent pour arrêter les pressions sur les locataires", veut croire le maire. Pour proposer des logements décents, pense-t-il, le propriétaire devrait diviser leur nombre par trois, au minimum.
Mohamed Messouadi, 62 ans, vit dans l'appartement du 2e étage avec sa femme et sa fille de 14 ans. Employé à temps partiel, il n'a pas trouvé de logement sur le marché classique, faute de présenter des garanties suffisantes. Il affirme débourser 800 euros par mois, sans les charges. Il explique avoir ouvert sa porte aux ministres malgré les menaces du propriétaire, car "il faut que ça se voie ces choses-là, il faut en parler".