"C'est une histoire terrible", a regretté Martin Bouygues, PDG du groupe, évoquant un "pari perdant-perdant" de la Commission européenne. Contre l'avis de la France et de l'Allemagne, qui soutenaient ardemment cette fusion, la Commission européenne a rejeté début 2019 le mariage prévu entre Alstom et Siemens, estimant qu'il nuirait à la concurrence dans le secteur.
Dans la lignée des positions officielles de Paris et Berlin, Bouygues, qui détient 28% d'Alstom et avait déjà dénoncé sur le moment une décision "idéologique", a jugé qu'elle faisait le jeu de la Chine puisqu'en vient le numéro un mondial du ferroviaire, CRRC.
"Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette affaire, c'est un fonctionnement global de la Commission européenne", a déclaré M. Bouygues, dénonçant "des fonctionnaires qui sont des gens tout à fait respectables", mais ne connaissent pas selon lui le monde de l'entreprise.
Pour autant, Bouygues a minimisé la mauvaise nouvelle que représente pour lui l'échec de l'opération, alors qu'il devait toucher en tant qu'actionnaire un dividende exceptionnel estimé à 500 millions d'euros.
"On ne peut pas parler de manque à gagner", a assuré Philippe Marien, directeur général délégué de Bouygues, renvoyant à la future assemblée générale d'Alstom où sera décidé le montant éventuel d'un dividende exceptionnel malgré l'échec de la fusion.
"Alstom regardera la meilleure configuration possible pour affecter son capital", dont une partie était jusqu'à présent consacrée à l'opération, a-t-il avancé. "La grande chance que nous avons, c'est que nous avons deux représentants dans ce conseil et que nous pourrons faire valoir notre point de vue", a prévenu M. Marien.
A ce titre, il a annoncé que son groupe allait "assumer ce rôle" de premier actionnaire, alors que la fusion d'Alstom et Siemens était vouée à se solder par la sortie de Bouygues.