"Le président de la République, en accord avec le Premier ministre et le ministre d'Etat François de Rugy, a souhaité renforcer l'ambition du texte en matière d'efficacité énergétique et de baisse des émissions de gaz à effet de serre", a expliqué l'Elysée, confirmant une information du Parisien.
L'objectif de baisse de la consommation d'énergie, que le gouvernement voulait réduire de 17% par rapport à 2012, et non plus de 20%, ne sera finalement pas raboté. Et celui de la neutralité carbone en 2050, terme préféré à l'ancienne cible visant à diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre, "sera renforcé", a détaillé l'Elysée.
Selon le député ex-LREM Matthieu Orphelin, le nouvel objectif serait désormais de les diviser par six. La formulation des nouveaux objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique avait été critiquée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) dans un avis rendu public le mois dernier.
Une source au ministère de la Transition écologique a pour sa part rappelé que le président Emmanuel Macron avait plaidé pour "+aller plus vite, plus loin, plus fort en matière d'écologie+" lors d'un débat à Gréoux-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) et que "le report du texte et les modifications dont il devrait faire l'objet s'inscrivent dans cette démarche". Elle a ajouté que les modifications prévues nécessitaient un nouvel avis du Conseil d'Etat. Mais selon l'Elysée, cela "ne devrait retarder ni le calendrier parlementaire ni l'approbation de la PPE".
Le texte doit toujours être présenté au Parlement en juin. M. Orphelin, qui a quitté le groupe LREM le mois dernier pour cause de désaccords notamment sur la politique écologique, a estimé que "la révision à la hausse des objectifs est une bonne chose". "Il faut maintenant se donner les moyens d'y arriver", selon le député qui demande au gouvernement "de grandes mesures pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments, le basculement vers les mobilités propres, ou encore la consommation durable".
Le renforcement des objectifs "est positif" et constitue "un pas dans le bon sens", a réagi de son côté Anne Bringault, du CLER (Réseau pour la transition énergétique) et du Réseau Action Climat. "Maintenant ce qui manque, ce sont les moyens d'action concrets pour atteindre cet objectif. C'est là-dessus qu'on sera particulièrement vigilants", a-t-elle indiqué, soulignant la nécessité de mettre l'accent notamment sur la rénovation énergétique, "puisque le bâtiment est le premier secteur consommateur d'énergie".
Par ailleurs, "sur le nucléaire, pour nous il n'est pas normal que l'objectif de 50% (de nucléaire dans la production d'électricité française) reste à 2035 alors qu'on va faire plus d'économies d'énergie", a-t-elle dit. Cet objectif de 50% était auparavant attendu pour 2025, mais a été repoussé par le gouvernement.
"Nous attendons d'Emmanuel Macron et du gouvernement qu'ils ne se contentent pas de réaffirmer des objectifs déjà actés, mais proposent des mesures à la hauteur de l'urgence climatique", a indiqué pour sa part Greenpeace France.
"Sur le nucléaire, repousser les échéances de dix ans nous fait perdre encore un peu plus de temps et fait peser des risques inconsidérés sur la population", a ajouté Alix Mazounie, chargée de campagne Energie à Greenpeace France, dans une déclaration transmise à l'AFP.