Béton cellulaire renforcé avec un doublage en maison passive

Béton cellulaire renforcé avec un doublage en maison passive

© Cellumat Répondre avec la structure aux besoins d’isolation pour une maison passive, permet dans ce cas un monumur en béton cellulaire. L’isolation a été renforcée par un système plus classique mais efficace.




« Une maison de plain-pied pour les vieux jours, bioclimatique et basse consommation impérativement », tel était le cahier des charges du maître d’ouvrage Raoul Féjéan, pour la construction de cette maison située dans la région de Lannion, en Bretagne.

 

Si ce dernier, qui a une compétence en conception passive et économie de la construction, n’est pas allé jusqu’à la certification, la construction reprend néanmoins tous les codes de la maison passive.

 

Lumière naturelle, apports solaires

 

Premier chapitre, la conception architecturale bioclimatique. La maison est compacte de façon à limiter au minimum les déperditions thermiques, avec garage et pièces techniques en tampon côté nord et de larges ouvertures vitrées côté sud et ouest. Baies vitrées qui apportent à la fois lumière naturelle et apports solaires en demi-saison et période hivernale.

 

Pour le confort d’été, une casquette solaire a été posée au-dessus des baies. Avec une double fonction : limitation des apports solaires des baies vitrées en été et protection de la structure de la maison pour éviter que la chaleur ne soit stockée dans les murs et compromette ainsi les qualités d’inertie et de déphasage de la maçonnerie.

 

La dalle béton est isolée avec 20 cm de polystyrène extrudé, soit une valeur R de 6,5 m2.K/W. © Cellumat

 

Des équipements techniques simples

 

Second point crucial, l’approche maison passive à travers les caractéristiques de l’enveloppe du bâtiment, qu’il s’agisse de la structure ou de l’isolation. L’enveloppe, parfaitement isolée et étanche à l’air, doit permettre de limiter le recours à des équipements techniques puissants et complexes pour le chauffage notamment : « L’objectif, explique Raoul Fejéan, est de compenser le surcoût des travaux liés à l’enveloppe par des équipements techniques simples et peu onéreux ». Ici, ils se limitent donc à une VMC double flux, un chauffe-eau thermodynamique, un poêle à bois dans la pièce à vivre et – au cas où – des radiateurs d’appoint électrique à accumulation dans les chambres et la pièce principale.

 

L’élévation démarre sur une arase qui assure une assise parfaitement plane pour le premier rang. Les rangs suivants sont montés à l’avancement selon la technique du joint mince. © Cellumat

 

Monomur béton cellulaire

 

Pour la structure, Raoul Féjean a choisi le béton cellulaire, en l’occurrence un bloc monomur dédié à la construction passive de 40 cm d’épaisseur, le Passifbloc de Cellumat. Un système constructif qui, outre les caractéristiques de résistance mécanique et de compression, a la capacité d’isoler. « Le béton cellulaire est le seul matériau de structure qui est à la fois porteur et isolant sans doublage ; on peut dire qu’il pousse le Bbio de la construction ». En effet, le bloc avec ses 40 cm d’épaisseur affiche une résistance thermique de 6,32 m2.K/W.

 

Sachant qu’en plus, le maître d’ouvrage a complété le mur porteur à l’intérieur par un complexe d’isolation sur rail avec laine de roche, membrane d’étanchéité à l’air et plaques de plâtre. Résultat : avec les 75 mm de laine minérale en plus, la résistance thermique de la paroi R atteint 8,5 m2.K/W.

 

Les menuiseries à double vitrage participent à la performance de l’ensemble. A noter, il n’y a pas de coulissants, toutes les baies sont à frape en raison de leur meilleure performance d’étanchéité à l’air © Cellumat

 

Isolation et étanchéité à l’air

 

Le doublage intérieur a d’autres vertus : « La cloison désolidarisée évite le rainurage dans le monomur pour le passage des réseaux, lesquels prennent place entre le mur et la cloison. Il permet aussi de masquer les microfissures qui peuvent apparaître avec le temps, lorsque la structure bouge ».

 

De son côté, Christian Leverge, gérant de l’entreprise éponyme qui a mis en oeuvre les doublages et l’isolation, précise : « Le doublage avec la laine de roche participe également au confort acoustique, en cassant la résonnance du monomur ».

 

Les volets roulants électriques sont positionnés dans des coffres tunnels en linteau dans la maçonnerie. © Cellumat

 

Laine de roche soufflée

 

En sous-toiture, isolation et étanchéité à l’air ont été aussi parfaitement étudiées. La mise en oeuvre du système d’isolation a été réalisée dans un plénum sous la charpente en lamellé-collé : « Nous avons soufflé une épaisseur de 40 cm de laine de roche. C’est une solution intéressante, qui assure une bonne homogénéité ; la laine va partout, c’est mieux que le rouleau », explique Christian Leverge.

 

Seule petite difficulté : sa mise en place, celle-ci ayant été réalisée après la toiture : « Nous avons ménagé une trappe de 60 x 60 dans la membrane, ce qui nous a permis de souffler la laine sur toute la surface. Pour que ladite membrane supporte le poids nous l’avons renforcée avec des tasseaux. Une fois terminé, nous avons refermé la trappe puis fixé les plaques de plâtre du plafond ».

 

L’isolant en laine de roche soufflée dans le faux plafond a une épaisseur de 400mm après tassement. © Cellumat

 

Les objectifs du maître d’ouvrage respectés

 

Au final, la maison répond sans difficulté aux objectifs du maître d’ouvrage : « Compte tenu de la zone climatique, le résultat est satisfaisant. Par rapport à la réglementation thermique 2012, le Bbio et le CEP de la maison sont à - 40 %, ce qui répond aux critères passifs. Et le test d’étanchéité a été très concluant : la valeur mesurée est inférieure à 0,20 m3/(h.m2), soit trois fois mieux que la réglementation en vigueur », se félicite le maître d’ouvrage.

 

Fiche technique

 

. Construction d’une maison neuve de plain-pied de 143 m2
. Maître d’ouvrage et maître d’oeuvre : le propriétaire
. Mode de construction : béton cellulaire + doublage intérieur
. Date de livraison : octobre 2018
. Durée des travaux : 13 mois, dont 5 de conception et 8 de construction
. Coût béton cellulaire : 110 euros du m2 HT fourniture et pose
. Coût de la construction : environ 1600 euros/m2

 

Christian Leverge, gérant Sarl Christian Leverge

 

Christian Laverge © SARL Laverge

 

« Je me suis formé pour obtenir une qualification maison passive »

 

« Notre entreprise compte six salariés. Nous intervenons en direct, en neuf et rénovation, avec des architectes ou sur appel d’offres pour des travaux de second oeuvre isolation, plaques de plâtre et un peu de menuiserie. Nous avons bien sûr les qualification RGE et Qualibat qui vont avec.

 

En outre, j’ai suivi une formation spécifique pour avoir une qualification maison passive, une formation assurée par le Bureau d'étude et centre de formation Ty eco2 en Bretagne.

 

C’est une direction que je veux donner à l’entreprise, car c’est un marché plus valorisant et auquel s’intéressent beaucoup les architectes avec lesquels j’ai l’habitude de travailler. Eux aussi cherchent à se diversifier. Au plan technique, cela demande d’avoir de bonnes connaissances et la mise en oeuvre exige un travail de qualité.

 

Par exemple pour assurer l’étanchéité à l’air. La difficulté est de trouver du personnel qualifié. J’essaie de former en interne sur ces questions, en prenant un apprenti ou en recrutant, lorsque j’y arrive ».

 

 

Béton cellulaire, matériau multi-compétence

 

Massifs et résistants à la compression, incombustibles et ininflammables, les blocs de béton cellulaire conviennent à la construction de maisons individuelles ou bâtiments collectifs sur plusieurs étages.

 

Ils sont proposés soit en monomurs (épaisseur 30, 36 ,5, 40 ou 50) assurant ainsi la structure et l’isolation en même temps, soit en blocs de 20 ou 25 – dans ce cas, ils apportent un complément d’isolation non négligeable (R = 3,02 m2K/W ép 25 cm). La légèreté relative des blocs, un découpage facile à la scie, des chantiers propres sont aussi des arguments qui comptent.

 

 

Joint mince, isolation et étanchéité à l’air

 

La pose des blocs a été effectuée à joint mince. Lequel participe pleinement à l’amélioration de l’isolation thermique de la maison, en supprimant l’ensemble des ponts thermiques liés au mortier utilisé dans d’autres types de maçonnerie.

 

De même lorsque le bloc est posé sur le lit de colle, l’air est piégé dans le joint, ce qui a pour conséquence d’améliorer l’isolation thermique. Il faut que cela soit parfait, il est donc important de maroufler la colle dans les joints verticaux pour assurer l’étanchéité à l’air entre les blocs, y compris ceux de forte épaisseur.

 

Il est possible aussi d’ajouter par projection un revêtement technique intérieur, type enduit mince, pour renforcer cette étanchéité. « Mais, précise Raoul Féjean, cela peut bloquer la perspirance naturelle du matériau. »




Source : batirama.com / Stéphane Miget

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