La femme de 23 ans, qui avait refusé au bout de quelques mois de payer son loyer de 520 euros à cause de la dégradation des murs de son studio, avait dans un premier temps été assignée elle-même par son propriétaire. Mais ce dernier s'est finalement désisté après la révélation de l'affaire, survenue dans un contexte local marqué par les polémiques qui ont suivi l'effondrement de deux immeubles rue d'Aubagne.
"Traînée dans la boue", selon son avocate, Me Julie Savi, la jeune locataire s'est retournée contre le couple Malrait, dont l'époux est adjoint au patrimoine (LR) et architecte, et lui a demandé jeudi 4.000 euros de dommages et intérêts, arguant que ses affaires avaient été entièrement détruites par l'humidité. L'avocate a également demandé que le dossier soit transmis pour un jugement sur le fond au regard, selon elle, des "nombreuses irrégularités" du bail.
Quelques mois après son entrée dans les lieux en mai 2018, la jeune femme avait été rapidement confrontée à la dégradation de son logement, qui avait vocation à l'origine à être un parking pour motos. Accolé à la vaste propriété de l'élu de 87 ans dans le 8e arrondissement, le "tout petit local" ressemblant à un couloir large d'environ 2 mètres à 2,50 m, selon les constats des huissiers, avait été transformé en habitation par un changement de destination signé par le maire Jean-Claude Gaudin, a relevé à l'audience Me Savi.
Sollicités par la locataire à son départ le 1er mars 2019, les huissiers écriront dans leur procès-verbal que "dès leur entrée dans les lieux", ils sont "frappés par l'odeur de moisissure qui y règne et l'humidité présente": "Nous pouvons constater, depuis la porte, que la plupart des murs sont couverts de moisissures, les revêtements sont cloqués et l'odeur nauséabonde".
Le service d'hygiène de la mairie avait finalement mis en demeure son adjoint pour qu'il effectue des travaux. La locataire a utilisé "tous les moyens pour mettre à terre son propriétaire", a fustigé l'avocate de l'élu, Me Pascale Barton-Smith, déplorant que son client soit "sali quotidiennement" par la presse. "C'est un mauvais procès, pour de mauvaises intentions", a ajouté l'avocate qui dénonce "l'amalgame avec la rue d'Aubagne".
"Ce qui est très agaçant dans ce dossier, et je pense qu'on aurait pu en rester là depuis longtemps avec ma cliente, c'est qu'on veuille faire passer ma cliente pour une profiteuse et M. Malrait pour une oie blanche", a rétorqué en marge de l'audience Me Salvi."Les propriétaires ont appelé l'employeur de ma cliente pour lui réclamer les loyers et également envoyé une lettre à entête de la mairie", le montant des loyers non perçus "s'élevant à un millier d'euros", selon l'avocate. La décision a été mise en délibéré au 6 juin.