Le toit, une réponse aux enjeux énergétiques

Le toit, une réponse aux enjeux énergétiques

Pour atteindre les niveaux de performances énergétiques requis pour les bâtiments de demain, on peut compter sur l’offre photovoltaïque.   © Terreal




Les fabricants d’éléments de toiture raisonnent en termes d’enveloppe du bâtiment. Outre des systèmes permettant de meilleures performances d’isolation et d’étanchéité, ils développent des éléments de couverture producteurs d’énergie.

 

La production d’électricité en toiture connaît un réel essor : le marché a progressé de 16 % en 2018, essentiellement dans le secteur du résidentiel, avec un chiffre d’affaires de 130 millions € en 2017 et estimé autour de 320 millions € en 2023.

 

Poussée par les mesures réglementaires existantes et à venir, la « 5e façade » peut jouer un rôle primordial dans la performance énergétique du bâtiment, grâce à l’offre des industriels et à la formation des couvreurs. Bien isolée, une toiture limite les pertes et les apports de de chaleur. Equipée de matériel utilisant l’énergie solaire, elle participe à la production d’électricité photovoltaïque et/ou d’énergie thermique.

 

Le marché du solaire photovoltaïque mute en 2017

 

Réellement enclenché dans le neuf en 2013, à l’application de la RT 2012, le marché du solaire photovoltaïque mute en 2017, avec la publication du décret encadrant l’autoconsommation (mai 2017), concernant les installations de puissance inférieure ou égale à 100 kWc de Métropole.

 

Dès lors, les demandes d’installations « en revente totale » cèdent le pas à celles d’équipements étudiés pour l’autoconsommation, qui progressent constamment. Outre la fin de l’obligation d’intégrer les produits solaires au bâti, cet arrêté fixe les conditions d’achat et les tarifs d’achat pour les installations photovoltaïques, qu’elles concernent la revente de toute l’électricité ou du surplus après autoconsommation.

 

Pour profiter des aides publiques (tarifs d’achat et prime à l’autoconsommation), l’arrêté exige le recours à une entreprise RGE.

 

La future réglementation RE 2020

 

La Directive européenne sur l’efficacité énergétique des bâtiments implique que la construction neuve soit à énergie quasi-nulle à compter du 1er janvier 2021. En France, c’est la réglementation environnementale (RE 2020), qui fixera les niveaux de performances Energie et Carbone des bâtiments neufs : toute nouvelle construction devra produire davantage d’énergie qu’elle n’en consomme.

 

Cette future réglementation s’inspirera du label expérimental E+C-, qui permet de prendre en compte dans la construction un certain nombre de paramètres à la fois énergétiques et d’émissions de gaz à effet de serre.

 

Photovoltaïque : l’offre se diversifie

 

Réellement lancé en 2017, le photovoltaïque sur les toits doit essentiellement ses bons résultats aux installations en maison individuelle, en autoconsommation, avec ou sans injection sur le réseau : 80 % du volume des ventes concernent des surfaces de moins de 30 m2 (50 % de moins de 20 m2).

 

Le marché se crée autour des grands acteurs de la tuile. Ainsi, Terreal, leader en résidentiel neuf, a triplé son volume de ventes de kits photovoltaïques entre 2016 et 2018 (3000 pièces vendues en 2018).

 

Du nouveau dans les kits solaires

 

L’industriel investit pour monter en charge et l’augmenter de 20 % par an. Eric Risser précise : « Nous cherchons la meilleure intégration esthétique possible tout en proposant des solutions simples à poser et sécurisées pour les couvreurs. Il faut par ailleurs faire évoluer la capacité de stockage et l’intégration esthétique des batteries. Tout le monde aura son toit solaire avec stockage d’ici 2030. Donc nous voulons proposer des solutions intégrées et économiques »

 

En 2018, Wienerberger a étoffé à la fois son offre de systèmes répondant à la RT 2012 (3 à 5 m2 de panneaux), qui font encore l’essentiel des ventes, et de kits photovoltaïques en autoconsommation, avec ou sans stockage d’énergie. « Les systèmes avec batteries utilisent 15 à 20 m2 de toiture. Ils sont encore peu nombreux mais la demande se développe, surtout pour des kits « Plug and play » avec panneaux standardisés intégrés en toiture », note Sylvain Ponchon (Wienerberger).

 

Les grands acteurs de la tuile développent une offre d’éléments photovoltaïques variée et performante (ici des tuiles Alpha 10 Ste Foy Ardoise et Alpha Solaire d’Edilians).

 

Une production économiquement valable

 

Pour une installation type en autoconsommation en maison individuelle neuve (10 à 15 panneaux), précisons que le temps de retour est de 8 à 12 ans selon les zones géographiques, assurent les fabricants.

 

« Avec l’autoconsommation, la surface de panneaux est multipliée par 10 par rapport à une installation micro PV utilisée pour la simple conformité réglementaire RT2012 », note Eric Risser (Terreal), qui précise « en dehors de la RE 2020 et des aides, l’intérêt économique du toit photovoltaïque est un facteur structurel beaucoup plus rassurant pour les industriels : aujourd’hui, le coût des panneaux rend l’installation rentable pour un particulier vu que l’électricité va continuer à augmenter ». La Commission de Régulation de l’Energie prédit 4 millions d’auto-consommateurs d’ici 2030.

 

Un marché à prendre pour les installateurs les plus motivés

 

Subventionné jusqu’en 2007, le toit PV était avant tout un placement financier qui concernait la rénovation, impliquait la pose de grandes surfaces de panneaux en surimposition et imposait diverses démarches administratives.

 

« Quand le photovoltaïque a connu une forte dynamique dans le neuf, grâce à la RT 2012, les couvreurs se sont aussi tenus en retrait », remarque Olivier Lafore (Edilians), « mais depuis quelques temps, ils commencent à s’intéresser au marché des installations intégrées.

 

À l’heure où le marché du neuf baisse, cette activité complémentaire devient intéressante. De plus, ils peuvent répondre à la demande des constructeurs de maison individuelle d’un intervenant unique sur la toiture, qui souhaitent une bonne mise en oeuvre et une simplification des mécanismes de garantie. »

 

Les couvreurs n’ont pas vraiment investi le domaine du toit photovoltaïque. Il va falloir faire monter la filière en compétence… et développer des formations adaptées © Unilin

 

Une formation nécessaire

 

« Il faut les accompagner dans la formation aussi bien à la pose, dans l’accréditation pour manipuler l’électricité et dans les démarches administratives. Et enfin, en mettant au point des produits qui les valorisent et qui leur sont dédiés », reprend Olivier Lafore.

 

Edilians développe pour cela des tuiles photovoltaïques dont le châssis en acier galvanisé se pose sur les liteaux et remplace 5 tuiles, et des tuiles terre cuite PV, mises en oeuvre sur liteaux et emboitées sur les tuiles classiques : aucune modification de la charpente n’est requise et les techniques habituelles sont conservées.

 

Faire monter la filière en compétence

 

Les formations QualiPV s’adaptent au marché de l’autoconsommation : couvreurs, mais aussi étancheurs, zingueurs, serruriers métalliers, façadiers, charpentiers, etc., se formeront pour obtenir la qualification QualiPV Bâtiment, qui concerne l'intégration des modules d'une installation photovoltaïque.
Le déploiement de l’autoconsommation demande aussi des compétences renforcées aux installateurs en électricité, qui doivent être qualifiés QualiPV Électricité. L’entreprise qui réalise l'ensemble de l'installation aura besoin des deux qualifications…

 

Modules de formation en ligne gratuites

 

Le dispositif QualiPV a été simplifié (audits automatisés et plus de déclaration des installations photovoltaïques). Il prévoit des audits dès les premiers travaux, avec contrôle toutes les 14 installations en moyenne.

 

Ces qualifications doivent encore se développer sur l’analyse des pratiques commerciales. Par ailleurs, l’organisme qualificateur, Qualit’ENR, a mis en place des modules de formation en ligne gratuites, permettant à tous les professionnels de monter en compétence sur l’autoconsommation.

 

Dans un marché qui se crée, c’est le plus astucieux et le plus motivé qui formera ses équipes et prendra des parts, couvreur ou non. Quoiqu’il en soit, « il faut éviter absolument un marché qui se développe trop vite avec des acteurs insuffisamment formés car c’est la porte ouverte aux litiges ! » conclut Eric Risser.




Source : batirama.com/ Emmanuelle Jeanson

L'auteur de cet article

photo auteur Emmanuelle JEANSON
Collaboratrice de longue date de Batirama, elle est journaliste indépendante dans la presse pro du bâtiment et de l’énergie depuis ses débuts dans le métier (qui remontent à la dernière décennie du siècle dernier !). Ses sujets de prédilection : tout ce qui contribue à une construction plus soutenable ; les techniques anciennes remises au goût du jour ; les énergies renouvelables ; aller à la rencontre des artisans et de leur quotidien, mais aussi comprendre les enjeux de l’activité industrielle.
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