Un nouveau référentiel et une nouvelle chance pour la menuiserie bois

Un nouveau référentiel et une nouvelle chance pour la menuiserie bois

FCBA et UFME ont réécrit le référentiel NF 297 fenêtres bois & portes extérieures, afin que le marquage NF des menuiseries bois devienne aussi courant que celui des menuiseries en PVC ou en aluminium.




Lorsque le PVC et l’aluminium se sont mis à proposer des fenêtres et des portes extérieures, le bois était leur référence en matière de qualité. Qu’il s’agisse de tenue au vent, d’étanchéité à l’eau, de perméabilité à l’air, mais aussi d’endurance, de résistance aux chocs, de stabilité dans le cas des portes, les autres familles de matériaux ont tenté de s’aligner puis de dépasser cette référence historique.

 

C’est peut-être ce qui explique leur avance dès lors qu’il s’est agi de viser un label de qualité comme la marque NF. Lorsque la fenêtre et la porte bois ont voulu bénéficier de ce label à leur tour, le marché était de plus en plus fortement scindé.

 

D’un côté, des unités industrielles de plus en plus performantes produisaient des modèles de plus en plus standardisés pour essayer de rivaliser, justement, avec l’approche industrielle du PVC et de l’aluminium.

 

De l’autre, localement et en réponse à un marché extrêmement diffus, des artisans continuaient de fabriquer sur mesure des produits dont la diversité semblait s’opposer à l’idée même d’un contrôle qualité extérieur.

 

Un label menuiserie 21 regroupant les plus gros acteurs locaux

 

Toujours est-il que le premier référentiel NF s’est appuyé logiquement sur les unités industrielles, où le contrôle qualité par un tiers peut s’assurer d’autant mieux que la fabrication est standardisée. Seulement, ces industriels n’ont cessé de céder du terrain aux autres matériaux. Les artisans locaux de la fenêtre bois sont souvent devenus des poseurs de fenêtres en PVC ou en aluminium.

 

Les plus gros acteurs de terrain se sont fédérés au sein de la FFB pour créer sous le label Menuiserie 21 un club dynamique de fabricants de taille intermédiaire, qui s’est doté d’un label de qualité spécifique. Regroupés au sein de l’UFME, les industriels de la fenêtre et de la porte ont réagi en faisant évoluer en 2014 le référentiel NF 297 relatif aux portes et fenêtres en bois. Mais comme le concède l’UFME, la mayonnaise n’a pas pris.

 

Aujourd’hui, les 139 adhérents de l’UFME produisent quelques 5 millions d’unités de fenêtres et portes et revendiquent, avec 51% de parts de marché, la place de représentant de la filière. La part des éléments en bois fabriqués par les adhérents est de l’ordre d’un million d’unités et l’UFME estime que le quart de ces produits sont marqués NF, soit 250 000 unités.

 

Un label NF performant pour le bois

 

Alors que la notoriété de la marque NF n’est plus à faire auprès du consommateur final, l’enjeu est de parvenir à la systématiser pour l’offre en bois. A présent, presque tous les acteurs industriels sont des multi-spécialistes. Aucun intérêt pour eux de bloquer une matière par rapport à une autre.

 

Un label NF performant pour le bois, ce serait bon pour la perception de ces produits par le public, bon aussi pour l’organisme certificateur attitré. Au point que, quelques années seulement après le constat d’échec du nouveau référentiel, l’union s’est résolue à missionner FCBA pour le réécrire cette fois de fond en comble.

 

FCBA règne en maître

 

La fenêtre et la porte en bois sont incontestablement une chasse gardée de l’institut technologique, qui y tient à distance, par exemple, le CSTB. FCBA régit le Label Menuiserie 21 tout comme le référentiel NF 297.

 

Autour de Marc Sigrist, FCBA n’hésite pas à développer des prototypes de fenêtres en bois innovantes pour les suggérer au marché. Cette fois, même en termes de contrôle qualité, l’institut a fait preuve, également, d’une certaine souplesse. A commencer, si on veut, par le prix des nouvelles prestations.

 

Comme l’explique Cécile Oms, Gestionnaire de Marque secteur Menuiserie au Pôle IBC – Certification de FCBA, le coût de la certification d’une gamme selon le référentiel précédent, sans moyens d’essai, revenait à 34 000 euros, 14 000 euros seulement si le fabricant dispose d’un banc d’essais AEV (Air, Eau, Vent) et d’un banc de vieillissement RDA.

 

Une certification qui se veut plus économique

 

A présent, le nouveau référentiel institue deux niveaux complémentaires, NF Conception d’une part, NF Conception & Performance d’autre part. Le premier niveau correspond plutôt au marché du diffus qui représente, selon l’UFME, 80% du marché de la fenêtre et de la porte bois en France.

 

Quant au marché du chantier, la nouvelle certification NF Conception & Performance devrait permettre de massifier le marquage et ainsi de le faire mieux connaître. Dans les deux cas, la nouvelle certification coûte 10 000 euros.

 

Dans le cas de la certification NF Conception, le coût est le même, qu’un fabricant dispose de moyens d’essais NF chez lui, ou non. Deux essais sont toujours réalisés à FCBA, l’essai AEV et l’essai d’endurance format standard. Les autocontrôles AEV ont été allégés avec seulement un essai par an au minimum, pour un marquage couvrant 100% des produits de conception identique.

 

 

Qu’il s’agisse de Menuiseries Pasquet ou de Fenêtres Bignon SAS, la plupart des acteurs industriels de la fenêtre, regroupés à l’UFME, sont aujourd’hui des multispécialistes © JT

 

Une certification réaliste

 

La certification NF Conception et performance engendre le même coût de 10 000 euros, si ce n’est que le fabricant réalise chez lui des essais AEV selon un plan d’essai établi par FCBA, par une personne habilitée après formation AEV dispensée par FCBA chez le titulaire. De cette façon, les autocontrôles AEV sont renforcés avec jusqu’à cinq essais par mois.

 

FCBA et UFME ont fait un pas l’un vers l’autre afin de fluidifier les contrôles. Sur le segment en progression des fenêtres Mouton Gueule de Loup, la performance AEV minimale a été rabaissée pour l’étanchéité à l’eau et la perméabilité à l’air, tandis que la force de manœuvre du vantail en fermeture a été relevée de 100 à 150 N. En clair, les petits effets de dilatation éventuels sont mieux pris en compte.

 

 

L’évolution du référentiel en un seul coup d’œil.

 

Une porte ouverte vers le niveau passif

 

FCBA s’est montré à l’écoute pour aider les fabricants français à équiper les ouvrages français labellisés PassivHaus de fenêtres et portes NF qui ne seront pas – et ne doivent pas nécessairement – être labellisées PassivHaus.

 

Il est encore trop tôt, par contre, pour prendre en compte les exigences de la future RE2020 en matière de carbone. Céline Oms estime de son côté qu’il ne faut pas non plus trop charger la certification NF. Ainsi, les performances thermiques et acoustiques des fenêtres se réfèrent en principe aux valeurs données par la marque Acotherm.

 

Le label Menuiserie 21 se distingue donc de la nouvelle marque NF, dans le sens où le premier veut prendre en compte, et ce depuis de longues années déjà, des paramètres environnementaux. On comprend bien qu’au sein d’une union où le PVC et l’aluminium dominent, il soit difficile de pousser le bouchon environnemental plus loin.

 

NF n’est pas FDES

 

Antoine Soulard, Directeur industriel du fabricant français de fenêtres bois-aluminium MC France, défend sur ce plan une approche de fiches FDES individuelles. Il a de quoi, car le process de MC France, sourçant le pin maritime d’Aquitaine transformé en carrelets dans une unité ultramoderne, puis en fenêtre dans une unité de production neuve, performante et à haute qualité environnementale, permet de concilier une haute efficacité économique et une haute performance écologique.

 

En la matière, la combinaison française du pin des Landes et de l’aluminium est gagnante car l’aluminium sublime parfaitement l’essence. Il est d’autant plus incompréhensible que la part de marché de ces fenêtres reste largement en retrait par rapport à la moyenne européenne, où le bois-alu vient de dépasser la fenêtre bois en termes de volume, sans parler de la valeur.

 

Vers un label environnemental ?

 

Durant la présentation de Céline Oms pendant la journée d’information, cette dernière a rappelé que la marque NF est la marque non alimentaire la plus connue. On peut lire ces informations autrement : le consommateur, aujourd’hui, connaît plus le label AB que le label NF !

 

Aujourd’hui, l’alimentation biologique se répand comme une traînée de poudre, mais compte tenu des informations quotidiennes alarmantes en matière de changement climatique, les consommateurs ne vont pas en rester là, ils vont aussi vouloir acheter « bio », avoir au moins l’impression que leur acte d’achat n’aggravera pas le cas de leurs enfants.

 

Un vrai défi pour une approche industrielle, quelle qu’elle soit. Mais qui devient incontournable à brève échéance, sachant que les consommateurs sont devenus de plus en plus insensibles au « green washing ». Donc, le nouveau référentiel NF, c’est une belle performance d’équipe, ça pourrait marcher ce coup-ci, enfin. Sauf que la terre tourne de plus en plus vite. Le carbone n’est pas tout.

 

Il y a la question des COV, l’aspect du réemploi, l’impact environnemental des composants, l’effet « BIOM » de réinjection financière dans le tissu sociétal proche, etc. Et au bout du compte, il se pourrait bien que l’excellence et la qualité véritable revienne, quelques aménagements mis à part, à la bonne vieille fabrication locale de fenêtres et de portes en bois local - comme on ne le fait plus.

 


Source : batirama.com/Jonas Tophoven

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