Légende : exemple de réhabilitation avec la tour Silex 2 à Lyon, en partie prise en charge par la société SMB (construction des 4 derniers niveaux R=21 à R=24)
Le premier semestre 2020 s’annonce prometteur, selon les responsables du syndicat de la construction métallique de France (SCMF). Le bilan de l’année écoulée fait état d’une progression de plus de 3,5 % de l’activité (soit 3,8 milliards d’euros).
Et les carnets de commande représentent en moyenne 6 mois de production pour les 800 entreprises du secteur, constituées majoritairement de PME familiales (20 000 collaborateurs)
Le tonnage s’établit ainsi à 780 000 tonnes usinées pour l’année 2019, soit une progression de 4 % par rapport à l’année 2018, qui elle, avait déjà enregistré une croissance de + 4,3 %.
Dans le détail, l’activité bâtiments industriels et de stockage, demeure le principal marché des professionnels de la construction métallique. Ils représentent 56 % de leur activité avec 427 727 tonnes. Roger Briand, président du SCMF souligne que « seuls les grands entrepôts échappent encore aux constructeurs métalliques, au profit de solutions alternatives, alors que l’ingénierie sécurité incendie développée par le CTICM (Centre technique industriel de la construction métallique) permet à la profession de revenir sur ce marché. »
Les autres marchés de la construction métalliques demeurent ceux des ombrières, parkings aériens et gares à hauteur de 13 % (102 378 tonnes) tandis que le secteur des bâtiments agricoles (11,26 % du tonnage pour 84 230 tonnes) poursuit sa progression avec une hausse de 5 % depuis 2018.
Enfin, les autres marchés concernent les bâtiments commerciaux, sportifs et culturels ( 80 960 tonnes soit 10, 83 %) qui demeurent bien orientés, à l’exception des surfaces commerciales qui s’inscrivent en négatif (- 3,5 % par rapport à 2018). Citons pour être complet, l’activité des ponts et passerelles (43 731 tonnes, soit 5,85 % des tonnages usinées) et enfin, celle des pylônes qui représente 10 773 tonnes (soit 1,44 %)
Autre donnée communiquée par le syndicat : les marchés de la rénovation et de la réhabilitation progressent également, les constructions métalliques permettant des surélévations de bâtiment, sans reprises onéreuses en sous-oeuvre.
Forte de ses bonnes performances économiques, la filière tient aujourd’hui à communiquer sur ses atouts « insufisamment connus » en termes de développement durable, économie circulaire et bilan carbone.
La prochaine réglementation environnementale RE 2020, encore en discussion, imposera en théorie une exigence carbone minimale en ce qui concerne la construction neuve. Le bilan énergétique et les émissions de gaz à effet de serre seront scrutés durant le cycle de vie du bâtiment, dès sa conception jusqu’à sa disparition.
« L’acier bénéficie d’un recyclage à l’infini, sans perdre ses caractéristiques mécaniques, rappelle de son côté Roger Briand. Les premiers aciers recyclés ont en effet été fabriqués dès 1856, avec le procédé Martin-Siemens.
En France, 93 % à 97 % des aciers utilisés en construction métallique sont des aciers recyclés, ajoute le syndicat. Des données que le SCMF compare avec les autres solutions, c’est à dire le béton (le recyclage atteint 20 %) et le bois (13% de recyclage). Enfin, autre atout mis en avant : le recyclage améliore les caractéristiques mécaniques de l’acier dont sa résistance.
Autre réalisation d'extension avec l'Arena de Nancy (Watefaugle Batiment) qui représente un poids total de 440 tonnes pour un bâtiment de 110 m de long par 16 de large et 23 m de haut et qui a nécessité 32 semaines pour la mise en oeuvre.
Ces caractéristiques génèrent donc une économie de matière, grâce au recyclage, et garantisent le respect de l’environnement puisque 80 % des travaux de la construction métallique sont réalisés sur le site de manière industrielle en préfabrication, souligne le syndicat.
« Une construction métallique, c’est un mécano géant avec des grues et des nacelles et l’impact environnemental est limité sur site (pas d’eau, pas de poussières). Enfin, les éléments d’assemblage (boulonnage) sont récupérables et les pièces sont stockées et numérisées sur nos parcs », assure le président du syndicat.
Les membres du syndicat regrettent cependant que la recyclabilité infinie du matériau ne soit pas mieux prise en compte dans le calcul de l’empreinte carbone effectué en France (Analyse du cycle de vie permise grâce aux FDES*).
« Seul un tiers des caractéristiques de recyclabilité est pris en compte et nous nous battons contre ce calcul pour bénéficier du même traitement que les autres pays européens » reprennent les représentants du syndicat. La démontabilité des structures métalliques n’est en effet pas prise à 100 % dans l’ACV du bâtiment, selon le SCMF.
Il reste que la filière doit aujourd’hui mettre en place des outils pour améliorer la lisibilité de la recyclabilité du matériau et favoriser son réemploi. « Il va falloir mettre en place ce marché du réemploi, le rendre plus vivant et structuré » analyse Philippe Hostalery, directeur général du CTICM.
L’enjeu est important en qui concerne les charpentes métalliques existantes, mais aussi dans le secteur du neuf, selon le responsable : « Il faudra en effet sauvegarder les données pour le neuf afin de connaître le pedigree des aciers et cela représente beaucoup de travail… Mais la part de réutilisation de l’acier peut être augmentée et nous allons chercher à l’industrialiser. Le marché n’est pas encore prêt et il va falloir répondre à quelques questions auparavant » termine le directeur général.
Roger Briand, président du SCMF et Philippe Hostalery, directeur général du CTICM
Source : batirama.com / Fabienne Leroy