La ville d'Utrecht va verdir ou solariser toutes ses toitures

La ville d'Utrecht va verdir ou solariser toutes ses toitures

Depuis 2016, Utrecht a entamé un processus de verdissement par étapes : abribus, toitures existantes, construction neuve




Utrecht, une ville médiévale de plus de 350 000 habitants aux Pays-Bas, a décidé que pas un seul toit de la ville demeurera inutilisé. Chaque toit sera végétalisé, solarisé ou les deux à la fois. Un arrêté sera discuté au Conseil Municipal en septembre prochain et détaillera les modalités des incitations à la fois réglementaires et financières.

 

Comme de nombreuses villes et pays d’Europe, dispose d’un groupe de personnes qui veillent au respect du caractère architectural de la ville et dont les fonctions sont proches de celles des Architectes des Bâtiments de France. Ces acteurs ont été étroitement associés au développement du plan de verdissement de la ville et le soutiennent.

 

 

 

L’université d’Utrecht a installé 8000 panneaux photovoltaïques sur ses toitures depuis 2016. ©Université d’Utrecht – Van Ivar Pel

 

D’abord, les abribus

 

Tout a commencé il y a deux ans, lorsque la ville a décidé de couvrir tous ses abribus de végétation. En quelques semaines, les 316 abribus ont reçu des plantations de sedum. Selon la municipalité, ces végétaux capturent les particules fines, stockent l’eau de pluie, contribuent au rafraîchissement de la ville en période chaude grâce à l’évaporation et contribuent aussi au maintien de la biodiversité en fournissant de la nourriture aux insectes et aux oiseaux.

 

Cet équipement n’a rien coûté à la municipalité. Elle a lancé un appel d’offre et les deux lauréats se rémunèrent par la publicité sur les abribus et assureront leur maintenance pendant 15 à 20 ans. Le succès de cette première étape a incité la ville à proposer une aide financière aux propriétaires souhaitant végétaliser leurs toitures.

 

Opérationnel depuis début 2018, ce programme liste les différentes solutions – végétalisation intensive (jusqu’à 200 kg de terre ou substrat/m², pas plus de 50% de mousses et sédum) ou extensive (40 à 200 kg/m², seulement planté de mousse et sédum) – en fonction du type, de la charge admissible et de la pente des toitures.

 

Il propose aussi des subventions pouvant atteindre jusqu’à 50% du coût de la végétalisation avec un plafond de 50€/m² pour une végétalisation intensive, 25 €/m² dans le cas d’une végétation extensive, puis un plafond par toiture et par bâtiment. Ce programme a rencontré un énorme succès.

 

 

 

L’université d’Utrecht profitede son installation de panneaux photovoltaïques pour étudier l’optimisation de leur exploitation. Le département d’ingénierie s’est rendu compte que dépoussiérer les panneaux en été améliore significativement leur rendement d’exploitation. ©Université Utrecht – Wilfried van Sark

 

Puis toutes les toitures

 

La Ville d’Utrecht – que l’association NATUUR & MILIEU a élue ville la plus « sustainable » de Hollande en vertu de sa politique en faveur de la protection de l’environnement – a donc décidé de passer à une troisième étape : végétalisation et/ou solaire thermique ou photovoltaïque sur toutes les toitures. Toutes ? Toutes !

 

Plusieurs des institutions de la ville donnent déjà l’exemple. L’Université d’Utrecht déroule un plan de verdissement – réduction des consommations, production photovoltaïque sur site, achat d’électricité vert, etc. – jusqu’en 2030. Cette année, en 2020, elle doit avoir réduit sa consommation d’énergie de 30% par rapport à 2005.

 

Outre 8000 panneaux photovoltaïques en place depuis 2016, l’université a également installé deux stockages de chaleur. Fin 2019, 8% de ses consommations d’énergies sont générées sur site, 30% des achats d’électricité s’effectuent à travers des contrats d’électricité d’origine renouvelable.

 

Fin 2020, l’Université aura terminé une étude évaluant les possibilités de génération d’électricité éolienne sur ses sites. L’objectif 2030 est d’atteindre 100% en combinant production sur site et achats d’ENR. L’Université n’utilise plus les énergies fossiles – du gaz naturel - que pour alimenter des installations de cogénération qui atteignent un rendement de 85% en combinant production de chaleur et d’électricité.

 

Les 8 et 9 juillet prochains, si les conditions sanitaires liées à la pandémie du coronavirus le permettent, Utrecht organise « The SolarFuture NL » », le plus grand rassemblement de la filière solaire en Hollande.

 

 

 

Plusieurs cabinets d’architecture et d’urbanisme hollandais ont pris l’habitude de végétaliser tous leurs projets. MVRDV, par exemple, a proposé tout un nouveau quartier à Utrecht, à l’ouest de la gare, comportant notamment un nouveau centre des congrès réalisé pour l’organisateurs des foires et congrès d’Utrecht. Le toit du bâtiment sera un parc accessible au public. La construction doit commencer en 2023. ©MVRDV

 

Enfin, actionner les permis de construire

 

En ce qui concerne la construction neuve, malgré tout le libéralisme couramment attribué aux Pays-Bas, la municipalité d’Utrecht exige depuis 2016 une végétalisation des façades et des toitures, quelle que soit l’opération.

 

Le cabinet d’architecture Milanais Stefano Boeri Architetti a remporté en 2017 le concours pour le développement de Jaarbeursboulevard, près de la gare d’Utrecht, grâce à son projet de forêt verticale. Le développement, assuré par G&S Vastgoed and Kondor Wessels (VolkerWessels) Projecten, consiste en deux bâtiments, l’un réalisé par Stefano Boeri Architetti, l’autre par MSVA Architects d’Amsterdam.

 

 

Baptisé Wonderwoods, le bâtiment de Stefano Boeri Architetti atteindra 90 m de hauteur. C’est un projet mixte, rassemblant bureaux, espaces de fitness et de yoga, des places de parking pour bicyclette, naturellement. Sur ses façades, le bâtiment accueillera 10 000 plantes de 30 espèces différentes, dont 360 arbres, 9 640 arbustes, buissons et fleurs. Les concepteurs estiment que ce sera équivalent à une forêt d’un hectare et devrait absorber 5,4 tCO2/an. ©Stefano Boeri Architetti

 

 

Au rez-de-chaussée du bâtiment, sera installé le Vertical Forest Hub, un centre de recherche consacré à la végétalisation des environnements urbains dans le monde entier. La construction a commencé en 2019 et la livraison est attendue fin 2022. ©Stefano Boeri Architetti

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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