« Ce guide est une usine à gaz » souligne d’emblée Thierry Gesset-Parment, à la tête d’une entreprise de couverture de deux salariés en région parisienne et président depuis trois ans de la Capeb Grand Paris (qui couvre 4 départements : 75, 92, 93 et 94).
Le guide comprend en effet de multiples mesures de précaution pour protéger les salariés mais aussi des fiches conseils détaillées avant d’entreprendre un chantier. « Quand on voit tout ce qu’il faut mettre en œuvre avant de démarrer un chantier, ce qu’il faut signer ou faire signer par nos clients, cela représente une énorme contrainte pour nos structures » indique le couvreur.
Il estime néanmoins que ce guide est justifié pour les travaux d’urgence et de dépannage, mais pas pour les autres activités. « Ce guide a d’abord été rédigé pour les situations d’urgence, car il y a toujours des fuites d’eau, des problèmes électriques ou de chaudières et les clients doivent pouvoir compter sur l’intervention de leurs artisans » reprend Thierry-Gesset-Parment.
Encore faut-il pouvoir disposer de matériel, comme les masques et les gants, ce qui n’est pas garanti compte tenu de la pénurie actuelle de matériel, selon le responsable interdépartemental de la Capeb.
En revanche, pour les autres chantiers, dits non urgents, la situation demeure très complexe. « Il arrive que certains clients stoppent les travaux, mais d’autres, au contraire, nous appellent pour les poursuivre ». Une situation difficile à gérer, car outre les mesures sanitaires sévères à appliquer, comment poursuivre certains chantiers en l’absence de salariés ?
« Notre problème essentiel, c’est d’abord de faire venir les salariés sur les chantiers. Ils ont peur et préfèrent se mettre en retrait. Alors, comment peut-on poursuivre notre activité » ? se demande-t-il.
Pour sa part, le couvreur travaille avec deux salariés âgés de 59 ans et un sous-traitant, de 55 ans. « Je comprends que nos salariés veuillent se protéger. Quand les médias nous parlent tous les jours des ravages de ce virus, cela fait très peur à la population, notamment ceux qui sont plus âgés » indique Thierry Gesset-Parment.
De ce fait, si les salaires du mois de mars ont pu être réglés, des questions se posent pour le mois d’avril. « Nous avons obtenu la mise en place du chômage partiel, pour le Bâtiment, au mois de mars. De fait, nous avions des problèmes pour nous approvisionner en matériaux, de nombreux fournisseurs ayant décidé de fermer leurs points de vente ».
« Cependant, certains de nos fournisseurs reprennent leurs activités en mode « drive ». Ils préparent nos commandes dans leurs cours et nous pouvons les récupérer et les charger seuls, sans contact avec leurs salariés », poursuit le chef d’entreprise.
Mais faute de salariés sur les chantiers, comment faire aujourd’hui ? « Nos salariés ont très peur pour leur santé, et tout en pesant les risques pour leur emploi, préfèrent se protéger » insiste Thierry. Alors, comment gérer cette situation ambigüe ? Les entreprises empêchées de travailler pourront-elle bénéficier du chômage partiel ?
De nombreuses obscurités que le responsable de la Capeb espère vite tirer au clair pour répondre aux questions de ses confrères, d’ailleurs peu nombreux à poursuivre leurs activités. En effet, selon ses estimations, à peine 30 % des entreprises ont la possibilité de travailler aujourd’hui dans son secteur….qui couvrent 4 départements parmi les plus peuplés de France.
"Compte tenu de la situation sanitaire, la Capeb Grand Paris a mis en place une organisation exceptionnelle de ses services" rappelle par ailleurs le président interdépartemental. Objectif : maintenir l'accompagnement aux entreprises artisanales du bâtiment à travers la mise en place d'une cellule téléphonique d'urgence et la diffusion d'informations juridiques et économiques.
Elle a en effet créé, pour les entreprises du bâtiment, un kit spécial comprenant une Foire aux questions et des modèles de document et de courrier pour leurs clients et salariés, mais également un pack "d'aides" pour leur permettre de gérer au mieux cette crise inédite et soutenir leur trésorerie.
Plus d'information sur www.capeb-grandparis.fr ou sur son application mobile
Source : batirama.com / Fabienne Leroy