Légende : Jean-Luc Sandoz, fondateur et patron du groupe CBS-Lifteam.©CBS-Lifteam
Tout le monde n’est pas à plaindre dans le Bâtiment. Par exemple, les menuisiers prévoyants, habitués à appliquer des lasures, peuvent parfois puiser dans leur stock de masque FFP3. Ou bien, quand une entreprise opère aussi en Suisse, elle peut encore s’y fournir en masques FFP2 (CHF 12,- pièce) ou en tubes de gel (CHF 20,- pièce), voire en combinaisons.
C’est le cas du groupe CBS-Lifteam dirigé par Jean-Luc Sandoz, qui préfère anticiper un possible rebond d’activité plutôt que de se trouver pris de court : « L’épidémie est une pause et nous prévoyons un redémarrage avant le déconfinement général, comparable aux rentrées de début septembre. Alors, nous essayons de prendre les devants si possible ».
La panoplie sanitaire pour les chantiers Lifteam.©CBS-Lifteam
Difficile d’entamer l’optimisme d’un acteur franco-suisse de la construction bois qui a pu augmenter son activité de 40% en 2019, et tablait sur +25 à +30% en 2020, avec un premier trimestre 2020 qui reste très bon.
En 2019, Lifteam a bouclé avec succès la grande opération de Palazzo Méridia de Nice, propulsant le constructeur dans le petit club des entreprises capables de réaliser des immeubles de moyenne hauteur en bois.
En février, la nouvelle piscine de Chambéry a ouvert ses portes (peu de temps) et le public a pu découvrir un habillage intérieur en bois à bâtons rompus dont l’aspect visuel très soigné relève aussi d’un savoir-faire élaboré par Lifteam depuis la réalisation si remarquée de l’école de Perthes-en-Gâtinais (Tracks architectes) l’année précédente.
Quant à la première opération Bim-Bois-Bepos (B-Cube) d’Epamarne, avec Terralia, les 62 logements sont en cours de livraison (Woodway par l’agence Séméio). Comme si ces trois opérations-phares ne témoignaient pas assez de la diversification de l’activité, Jean-Luc Sandoz évoque pêle-mêle un groupe scolaire au Luxembourg avec deux niveaux en dalle O’portune, le produit maison, atteignant une portée de 19,3 m.
Notons, dans un tout autre registre, ce chantier de la rue de Cambrai à Paris, avec l’agence CALQ, pour le compte des hôtels Hilton : « CBT a procédé au diagnostic par ultrasons de quatre niveaux de poteaux-poutres anciens en chêne qui seront mis en valeur pour créer des chambres d’hôtel exceptionnelles ».
Le précieux gel fait partie de l’équipement.© : CBS-Lifteam
Lifteam a dû faire face à la fermeture de plusieurs chantiers parisiens, sous l’injonction d’Epamarne, de la ville de Paris ou de Choisy-le-Roi. En province, les chantiers continuent en général de tourner, y compris en Suisse où les restrictions sont moins importantes. Au Luxembourg, les chantiers ont également fermé.
Pour les équipes à pied d’œuvre, elles ont été équipées comme il faut, coûte que coûte. La promiscuité des transports en camionnette n’existe déjà plus guère en pratique, chez Lifteam. Quant aux appros, certains négoces ont réouvert et procède à la vente par picking : « Il faut réfléchir en amont pour passer les bonnes commandes », concède Jean-Luc Sandoz. Mais pour le reste, sauf fermeture imposée, les chantiers tournent.
Les réunions en visioconférence étaient déjà devenues monnaie courante de par la constellation du groupe, elles permettent de limiter les déplacements et de mieux gérer plusieurs opérations de front. Le télétravail permet de poursuivre l’activité d’ingénierie.
Reste la production industrielle d’Ecotim en Savoie. Après avoir consommé son stock d’avance pendant quelques temps, l’usine a été fermée provisoirement. Là aussi, la priorité est de bien préparer le coup de feu du redémarrage, quand tout, selon Jean-Luc Sandoz, repartira en même temps.
Juste avant le confinement, le public a pu découvrir le magnifique calepinage de la nouvelle piscine de Chambéry.© CBS-Lifteam
Un trimestre perdu est un trimestre perdu, concède le patron de CBS-Lifteam. Mais il y a perdu et perdu. « Cet épisode extrême resserre les liens entre les équipes, il révèle plus que jamais l’engagement et l’implication de tous les collaborateurs pour relever ensemble ce défi majeur », souligne Jean-Luc Sandoz.
Selon le patron de CBS-Lifteam, il reste toujours envisageable de faire un troisième trimestre très performant. Bien sûr, il faudra parvenir à gérer les congés payés de l’été. Mais les atouts dont disposait l’entreprise n’ont pas perdu leur validité.
La réalisation d’un ouvrage de moyenne hauteur comme le Palazzo Méridia à Nice a permis à l’entreprise de maîtriser les solutions acoustiques en matière de plancher : « Dans les logements, des planchers en bois sont suffisants, tandis que dans les bureaux, parfois, une option bois-béton est plus indiquée, selon les cas.
La nouveauté, c’est qu’après des décennies de développement de planchers à sous-face bois apparente, la réglementation nous impose des planchers cachés : mais nous savons faire et nous lançons actuellement, dans la foulée du Palazzo Méridia, les études pour un immeuble de logements R+6. L’enjeu permanent reste l’optimisation économique ». Décarboner le Bâtiment, garantir le confort acoustique, gagner en compétitivité : tous ces objectifs resteront d’actualité quand la crise aigüe sera passée.
Plus de 19 mètres de portée pour le produit maison de CBS-CBT, la dalle O’portune, sur un chantier en cours et suspendu au Luxembourg. © CBS-Lifteam
Source : batirama.com/ Jonas Tophoven