Nicolas Cruaud, le président de la Start-Up Néolithe veut fermer les centres d’enfouissements de déchets et une partie des incinérateurs. Sa toute récente entreprise Néolithe, née il y a un an et demi a mis au point un procédé de fossilisation des déchets ménagers et des déchets ultimes du BTP ou industriels, tous ceux qui ne peuvent être recyclés et sont incinérés ou enfouis.
Le procédé Néolithe produit des granulats pour le BTP, avec les mêmes propriétés que les granulats de carrières, utilisable comme sous-couche routière ou comme composant des bétons, au même titre que les granulats obtenus par le procédé RECYBETON .
Le but de Néolithe est de stopper l’enfouissement des déchets et l’incinération des déchets ultimes, sans pour autant saturer le marché des granulats de carrières. Nicolas Cruau a en effet calculé que la France produit 30 à 40 millions de déchets transformables par le procédé Néolithe, alors que nous utilisons 350 millions de tonnes de granulats de carrière chaque année.
Le procédé Néolithe semble simple. Le PVC, le plâtre, les plaques de plâtre, … tous les déchets non-recyclables des chantiers, de l’industrie et des ordures ménagères sont broyés en une fine poudre dont les grains affichent un Ø de 50 à 100 microns. Ensuite, et c’est là que se trouve toute l’invention de Néolithe, ils sont mélangés à des « liants exotiques », comme dit Nicolas Cruau, qui les rendent physiquement et chimiquement inertes. Puis, on leur ajoute une « coque » qui leur confère la résistance mécanique nécessaire.
Naturellement, il ne s’étend pas outre mesure sur la nature de ces liants, ni sur celle de la coque, sauf à préciser que liants et coques ne sont pas rares, ne présentent aucun risque d’épuisement et que leur fabrication est très peu polluante. Dans son calcul financier, Néolithe vendra ses déchets rendus inertes et transformés en granulats exploitables, au même prix que les granulats de carrière : environ 8 €/tonne. Le coût total du traitement des déchets par Néolithe atteint le même montant que l'enfouissement ou l'incinération, environ 100 €/tonne.
La seule consommation d’énergie est l’électricité employé pour le broyage, dont le coût se monte à environ 5 €/tonne de déchet traité, au prix actuel de l’électricité. Les liants coûtent environ 50 € par tonne de déchets traités. Une tonne de déchets génère une tonne de granulats. ©Néolithe
Le fossilisateur, la machine qui transforme les déchets en granulats, tient dans 4 conteneurs maritimes. Un fossilisateur traite 10 tonnes de déchets par jour. Le premier fossilisateur sera installé près de Bordeaux, en collaboration avec un groupe du BTP -non, on ne saura pas lequel tant que le contrat n’est pas signé – et près d’un centre de traitement des déchets du BTP.
Il devrait être en fonctionnement en Mars 2021. A la fin de l’année 2021, un fossilisateur sera installé pour traiter des déchets ménagers.
Néolithe envisage deux configurations d’utilisation de ses fossilisateurs, mais d’autres encore sont parfaitement concevables. Première configuration, un centre de traitement de déchets achète un fossilisateur, soit environ 800 000 € pour une capacité de 10 tonnes jour, plus les liants exotiques qui jouent le rôle de consommables dans la production des granulats.
Deuxième idée, Néolithe investit lui-même dans des fossilisateurs placés à côté de grands centres de traitement des déchets et se rémunère à la tonne de déchet traitée.
D’autres idées sont parfaitement concevables. Comme le fossilisateur tient dans quatre conteneurs maritimes, il peut être installé sur le site d’une démolition et transforme sur place les déchets de démolition en granulats utilisables pour la reconstruction (fond de fouilles, granulats pour le béton si la reconstruction fait appel à une centrale à béton sur site, …) : de l’économie circulaire sur site. Ou bien le site de démolition devient producteur de granulats pour d’autres sites de construction alentour.
Le fossilisateur peut aussi être installé pendant quelques mois à proximité d’une décharge sauvage de déchets du bâtiment et les transformer en granulats jusqu’à résorption totale de la montagne de déchets illicites. Le but de Néolithe est la relocalisation du traitement des déchets au plus proche de leur production. C’est aussi de rendre obsolètes les sites d’enfouissement de déchets ultimes. ©Néolithe