Entretien des pompes à chaleur : un nouveau marché pour la maintenance

Entretien des pompes à chaleur : un nouveau marché pour la maintenance

Un décret et un arrêté d’application ont créé l’obligation d’entretenir les pompes à chaleur tous les deux ans. Cela ouvre un nouveau marché pour les entreprises de maintenance.




Le Décret n° 2020-912 du 28 juillet 2020 relatif à l'inspection et à l'entretien des chaudières, des systèmes de chauffage et des systèmes de climatisation et son arrêté d’application du 24 juillet 2020 relatif à l'entretien des systèmes thermodynamiques dont la puissance nominale est comprise entre 4 kW et 70 kW, publié au JO du 31 juillet 2020 créent un nouveau marché : celui de l’entretien des pompes à chaleur (Pac), qui, comme dans le cas des chaudières, devient obligatoire.

 

Pour autant, les dispositions de ces deux nouveaux textes – à la fois sur l’entretien et sur le devoir de conseil des entreprises de maintenance vis-à-vis de leurs clients - sont un peu sibyllines. Les entreprises de maintenance vont devoir traduire ces textes en instructions claires pour leur personnel.

 

Un devoir de clarté en matière d'entretien des pompes à chaleur

 

En ce qui concerne les conseils sur le fluide frigorigène, par exemple, certaines Pac, peu nombreuses, mais tout de même, fonctionnent au R404A, un temps choisi par les industriels parce qu’il permettait d’atteindre des températures de départ relativement élevées par rapport au R407C.

 

Comment expliquer à l’utilisateur que s’il y a une fuite sur sa Pac, on ne peut plus la recharger en R404A, les fluides drop-in de remplacement ne sont pas vérifiés par les fabricants pour les Pac domestiques, on ne peut pas garantir son bon fonctionnement avec un fluide drop-in et il vaudra donc mieux la changer ? Doigté et finesse seront recommandés.

 

Quoiqu’il en soit, ces deux nouveaux textes, décret et arrêté, créent une véritable opportunité commerciale pour les entreprises assurant la maintenance des Pac, avec quelques restrictions tout de même. Depuis le décret du 7 mai 2007, il faut en effet, pour intervenir sur des pompes à chaleur et en particulier sur leur circuit frigorifique, que l’entreprise – le décret parle d’opérateur – détienne une « attestation de capacité ».

 

Pompe à chaleur : une attestation de capacité obligatoire pour les opérateurs

 

Cette attestation est délivrée par les bureaux de contrôle habituels : Socotec, Dekra, les APAVE, … Elle vérifie notamment que l’entreprise possède le personnel qualifié nécessaire, ainsi que les outillages requis et qu’ils sont entretenus.

 

De son côté, la personne qui intervient, doit à titre individuel, être en possession d’une attestation d’aptitude de manipulation des fluides frigorigènes. Obtenue à l’issue d’une épreuve théorique d’environ une heure et d’une épreuve pratique de 2h30 au maximum, cette attestation d’aptitude existe en 6 catégories, mais seules les quatre premières concernent les équipements thermodynamiques statiques – Pac et climatiseurs.

 

Si l’entreprise et son personnel détiennent toutes les attestations nécessaires, un nouveau marché s’ouvre. SERV’élite, par exemple, la filiale du groupe BDR Therméa qui assure la maintenance des appareils, l’a bien compris.

 

BDR Therméa vend des Pac sous les marques Chappée, De Dietrich, Oertli et Sofath, toujours en passant par la distribution professionnelle, saut dans le cas de Sofath qui possède des concessionnaires régionaux exclusifs. Ces derniers assurent la plus souvent l’entretien des machines qu’ils ont vendues.

 

 

 

Quoiqu’il en soit, Sylvain Lamoureux, directeur de SERV’élite, explique que bon nombre d’installateurs qui installent des Pac ne détiennent pas les fameuses attestations et font appel à SERV’élite pour la mise en service des Pac, puis pour leur entretien. Il estime que ces deux nouveaux textes vont dans le sens de la stratégie de support au client final que SERV’élite défend depuis longtemps : l’entreprise assure la maintenance, mais n’installe pas de Pac, ni de chaudière. Ce qui lui permet d’offrir les conseils exigés par les nouveaux textes de manière indépendante : ce ne sera pas elle qui vendra et installera une nouvelle Pac, si cela s’avère nécessaire. ©SERV’élite

 

SERV’élite et la formation interne

 

Le décret recommande une inspection tous les deux ans, SERV’élite préfère, comme pour les chaudières, proposer un contrat d’entretien annuel. Il s’attend à ce qu’en 2021, la part des Pac atteigne 15% des machines entretenues par SERV’élite. L’entreprise propose plusieurs niveaux de contrats :

 

  • « Tranquilité » assure une garantie totale en échange de 240 € HT/an,

 

  • « Entretien », 188 € HT pour une Pac aérothermie et 160 € HT pour une Pac en géothermie.

 

Avec l’expansion attendue de son activité sur l’entretien des pac, SERV’élite, 200 techniciens aujourd’hui, dont 25% détiennent une attestation de manipulation des fluides frigorigènes, tente de recruter, mais surtout développe une formation interne pour augmenter le nombre de techniciens détenant la fameuse attestation. En 2019, 10 techniciens ont obtenu cette attestation grâce à la formation interne.

 

Il s’agit pour SERV’élite de ne pas envoyer son personnel au casse-pipe, mais de mettre tous les techniciens qui tentent l’examen théorique et pratique en condition de réussir du premier coup. Si l’épreuve pratique est relativement facile pour eux, la mise en en condition pour l’épreuve théorique peut être plus complexe. Ils n’ont pas passé d’examen depuis longtemps et la formation interne SERV’élite porte donc à la fois sur une accoutumance à l’épreuve écrite et sur une remise à niveau des connaissances théoriques demandées.

 

 

La plupart des pacs du groupe BDR Therméa sont développées, testées et fabriquées à Mertzwiller dans le Bas-Rhin. ©PP

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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