Enquête : 40% des bâtiments tertiaires gaspillent l’énergie

Enquête : 40% des bâtiments tertiaires gaspillent l’énergie

Une enquête réalisée par Deepki montre que durant le confinement une forte proportion de bâtiments tertiaires a continué de consommer comme s’ils étaient pleinement occupés. Ce n’est pas une fatalité.




Le Tertiaire est un secteur immense, divers et compliqué. Mais, selon le Ministère de la Cohésion des Territoires, avec 225 millions de m², les bureaux représentent 23% du total du parc tertiaire en France en 2015,.

 

De son côté, l’hôtellerie-restauration atteint 65 millions de m² (7%), les commerces pèsent 212 millions de m² (22%), l’enseignement atteint 188 millions de m² (19%), l’habitat communautaire (foyers, maisons de retraites, etc.) compte pour 70 millions de m² (7%), la santé atteint 115 millions de m² (12%), l’agrégation sports-loisirs-culture se hausse à 72 millions de m² (7%), tandis que les transports (gares, aérogares, etc.) pèsent 25 millions de m² (3%). L’ensemble dépassant un peu les 973 millions de m².

 

Trois ans plus tard, fin 2018, selon les données gouvernementales, il y avait en France 973,4 millions de m² chauffés et 342 millions de m² climatisés dans des bâtiments tertiaires. Le secteur tertiaire, toujours en 2018, a consommé 238,4 TWh d’énergie, toutes énergies et tous usages confondus, dont 102,7 TWh pour le chauffage, 22,4 TWh pour la production d’Eau Chaude Sanitaire (ECS), 11 TWh pour la cuisson, 70,6 TWh pour les usages spécifiques de l’électricité (éclairage, ventilation, etc.) et seulement 2,8 TWh pour la climatisation.

 

Au total, ce sont des consommations considérables. Et tout le monde se préoccupe de leur réduction : EDF publie un livre blanc, l’Ademe publie une brochure de 80 pages intitulée «La rénovation énergétique et environnementale des bâtiments tertiaires »

 

Mais voilà qu’une enquête réalisée par la start-up Deepki montre qu’une bonne partie de ces consommations relève du pur gâchis.

 

Collecte et analyse des données de consommation d’énergie

 

En effet, Deepki a rassemblé un échantillon de plus de 3500 bâtiments et comparé leurs consommations avant et durant la pandémie du Covid-19.

 

Deepki est l’une des nombreuses start-ups qui veulent « rendre l’immobilier plus durable grâce à la data ». Deepki collecte les données de consommation des bâtiments, les analyse, les compare à des benchmarks qu’elle constitue et propose des plans d’action pour les réduire à la fois en termes d’énergie et en Euros.

 

Depuis la sortie du décret tertiaire – toujours inapplicable, puisqu’il manque encore un arrêté essentiel -, Deepki propose également de mettre en place le complexe reporting que demande cette nouvelle réglementation.

 

 

 

Deepki a déterminé que 40% des bâtiments de bureaux, vides durant le confinement, ont continué de consommer à des niveaux peu différents de la période avant confinement. ©PP

 

Pendant le confinement, les bâtiments sont vides, mais consomment tout de même

 

Deepki a profité du confinement qui a notamment vidé une bonne partie des immeubles de bureaux pour réaliser une analyse originale des consommations d’énergie.

 

Comme le dit Emmanuel Blanchet, directeur général et co-fondateur de Deepki, « le confinement, bien que regrettable d’un point de vue humain, s’est présenté comme une situation intéressante d’un point de vue intellectuel et scientifique… La chute drastique de l’utilisation des immeubles tertiaires – bureaux et commerces, notamment – a présenté un contexte hors norme pour détecter les gaspillages d’énergie et leurs causes »

 

Du coup, Deepki a développé un algorithme spécifique, capable de détecter à grande échelle le gaspillage énergétique. Deepki en a sélectionné un peu plus de 3500 bâtiments et obtenu leurs courbes de charge, pour les analyser de plus près.

 

Premier enseignement, 40% des sites sont mal pilotés, pas programmés et ont continuer à consommer comme si de rien n’était. Ce qui, selon Deepki, représentait 123 000 euros de dépenses inutiles par semaine.

 

L’analyse des courbes de charge est révélatrice

 

La première étape de l’étude de Deepki a consisté à analyser les consommations des bâtiments pendant le confinement et à déterminer leurs consommations « normales » et les consommations relevant du gaspillage.

 

Deepki a rassemblé et analysé les courbes de charge – les appels de puissance électrique toutes les 10 minutes – des bâtiments. Pour déterminer la consommation normale durant le confinement, Deepki a calculé le « talon de consommation », c’est-à-dire la consommation enregistrée la nuit, entre 2 et 5 heures du matin, durant le mois précédant le confinement. Pour ce bâtiment, le talon de consommation correspond à un appel de puissance de 106 kW. 

 

Les bâtiments suivis par Deepki sont en effet fermés durant cette plage horaire, mais certains processus – les groupes froids, l’éclairage de secours, un débit de ventilation hygiénique, les serveurs dans des bâtiments de bureaux, … - sont maintenus en fonctionnement.

 

Par conséquent, cette consommation offre une référence pour les bâtiments inoccupés durant le confinement. Pour chaque site, une fois le talon de consommation déterminé, Deepki l’a comparé aux consommations réelles du site durant la période de confinement.

 

 

 

Pour les bâtiments inoccupés durant le confinement, toutes les consommations supérieures au talon, ont été considérées par Deepki, comme du gaspillage. Comparant les journées du 21 avril 2019 et du 10 mars 2020, Deepki a montré que certains sites avaient drastiquement réduit leurs consommations d’énergie durant le confinement, tandis qu’elle avait peu varié pour d’autres. ©Deepki

 

Monitoring de la consommation et programmation

 

Face à ce constant, Deepki recommande un véritable monitoring énergétique de tous les bâtiments tertiaires avec une équipe chargée de lire le reporting et d’agir selon ces informations.

 

Pour agir, il faut naturellement être en mesure de le faire. Ce qui se traduit notamment par l’existence ou l’installation d’une GTB permettant de programmer le chauffage, la ventilation, la climatisation, l’éclairage, etc.

 

Cela peut se faire de manière centralisée à travers une GTB, si le bâtiment est occupé de manière homogène, ou bien définissant des zones homogènes dans le bâtiment ou encore par l’installation de détecteurs décentralisés – présence, température, qualité de l’air intérieur, hygrométrie, etc. - dont les informations permettent d’arrêter, de réduire ou de remettre en route les processus techniques consommant de l’énergie.

 

En extrapolant ses découvertes à l’échelle du pays, Deepki estime que les gains en termes énergétiques et financiers pourraient être considérables. La seule régulation-programmation des consommations d’énergie, indépendamment des travaux sur l’enveloppe des bâtiments pour réduire leurs besoins, pourrait largement contribuer à l’atteinte des objectifs du décret tertiaire pour 40% du parc tertiaire français.

 

Le récent décret sur l’obligation d’installer une GTB-Supervision dans les bâtiments tertiaires devrait soutenir cette démarche.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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