Le Syndicat National de la Maintenance et des Services en Efficacité Energétique (Synasav) a renouvelé son Conseil d’Administration en Septembre dernier. Le mandat des nouveaux administrateurs court jusqu’en Septembre 2023.
Le nouveau Conseil d’administration du Synasav, de gauche à droite : Benjamin Duarte (VB Gaz, Président de la région Île-de-France), Alain Pommier (SARL Pommier), Stéphane Massicot (Iserba), Mustafa Ghezzal (CGF Maintenance), Anne-Sophie de Keulenaer(CDG 29, présidente de la région Bretagne-Pays de Loire), Yanick Bigaud (Engie Home Services), Guy Besnard (Proxiserve), Jean-Christophe Aguilar (AJC Maintenance, président de la région Provence Languedoc)), Roland Bouquet (Atout Gaz Bouquet, président), Philippe Huarte (Logista Hometech), Éric Hernandez (Angers Dépannage Gaz), Samuel Vanhecke (Engie Home Services, président de la région Nord-Normandie), Jean-Bernard Terrier (Cham) et la jambe de Michel Nascimene (SASD Smecso, président de la région Aquitaine-Midi Pyrénées). ©PP
Les adhérents du Synasav sont à la fois des indépendants, parfois de petite taille, et les filiales de grands groupes comme EDF ou Engie. La composition du nouveau conseil d’administration – 9 membres du Bureau Exécutif plus les 8 présidents de régions - reflète cette délicate alchimie.
Par exemple, Roland Bouquet (Atout Gaz Bouquet), le nouveau président national, est depuis plus de 20 ans à la tête d’une entreprise de maintenance de chaudières, de pompes à chaleur et même de solaire thermique, installée à Décines-Charpieu près de Lyon. Mustafa Ghezzal (CGF Maintenance à Vienne), le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne-Bourgogne dirige une entreprise de moins de cinq salariés. Tandis que Yanick Bigaud (Engie Home Services) et Jean-Bernard Terrier (Groupe CHAM, filiale d’EDF) représentent ce que le Synasav appelle pudiquement des « Entreprises Contrôlées ».
Le Synasav représente 300 entreprises, qui possèdent 800 sites, comptent 16 000 salariés, dont 12 000 techniciens. Le chiffre d’affaires annuel combinés des membres du Synasav atteint 1,5 milliards d’euros. Ils entretiennent 12 millions d’appareils, dont 6 millions sous contrat d’entretien, et effectuent environ 14 millions d’interventions chaque année.
Le Synasav pèse lourd également dans l’installation : ses membres remplacent 150 000 chaudières par an. Naturellement, avec une telle activité, les besoins en personnel croissent. Pour l’instant, les membres du syndicat effectuent environ 1000 recrutements par an.
Mais, selon son président, ce chiffre est appelé à croître pour au moins deux raisons. D’une part, une génération d’employés arrive à l’âge de la retraite et va devoir être remplacé. D’autre part, le Synasav a l’ambition d’élargir fortement son marché.
Les membres du Synasav restent prudents quant au développement des appareils connectés. La connexion est différente selon les fabricants. Elle peut apporter des gains de productivité significatifs aux entreprises. Mais le client final, notamment les ménages, ne sont pas demandeurs pour l’instant. ©PP
L’une des priorités du nouveau président et du conseil d’administration consiste à étendre l’offre de maintenance à tous les équipements techniques du logement : équipements de chauffage, de climatisation, de ventilation, de production d’eau chaude sanitaire et même de traitement d’eau.
Ce ne sera pas sans difficultés. Le Synasav se trouve en effet confrontés à une mue rapide du mix des équipements installés chez les particuliers. Pendant des années, la parc des équipements de chauffage en France était relativement stable : chaudières fioul, chaudières gaz, des chaudières à bûches et une poignée de pompes à chaleur, des pompes à chaleur et un reliquat de la campagne Perche d’EDF dans les années 80, …
Depuis une dizaine d’années, les ventes annuelles de climatisation explosent, ainsi que celles des pompes à chaleur. Tous appareils thermodynamiques confondus – chauffe-eau, pac air/air, pac air/eau, pac géothermiques -, les ventes sont passées de 317 000 unités (groupes extérieurs pour les pac et la climatisation) en 2012 à 933 780 pièces en 2019. En 2019, la climatisation se taille la part du lion : 154 950 multisplits et 491 920 monosplits.
Cette rapide croissance aiguise les appétits des entreprises de maintenance. Au total, les membres du Synasav peuvent compter sur un marché potentiel de 12 millions de chaudières gaz installées, environ 4 millions de chaudières fioul, 1 million de chaudières bois, de plus de 3 millions de climatiseurs posés depuis dix ans, de plus de 700 000 pac air/eau et de plus de 650 000 chauffe-eaux thermodynamiques.
Il faut ajouter à cela plusieurs millions de groupes de ventilation et de systèmes de traitement d’eau dont le Synasav a l’ambition de s’occuper également : le Pérou !
Tout cela explique que le président du Synasav envisage une hausse des recrutements. Ce ne sera pas facile : tous les métiers du bâtiment sont en tension. Tous les syndicats professionnels, depuis les plombiers jusqu’aux couvreurs, en passant par les électriciens et les métiers de la finition (peintres, plaquistes, etc.) se trouvent face aux mêmes difficultés.
Roland Bouquet, le président du Synasav, est passé dans une émission d’information à la télévision et, à la suite de ce passage, reçoit, selon lui, de nombreux CV de personnes dont l’entreprise est mise en grande difficulté par la crise économique provoquée par le Covid-19, notamment en provenance de l’industrie aéronautique. A quelque chose, le malheur est bon.
Mais, les reconversions ne suffiront pas, surtout que depuis plusieurs années, les gouvernements successifs réduisent les crédits attribués aux AFPA, principaux vecteurs de reconversion professionnelle des adultes vers des métiers manuels du bâtiment. Les membres du Synasav embauchent des apprentis et tentent de développer l’apprentissage.
Le syndicat va également entamer sur YouTube une campagne de communication dirigée vers les collégiens et, surtout, vers leurs parents, pour redorer le blason des métiers de la maintenance. Plusieurs des membres du conseil d’administration soulignent que cette branche offre encore de très larges possibilités de développement social. Après quelques années d’activité, un salarié peut fonder son entreprise de maintenance et prospérer.
La maintenance est un métier – ou plutôt des métiers – d’avenir. Les Pouvoirs publics sont maintenant convaincus qu’une bonne maintenance participe à la sobriété énergétique en conservant les performances des appareils dans le temps, ainsi qu’à une économie de ressources parce qu’une chaudière ou un Pac bien entretenues durent plus longtemps.
Plusieurs décrets et arrêtés récents vont dans ce sens. Le décret n°2020-912 du 28 juillet 2020 demande un entretien et une maintenance régulière des chaudières, de la climatisation et des pompes à chaleur. Il est notamment devenu obligatoire d’entretenir les Pac au moins une fois tous les deux ans.
La transition énergétique et la future RE2020 peuvent faire apparaître des équipements plus complexes – cogénérateurs, stockages d’électricité, de chaleur ou de froid, photovoltaïque et leurs onduleurs – qui demanderont une maintenance attentive.
Est-ce que les membres du Synasav pourront faire face à ces demandes techniques très diverses ? C’est une vraie difficulté. Les compétences techniques nécessaires pour entretenir des chaudières, Pes pac, des onduleurs, des groupes de ventilation, … sont extrêmement larges et de nombreux équipements différents.
Roland Bouquet, dans son entreprise, a créé une branche qui se consacre à l’entretien des Pac, des climatiseurs et des chauffe-eau thermodynamiques. Chaque salarié de cette branche est titulaire d’une attestation de capacité de manipulation des fluides. Les véhicules contiennent plusieurs bouteilles pour les différents fluides qui peuvent être rencontrés. Depuis dix ans, en effet, le parc thermodynamique existant a vu des appareils chargés en R407C, en R410A, en R134a, quelques miiliers de Pac haute température au R404A, le R32 arrive rapidement, le propane pointe dans certains chauffe-eau thermodynamiques et Pac monoblocs extérieures.
Bref, il faudra recruter, former, mais aussi équiper tous les collaborateurs en fonction des nouvelles tâches que le Synasav incite ses adhérents à entreprendre. Le syndicat imagine volontiers que ses membres joueront un rôle de conseil auprès des clients et, lorsqu’il s’agira de remplacer un générateur, décrypterons pour eux les complexes modalités des aides publiques à la rénovation.
Conscient de la difficulté de cette tâche, le Synasav prépare un observatoire des aides publiques – bonne chance, sachant qu’elles peuvent changer plusieurs fois par an –, mais envisage aussi un contrat cadre avec un agrégateur de CEE, auxquels ses membres pourraient faire appel et qui se chargerait pour eux de calculer les aides possibles pour chaque client particulier.