L’hôtel 5 étoiles San Régis, rue Goujon dans le VIIIe arrondissement de Paris, a déjà toute une histoire. Le bâtiment, construit en 1857 par Edmond Petit, était initialement un hôtel particulier. André Terrail, propriétaire de la Tour d’Argent, l’acquiert en 1923 et le transforme en hôtel de luxe.
En 1984, Elie Georges, l’achète et le gère avec ses deux frères. Depuis 2018, deux sœurs, Sarah et Zeina, fille d’Elie Georges, ont repris l’affaire familiale : 30 chambres, 12 suites, 42 personnes employées.
Pandémie oblige, l’hôtel est fermé depuis le 17 mars 2020 et les deux sœurs ont eu tout loisir de se pencher sur les fondamentaux de l’établissement. Premier point, la consommation énergétique annuelle pèse, même si nous ne savons pas quelle hauteur elle atteint. Toutes énergies et tous usages confondus, la consommation d’énergie moyenne de tous les hôtels en France atteint 241 kWh/m².an, soit un coût de 21,6 €/m².an.
Ces chiffres peuvent paraître importants, mais souvenons-nous qu’un hôtel neuf de 3 étoiles ou plus peut dépasser 200 kWhEP/m².an en construction neuve en utilisant toutes les possibilités de modulations de la RT2012.
Bref, les deux sœurs sont tout de même déterminées à réduire la consommation énergétique du San Régis. Mais voilà : les moyens d’action possible sont limités.
L’hôtel San Régis est un bâtiment haussmannien avec cariatides en façade, donc pas d’isolation thermique par l’extérieur. Côté cour, deux ailes ont été ajoutées dans un curieux style de maison normande, on ne peut pas y toucher non-plus. ©PP
L’hôtel est raccordé au réseau de chauffage urbain de la CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain) pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire et au réseau Climespace pour ses besoins de rafraîchissement. ©PP
Ilex Environnement met les hôtelières en rapport avec GEO PLC-Hellio qui mandate ERTi (Etudes Réalisations de Travaux d’isolation), son partenaire travaux, pour une première approche afin de refaire le calorifugeage vieillissant des réseaux de chauffage et d’ECS traversant des locaux non-chauffés.
Sur place, ERTi relève les métrés – 334 m linéaires –, les diamètres de canalisations et les 70 points singuliers du réseau aller et retour chauffage et de la distribution d’ECS.
Le devis établi par ERTi atteint 20 000 € HT. ERTi se tourne vers Hellio qui calcule les CEE (Certificats d’Economie d’Energie) selon les fiches BAT-TH-146 « Isolation d’un réseau hydraulique de chauffage ou d’eau chaude sanitaire » et BAT 6 TH 6155 3 Isolation des points singuliers d’un réseau ».
Une fois les CEE déduits du devis, le reste à charge pour les hotellières est de 0 €. Ce qui est exceptionnel, selon Hellio, le taux de couverture moyen du coût du calorifugeage en hôtellerie est de 30% environ. Elles acceptent, profitant du fait que l’hôtel est vide et que les travaux ne causeront donc aucun dérangement particulier, ni perte de service.
ERTi réalise les travaux en 4 jours avec deux ou trois personnes sur le chantier. Le premier jour est consacré à la dépose et à l’évacuation en décharge de l’ancien calorifugeage de classe 2 ou moins. Le chef de chantier vérifie les longueurs, les diamètres, le nombre et les caractéristiques des points singuliers et envoie sa commande au stock ERTi à Aulnay-sous-Bois. ©PP
Préparés en ateliers, les matelas isolants et les coquilles pour les canalisations sont expédiés et livrés dans la même journée. Hellio et ERTi utilisent la laine de roche, incombustible, comme isolant thermique pour le calorifugeage et ont mis au point une nomenclature de coques pour des Ø 21 à 213 mm et 8 tailles de matelas isolants qui couvrent 95% des cas rencontrés sur le chantier. Pour le reste, ERTi façonne sur mesures les pièces nécessaires. ©PP
L’isolation des points singuliers du réseau – vannes d’arrêt, vannes de régulation, raccords, brides, etc. – rapporte encore 15% d’économie d’énergie supplémentaire. ©PP
Le deuxième et troisième jour sont occupés par la pose de l’isolation. Le dernier jour est consacré à la finition et au passage d’un contrôleur externe – ici, ce sera Socotec – qui vérifie les métrés et la qualité de la pose.
Le calorifugeage des canalisations de chauffage et d’ECS n’est que le début. Ensuite, les hôtelières projettent de refaire le calorifugeage des traînasses d’eau glacée, des colonnes montantes de chauffage et d’ECS. Ces travaux ne sont pas couverts par des CEE. Elles songent enfin à refaire la climatisation des chambres, toujours en faisant appel au réseau d’eau glacée de Climespace.