Le CTBUH (Council on Tall Buildings and Urban Habitat) a récemment livré son bilan annuel de construction des tours à travers le monde. Il faut revenir à 2014, où seulement 105 tours de 200 m et plus avaient été livrées, pour retrouver une aussi mauvaise année. 2019 marquait déjà une baisse avec la livraison de seulement 133 tours de 200 m ou plus, contre 148 en 2018.
Clairement, l’année 2020 est un peu faiblarde avec ses 106 livraisons, dont tout de même 21 bâtiments de 300 m et plus. Selon CTBUH, 2021 devrait montrer un retour à l’extravagance avec un total de 150 livraisons de bâtiments de 200 m ou plus prévu, dont 44 d’au moins 300 m de hauteur.
Pour la première fois depuis 5 ans, le plus haut bâtiment livré en 2020 ne se trouve pas en Chine, mais au Etats-Unis. C’est Central Park Tower qui, avec 98 étages, culmine à la très respectable hauteur de 472 m et devient le plus haut bâtiment de logements sur la planète.
Cette nouvelle tour se voit de loin, offre de larges vues sur Central Park pour les appartements donnant sur la façade nord et New-York et contient 179 logements de luxe, un club privé, etc. Mais, étant donnée la hauteur, les fenêtres ne s’ouvrent pas, il n’y a aucun balcon, mais des « murs de verre » qui vont du sol au plafond.
Le 18 janvier, il restait encore 6 logements à vendre dans Central Park Tower, la plus haute tour livrée en 2020, allant d’un petit 226,6 m² pour $ 8,5 millions (7,04 M€) jusqu’à un grand 657,2 m² avec 5 chambres et 5,5 salles de bains, proposé à 65 M$ (53,84 M€). Pour ce logement, il ne faut pas oublier un montant mensuel de charges estimé à 10 843 $ (8981 €), ni les taxes locales de 20 094 $ (16 644 €) par mois (si, si, par mois !). ©Adrian Smith + Gordon Gill Architecture
Le second plus haut bâtiment livré en 2020 se trouve également à New York. C’est One Vanderbilt, avec 59 étages et 427 m de hauteur.
Parmi les 31 plus hauts bâtiments livrés en 2020 – il y a deux 12e ex-aequo à 335 m à Guiyang en Chine -, 14 se trouvent en Chine. 56, soit une de plus qu’en 2019, des 106 tours de 200 m ou plus livrées en 2020 se trouvent en Chine et 66% en Asie.
Les Emirats Arabes Unis viennent au second rang parmi les pays les plus prolifiques, avec 12 tours de 200 m ou plus, suivis par les Etats-Unis avec 10 tours et le Royaume-Uni avec 5 tours. L’Inde à livré 3 tours, dont deux, World One (280 m) et World View (278 m) se trouvent à Mumbai dans le même ensemble.
Deux tours de 200 m ou plus ont été livrées au Mexique en 2020, dont la Méga-tour T.Op Torre 1 de 305 m pour 64 étages, à Monterrey. C’est un bâtiment en béton, certifié LEED Gold, développé par le promoteur Nest appartenant à ANCORE Group. La tour rassemble des logements de 86 à 331 m², un gymnase, une garderie, un espace de coworking exploité par WeWork, … ©Nest
En France, aucune tour de 200 m ou plus n’a été livrée en 2020.
Si l’on considère les villes, Dubai arrive en tête avec 12 tours livrées en 2020, soit la totalité des tours livrées dans les Emirats Arabes Unis. Ce qui brise l’élan de la ville chinoise de Shenzhen qui au cours des 5 années précédentes est arrivée en tête en termes de livraison de tours de 200 m et plus.
New York a vu la livraison des deux plus hauts bâtiments au monde en 2020 : Central Park Tower (472 m) et One Vanderbilt (427 m). Quatre bâtiments de 200 m et plus ont été livrés à Londres en 2020, malgré l’incertitude engendrée par le Brexit.
Trois des quatre tours livrées à Londres – Landmark Pinnacle (233 m, 77 étages), Newfoundland (218 m) et Valiant Tower (215 m) se trouvent à Canary Wharf et associent logements et hôtels. La quatrième, baptisée TwentyTwo (278 m), se trouve dans la City et n’abrite que des bureaux. ©Canary Wharf Group, tour Newfoundland
Parmi les 100 plus hauts bâtiments livrés à travers le monde en 2020, 36 n’abritent que des bureaux, 49 associent bureaux et logements ou hôtels, 11 sont entièrement consacrés au logement et seulement 4 ne sont que des hôtels.
En termes de solutions constructives, 9% de ces 100 bâtiments ont une structure purement en acier, contre 8 en 2019, 29 sont en béton, comme en 2019. Ensuite, le CTBUH distingue les structures composites et les structures mixtes. En 2020, 58 des 100 plus hauts bâtiments font appel à une structure composite qui associe deux matières au moins : des tubes acier remplis de béton armé, par exemple.
Tandis que seulement 4 de ces 100 bâtiments utilisent une structure mixte, deux technologie différentes empilées l’une sur l’autre : béton et acier, par exemple. Aucune tour de 200 m ou plus n’a été construite en structure bois, ni même béton/bois.
En termes de hauteur, les 20 plus hauts bâtiments de 2020 affichent une hauteur moyenne de 351 m, contre 377 m en 2019 (année record de ce point de vue). La hauteur moyenne de tous les bâtiments de 200 m et plus livrés en 2020 atteint 254 m, contre 264 m en 2019.
Le CTBUH a pu vérifier que la pandémie a ralenti la construction de 9 tours dans le monde, décalant leur livraison à 2021. L’organisation souligne cependant que 2020 est la seconde année consécutive montrant un déclin dans la livraison de toues de 200 m et plus. Elle attribue ce déclin notamment à des changements de règles intervenus en Chine en 2017 et 2018, limitant la hauteur des bâtiments et codifiant leur esthétique.
Pour 2021, le CTBUH prévoit la livraison de 125 à 150 bâtiments de 200 m ou plus, dont 14 à 30 atteindront une hauteur de 300 m ou plus. Si l’on considère les 30 plus hauts bâtiments prévus en 2021, 18 seront en Chine, 5 aux Etats-Unis et 3 en Arabie Saoudite, notamment grâce au King Abdullah Financial District (KAFD) qui rassemblera 50 bâtiments, une fois terminé.