Le président du conseil régional Hervé Morin (les Centristes) a annoncé lors d'une conférence de presse aux côté de Bertrand Bellanger, président LREM du département, qu'ils allaient proposer "à l'Etat de prendre en charge la partie qui devait être financée par la métropole pour que cet équipement puisse voir le jour".
Le conseil régional votera sur le sujet et le conseil départemental le 8 avril, ont-ils précisé. Le conseil métropolitain, présidé par le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol, allié à EELV, a voté le retrait de la contribution de 66 millions au financement de ce projet de 41,5 km d'autoroute payante votée en 2017. La métropole était alors présidée par un autre PS.
"En dépit de l'effort que cela peut représenter sur le budget régional, la majorité régionale a décidé d'augmenter sa contribution de 48 millions d'euros" pour la porter à "205 millions", a précisé M. Morin. De son côté le président du conseil départemental va "proposer que le département augmente sa contribution pour la porter de 22 millions à 40 millions".
Selon M. Morin les deux collectivités vont adresser un courrier à l'Etat. Interrogé le ministère des Transports n'a pas donné suite dans l'immédiat. Questionné sur le retrait de la métropole, un porte-parole du ministère avait indiqué qu'il attendait "les retours officiels de chacun". L'Etat "n'imposera pas un projet qui ne fait pas consensus parmi les acteurs locaux", avait-il ajouté.
Evalué à 886 millions HT en 2015, le projet devait être financé à hauteur de 245 millions d'euros par l'Etat, son maître d'oeuvre. L'apport du futur concessionnaire devait être de 396 millions. "Nous considérons que la décision de la métropole est trop grave car elle engage définitivement vers la non réalisation de cet équipement pour que nous ne prenions pas nos responsabilités", a aussi déclaré M. Morin.
Le président de la métropole Nicolas Mayer-Rossignol s'est interrogé sur la façon dont la région et le département "financeraient ces dizaines et dizaines de millions supplémentaires qu'elles annoncent à quelques mois des élections locales". "La région réduirait ses financements sur le train ? Le département ses financements en matière sociale?".
"C'est une gifle adressée à tous les habitants de la Normandie qui ne sont pas dans la métropole de Rouen", a renchéri le député européen EELV David Cormand. "Ca veut dire concentrer la quasi totalité de la capacité d'investissement de la région dans les années qui viennent uniquement sur un projet inutile et pour la métropole de Rouen".
Les partisans de ce projet estiment qu'il est indispensable pour désengorger le centre de Rouen et pour son développement économique, ce que contestent ses opposants pour lesquels il est contraire à l'urgence climatique. Le 7 janvier 2020, l'Etat s'était engagé devant l'Assemblée nationale à lancer la procédure compétitive visant à désigner un concessionnaire d'ici la fin d'année 2022.