Cette ligne à très haute tension sera longue en tout de 65 km, entre Santa Llogaia, en Catalogne, et Baixas dans les Pyrénées-Orientales. Outre le tunnel central de 8,5 km creusé dans le massif pyrénéen, elle comprendra des tranchées couvertes de part et d'autre, et des stations à ses deux extrémités.
Un tunnelier long de 308 mètres au total a été monté côté espagnol à La Jonquera, dans la chaîne des Albères, et devrait commencer à creuser la semaine prochaine, et un deuxième, baptisé Canigou en hommage au sommet pyrénéen, sera installé sur le versant français cet été à Montesquieu des Albères.
Le tunnel devrait être achevé mi-2013, en vue d'une mise en service de la ligne un an plus tard." La construction de cette ligne va permettre de doubler la capacité d'interconnexion (échange d'électricité, ndlr) entre la France et l'Espagne, pour la porter de 1.400 à 2.800 mégawatts", a expliqué Yves Decoeur, le patron d'Inelfe, la société responsable du projet, en présentant le chantier à la presse.
Cette ligne vise à sécuriser l'approvisionnement électrique des deux pays, en permettant notamment à la France d'importer plus de courant d'Espagne lors des pics de consommation hivernaux. Elle doit aussi accompagner le développement des énergies solaire et éolienne de part et d'autre des Pyrénées.
"Il existe déjà quatre liaisons entre la France et l'Espagne, mais la dernière a été construite il y a 30 ans et il y a un besoin de capacités d'interconnexion (supplémentaires) entre les deux pays", a souligné M. Decoeur.
Deux tandems franco-espagnol sont chargés des principaux travaux: les groupes Eiffage et Dragados vont percer le tunnel, tandis que Thépault et Ferrovial s'occuperont des tranchées. La construction de ces tranchées couvertes commencera en avril des deux côtés de la frontière.
Elle s'accompagnera de 32 "forages dirigés", "des sortes de micro-tunnels" qui permettent de passer sous les rivières, la ligne TGV Perpignan-Barcelone et des routes, a expliqué Luis Pinos, qui dirige les opérations côté espagnol.
Ce projet d'une nouvelle ligne à haute tension dans les Pyrénées orientales est en gestation depuis 1994. Mais il avait été paralysé en 2003-2004 en raison de la vive opposition des riverains à l'installation d'une ligne aérienne classique composée d'imposants pylônes.
Une médiation, pilotée par Mario Monti, devenu depuis le chef du gouvernement italien, a permis de débloquer la situation: la France et l'Espagne se sont engagées dans l'accord de Saragosse conclu en 2008, à faire une ligne entièrement souterraine et longeant au maximum les infrastructures existantes (ligne TGV, autoroute etc.) ce qui a permis d'apaiser les populations.
Cette médiation a aussi eu pour conséquences de gonfler le coût du projet à 700 millions d'euros, soit neuf fois plus qu'une ligne aérienne.
Source : batirama.com / AFP