Légende : L’entreprise Maéva Parent Couverture pose beaucoup d’ardoise et de zinc en rénovation et fait un peu de neuf avec les architectes. Maéva avoue apprécier la sérénité des interventions, et l’absence de bruit en hauteur. « Lors des chantiers neufs, on ne se marche pas sur les pieds avec les autres corps de métiers qui eux restent au sol » s’amuse-t-elle.
Maéva Parent, couvreur zingueur, est gérante d’une SAS de 7 salariés depuis 2017 à Scaër (29) : Maeva Parent Couverture. Agée de 35 ans, Maéva mène tambour battant sa vie de cheffe d’entreprise et de maman (elle a un jeune enfant de 5 ans). Souriante, persévérante et sportive, elle a su constituer et fédérer une équipe de compagnons soudés au service de son entreprise.
Le parcours de Maéva peut surprendre : rien ne la prédestinait à créer et gérer une entreprise de couverture-zinguerie. « J’ai obtenu un bac scientifique, en section sport études car j’ai pratiqué le sport à un haut niveau » explique la championne de France de Funboard de 2003 à 2005.
Ensuite, la jeune femme enchaîne avec un DUT Sciences et Génie des matériaux tout en poursuivant les compétitions sportives puis une licence Pro Design matériaux modalisation en alternance. « J’ai exercé le métier de dessinateur projeteur pendant un an et demi, en bureau d’études dans le secteur de la menuiserie » précise Maéva qui découvre alors qu’elle ne supporte pas « d’être enfermée » dans un bureau.
C’est donc après cette première expérience professionnelle et ce CDI que Maéva décide de partir en Bretagne et de changer de cap professionnel. Elle découvre une annonce de l’AFPA à Rennes qui l’intéresse fortement « L’annonce mentionnait le recrutement de couvreurs en CDI avec 3 semaines de formation à l’AFPA et 6 semaines en entreprise » souligne Maéva qui postule aussitôt.
Elle obtient son CAP en alternance et travaille quelques années dans l’entreprise qui la forme (Beulz Christophe) à Bannalec (29). Perfectionniste, elle décide de se former durant 6 mois à l’école supérieure de couverture d’Angers, une école réputée pour l’excellence de la formation dispensée. Diplômée en 2015, elle décidera dès 2017 de créer son entreprise, après la naissance de son enfant.
Après 4 ans d’existence, l’entreprise tourne aujourd’hui avec 6 salariés, soit deux équipes de 3 salariés (âgés de 19 à 46 ans). « Avant leur recrutement, je leur demandais si ça les dérangeait ou pas de travailler avec une femme. Et j’ai réalisé que s’ils postulaient, c’est ce que ça ne les dérangeait pas tant que ça » sourit Maéva.
Certains lui proposeront au départ de l’aider à porter des charges réputées lourdes « mais ils ont fini par voir qu’il n’y avait pas de problème de ce côté-là. Ca reste un métier physique mais ça l’est beaucoup moins qu’avant, et l’entreprise s’équipe de nacelles pour réduire les manutentions » précise Maéva.
Aujourd’hui et chaque matin (sauf cas d’intempérie), les compagnons se retrouvent dès 8h30 le matin pour faire le point autour d’un café. « Nous chargeons ensuite les camions et tout le monde décolle à 9h00 pour rejoindre les chantiers » indique Maéva.
Souriante et persévérante, sont les qualificatifs que les proches de Maéva utliisent pour la décrire. "On est regardé deux fois plus qu'un homme dans ces métiers quand on démarre, mais une fois que l'on a fait ses preuves, on bénéficie d'un capital confiance énorme" souligne la jeune cheffe d'entreprise.
La responsable partage sa semaine pour moitié entre les tâches administratives/visites des clients (devis et métrés) et l’autre moitié, le travail sur les toits dans l’une des deux équipes selon les travaux. C’est aussi elle qui gère les petits travaux comme le remplacement de quelques ardoises cassées ou la réparation d’une gouttière fuyante.
Ce « beau parcours » la rend fière aujourd’hui d’autant qu’elle a su se faire une place respectée dans un milieu professionnel réputé « masculin ». « Avec le recul, je me dis que c’était évident car j’ai toujours aimé la hauteur. Et le seul métier qui me tentait quand j’étais petite, était celui de laveur de carreaux » ajoute-t-elle en souriant.
Et même si ses débuts en tant que couvreur ont été parfois difficiles vis à vis des clients et des patrons, ou encore « des anciens qui voulaient l’aider », « dans l’ensemble, ça s’est bien passé pour moi » confie Maéva.
« Il est sûr que l’on est regardé plus qu’un homme, et que l’on doit prouver deux fois plus nos capacités, mais au bout de deux ans, tout est rentré dans l’ordre » souligne la chef d’entreprise. Autre avantage constaté : « Le fait d’être une femme donne confiance aux clients qui estiment que l’on est plus minutieux. Quant aux personnes âgées, elles disent avoir plus confiance avec une femme quand elles confient des travaux de rénovation ».
Quels conseils donnerait la chef d’entreprise aux jeunes filles intéressées par le métier ? Je connais une jeune fille en troisième qui est bonne élève et qui voudrait faire ce métier, mais les professeurs du collège n’y sont pas favorables, confie Maéva.
Selon elle, il faut néanmoins essayer de faire des stages dans divers types d’entreprises si l’on est tenté par le métier. Il faut faire une semaine de stage dans une petite structure, une autre dans une moyenne et une dernière dans une grosse entreprise. « Et il faut faire attention à l’intérêt du métier et pas seulement à l’ambiance au sein de l’entreprise » ajoute Maéva.
Par ailleurs, avoir une bonne condition physique demeure important. Il faut bien sûr ne pas avoir le vertige et ne pas avoir peur de monter sur les toits !
Deux femmes au sein du jury MOF pour les métiers de la couverture et l'ornementation
Maéva Parent a intégré en 2020 les jurys du concours de l’Un des meilleurs ouvriers de France qui compte 21 personnes, pour les métiers de la couverture et de l’ornementation. « Mon ancien professeur à l’Ecole supérieure de couverture à Angers, Pascal Nogré, qui a obtenu le titre MOF lors du dernier concours, m’a sollicitée pour intégrer le jury présidé par Laurent Calmanovici, explique Maéva. Je me suis demandé si l’on voulait me faire venir pour respecter la parité hommes-femmes ou en raison de mes compétences. Et j’ai compris que c’était pour les deux raisons » reprend-elle rassurée.
Si elle ne connaît pas encore le contenu exact de sa mission, elle a hâte que ce concours d’excellence démarre rapidement avec ses différentes étapes (en commençant par les épreuves qualificatives). En sachant que le jury intégrera également pour la nouvelle édition du concours, une autre professionnelle de la couverture : Isabelle Planchot, couvreur et chef d’entreprise en Vendée
Réunion des membres du jury lors du dernier concours de l'Un des meilleurs ouvriers de France en décembre 2018 dans les métiers de la couverturre. Les membres du jury dont fait partie dorénavant Maéva devront faire passer les entretiens aux candidats pour le prochain concours MOF et les accompagner pendant les journées des épreuves qualificatives, avant de délibérer sur leurs capacités à tenter le concours. Enfin, Maéva fera partie du jury final qui évaluera les œuvres des candidats afin qu’ils puissent décrocher ou non le titre du prestigieux concours MOF. |
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