Les solutions retenues, qui font beaucoup appel aux capteurs autonomes --sans câblage des ouvrages-- et à l'intelligence artificielle, ont été annoncées par le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, lors d'une visite au viaduc de Millau (Aveyron), selon ses services.
Le ministère avait reçu 39 candidatures et un jury d'experts a sélectionné les projets "les plus porteurs, les plus intéressants aussi en termes de potentiel d'innovations", a-t-on précisé dans son entourage. Les lauréats vont installer des démonstrateurs sur des ponts, "et si ces démonstrateurs fonctionnent bien, ce que l'on souhaite, ils pourront être déployés à plus grande échelle", a-t-on ajouté de même source.
L'Agence nationale de la cohésion des territoires et le Cerema avaient appelé à "penser autrement" la surveillance de l'état des ponts en utilisant "les dernières innovations en matière d'instrumentation, télécommunication, traitement de données et intelligence artificielle (...) en complément des méthodes classiques d'inspections visuelles".
Ces expérimentations devraient coûter 8 millions d'euros, dont 4 millions apportés par le gouvernement. Dans la foulée de l'effondrement du viaduc de Gênes (Italie) en août 2018 et avant celui d'un pont à Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne) en novembre 2019, un rapport sénatorial avait pointé en juin 2019 l'état préoccupant d'"au moins 25.000 ponts" routiers en France, mettant l'accent sur l'assistance aux petites collectivités territoriales.
Parmi ces ouvrages problématiques, les sénateurs avaient compté 7% des ponts de l'Etat, 8,5% des ponts des départements, et "probablement 18 à 20%" des ponts des communes et des intercommunalités, s'étonnant de l'"absence d'un recensement exhaustif des ponts gérés par les collectivités territoriales".
Les sénateurs avaient réclamé un "plan Marshall" pour les ponts, avec un fonds d'aide aux collectivités locales doté de 1,3 milliard d'euros sur dix ans.Le gouvernement a débloqué en décembre une enveloppe de 40 millions d'euros pour que les petites communes puissent recenser et évaluer leurs ponts, avec l'assistance du Cerema.
Les communes ont jusqu'au 30 avril pour déposer leur demande, a rappelé le ministère. La réalisation des recensements et visites sur le terrain devrait démarrer cet automne, a-t-il précisé.
* Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement
photo©F. Leroy