Enedis avait été autorisée en 2017 par le parc national à opérer des travaux sur la chaussée conduisant jusqu'à la calanque de Callelongue, extrémité de l'urbanisation marseillaise, pour l'enfouissement du réseau électrique et la pose de fourreaux pour le compte de l'éclairage municipal et des opérateurs de téléphonie.
Le chantier n'étant pas terminé au 30 juin 2018, il avait repris en septembre mais sans qu'Enedis ait obtenu une nouvelle autorisation. Une pelle mécanique avait détruit la végétation sur 70 m³ de talus et un brise roche avait été posé à un endroit interdit. La première phase de travaux couverte par une autorisation du Parc avait été conduite sous la surveillance d'un bureau d'études environnemental qui avait tracé à la craie les zones interdites à la circulation des engins.
A la reprise en septembre, ces modalités n'avaient pas été reconduites en raison du défaut d'autorisation et le balisage s'était effacé. Enedis et un de ses chargés d'affaires étaient jugés pour travaux sans autorisation dans un parc national, la société délégataire et son chef de chantier pour destruction d'espèces végétales protégées et dégradation de leurs habitats.
Le chargé d'affaires d'Enedis n'a pas contesté que les travaux avaient repris sans autorisation. "J'avais plusieurs projets et j'étais passé à autre chose", a-t-il dit. A la barre, une inspectrice du Parc national a fait état de dommages importants, la destruction de dix-huit espèces protégées comme le "silène faux orpin" ou "l'anthémis à rameaux tournés du même côté" mais surtout de cinq pieds d'astragale de Marseille.
Les 5.000 pieds d'astragale recensés en France se situent majoritairement dans les calanques de Marseille. En voie de disparition, ce buisson florifère bénéficie du projet Life Habitats Calanques financé par des fonds européens. "Les dégradations ne sont contestées par personne, mais c'est la faute à personne", a déploré le procureur Michel Sastre.
Le magistrat a souhaité des "condamnations d'avertissement pour que demain ces sociétés retournent sur les chantiers de façon vertueuse". Le tribunal a prononcé des amendes avec sursis allant de 2.000 euros pour le chef de chantier de l'entreprise délégataire à 30.000 euros pour Enedis.
Propriétaire de la parcelle saccagée, le conseil départemental des Bouches-du-Rhône entend faire chiffrer par un expert le montant de la remise en état des lieux avant de réclamer des dommages et intérêts aux quatre prévenus.