"Le contexte de crise économique fragilise l'ensemble des acteurs" et "il n'est pas opportun de maintenir à échéance prévue cette réforme", ont expliqué des responsables des ministères de l'Economie et de la Transition écologique. En plus de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, nous avons "des tensions sur les prix des matières premières qui constituent des difficultés complémentaires pour les entreprises", a-t-on ajouté de même source.
La suppression de l'avantage fiscal devait initialement s'effectuer de façon progressive, en trois paliers: hausse de la fiscalité le 1er juillet 2020 puis le 1er janvier 2021, avant élimination complète de la niche fiscale au 1er janvier 2022. L'an dernier, les députés avaient voté un amendement pour supprimer le tarif réduit en une seule fois au 1er juillet 2021.
L'avantage fiscal plus important dont bénéficient les agriculteurs pour le gazole non routier n'est pas concerné par la réforme. Au niveau budgétaire, la réforme de la fiscalité du GNR devait rapporter 870 millions en année pleine à l'Etat, rappelle le gouvernement qui précise que ce report sera inscrit dans le projet de loi finances rectificative (PLFR) qu'il doit présenter au début de l'été.
La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour le GNR devait passer au 1er juillet de 18,82 à 59,40 centimes d'euro par litre, soit un alignement sur la fiscalité du gazole routier. "On ne se sent pas collectivement d'imposer une telle réforme, la marche est un petit peu haute", souligne-t-on au gouvernement.
Mais "ça n'enlève rien à nos ambitions écologiques", ajoute-t-on en relevant que les alternatives au gazole sur les chantiers "restent émergentes" et "que la priorité est de développer ces alternatives". "Les échanges constructifs avec le ministère de l'Économie et des Finances et Matignon ont permis d'aboutir à cette décision de bon sens, très attendue par les entreprises de travaux publics", a réagi la Fédération nationale des travaux publics (FNTP).
"Ce nouveau report rappelle combien la fin du GNR, dont l'impact sur les entreprises de travaux publics a été mesuré à 700 millions d'euros, représenterait un risque de déstabilisation majeur pour le secteur en période de fragilité économique", poursuit la fédération.
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